Voyage au coeur des « éléphants blancs » de Faure Gnassingbé…

0
366

Dans la capitale Lomé, ici et là, des portraits géants de Monsieur
Faure Gnassingbé vantent la construction de ce qu´ils appellent
l’hôpital de référence. J´ai voulu en savoir plus sur l´Hôpital «
Saint-Pérégrin » en construction. Quand mes accompagnateurs m´amenèrent
sur les lieux au quartier Zongo, quelle ne fut ma surprise de découvrir
un grand terrain clôturé tout le long de la grande voie qui mène vers le
grand nord. Les petits commerçants, les revendeurs et revendeuses qui
gagnaient leur pain quotidien sous des échoppes improvisées le long du
terrain vide, avaient, un beau matin, été chassés sans préavis des
lieux. Il paraît que les ordres d´éloigner de ces lieux, des citoyens
togolais qui se débrouillent pour nourrir leurs familles, venaient de la
grande arriviste de la nation Ingrid Awadé qui semble se mêler de tout partout au Togo.

Lire aussi: CEET – Contour Global: le hold up des proches de Faure Gnassingbé

Pour le moment, en dehors de la manière pompeuse dont fut célébrée la
pose de la première prière par Faure Gnassingbé le 15 février 2019,
rien ne s´est plus passé. « Saint-Pérégrin » peut attendre. Le temps que
les initiateurs de cet ènième projet irréfléchi se mettent plein les
poches comme d’habitude. Le temps que les dizaines de milliards pour la
réalisation du projet prennent des destinations inconnues. De toutes les
façons, ne jouissent-ils pas, eux et leur chef, d’une totale impunité?

Il faut se rendre dans la préfecture de Tchaoudjo, plus précisément
dans le village de Yèlivo, deux kilomètres à l´est de Kparatao sur la
route de Tchamba, pour voir l´un des gros mensonges du régime Faure
Gnassingbé. Comme pour le fameux « hôpital de référence Saint-Pérégrin
», il fut annoncé l´année dernière la construction et la mise en marche
d´une usine de traitement du soja. J´avais voulu aller voir et toucher
du doigt l´usine en question. Je m´attendais à une animation propre aux
usines en activité: parking surchargé de camions, de voitures et
d´autres engins; bruit des machines et va-et-vient des travailleurs. À
la sortie du village, venant de Sokodé, à droite, c´est plutôt une
grande clôture renfermant au moins 3 grands bâtiments qui m´accueille au
milieu des champs dans un silence de cimetière. Où est notre fameuse
usine de traitement de soja? Me suis-je demandé. Certes, des bâtiments,
apparemment bien construits, tenant lieu d´usine, se tiennent devant
moi, et puis rien. Point de soja, point de travailleurs, donc point de
traitement de soja tant vanté par la clique à Monsieur Faure Gnassingbé.
Le jeune „monarque“ s´y était même rendu à l´époque pour appuyer de sa
présence l´amour qu´il aurait pour la jeunesse de Yélivo et partant
celle de tout Tchaoudjo en lui donnant du travail. Il paraît qu´au
premier essai pour mettre l´usine en marche, la principale machine est
tombée en panne, et depuis l´usine de traitement du soja de Yélivo
appartient à l´histoire sans avoir jamais vécu.

Lire aussi: Enrichissement sauvage: voici le secret des proches de Faure Gnassingbé

Combien de dizaines ou centaines de millions ou même de milliards de
nos francs ont-ils encore engloutis ici sans résultats, et sans
obligation de rendre compte? Combien de millions ou milliards sont allés
renflouer leurs comptes privés en toute impunité comme d´habitude?
Combien de temps encore notre figurant de président se laissera-t-il
miroiter par son entourage véreux des projets bidon qui aboutissent
rarement, et qui ne sont en réalité que des alibis pour détourner
l´argent public ou de la coopération? Pour le moment les voyageurs
venant de Tchamba ou du Bénin sont accueillis par la «grande trompe» du
jeune «éléphant blanc» à l´entrée du village de Yèlivo à gauche.

Au Togo le grand contraste qui attire l´attention du voyageur engagé c’est cette richesse insolente, presqu’arrogante d’une minorité face à la grande misère ambiante de la majorité. Si certains de ces voleurs de l´argent public hésitent encore à étaler leur richesse imméritée, il y a longtemps que beaucoup de leurs semblables, assurés d´une totale impunité, roulent dans des 4×4 dernier cri qu´ils ont achetées et payées cash en Europe, érigent des maisons de luxe, des hôtels, des stations d´essence partout sur le territoire. Pendant que des grands cadres comme des professeurs d´université peinent à rouler dans des voitures de fortune, de simples employés de l´état s´en mettent plein les poches, des directeurs de sociétés, inamovibles, sont devenus des princes intouchables qui font de l´argent généré par leurs boîtes ce qu´ils veulent, comme s´ils géraient la fortune de leurs familles. Il paraît que leur chef Faure Gnassingbé n´en est aucunement gêné, pourvu que le gros du butin venant du vol organisé lui revienne.

Lire aussi: Qui est vraiment Ingrid Awadé, la dame qui tente de sauver Faure Gnassingbé

Ça s´appelle comportement d´un état voyou dans lequel le pillage
systématique des ressources du pays est organisé par ceux-là, dont le
rôle devrait consister à veiller au respect des biens de la République,
et au juste partage des richesses. Quand alors ce mauvais exemple vient
d´en haut, les citoyens ne sont plus en sécurité et n´ont plus personne
sur qui compter. Victimes donc de leurs dirigeants, les Togolais, comme
toute victime, doivent apprendre à s´organiser pour se libérer de
l´emprise de leurs bourreaux de dirigeants.

Pour conclure permettez-moi de terminer par cette interrogation, ô combien pertinente, de mon ami Kodjo Épou:

Lire aussi: Confidentiel: la fortune personnelle des Gnassingbé enfin dévoilée!

« Le Togo est, au plan mondial, en tête de liste des pays
du mal-vivre. Jusqu’à quand le Togolais va-t-il continuer de supporter
la tactique de la terre brûlée de ses gouvernants, de regarder, le
ventre à moitié vide ou totalement creux, les gens d’en haut couler du
champagne au rythme nargueur d’un progrès qui, en réalité, n’en est pas
un ? Jusqu’à quand le Togolais va-t-il continuer de débourser des tonnes
d’énergies avant de maintenir le cœur en activité dans sa poitrine,
avant de se chausser, se vêtir, boire de l’eau fraîche, bref vivre comme
un homme normal?… »

Samari Tchadjobo
Lomé en Juillet 2019

Source : Togoweb.net