Visite de Faure Gnassingbé à l’Elysée: un « poison d’avril » loupé de justesse?

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Les deux chefs d’Etat évoqueront la sécurité au Mali et la menace terroriste en Afrique de l’ouest.

Initialement prévue pour le 1er avril, la première visite de travail entre Lomé II et l’Elysée devrait être reportée de quelques jours. Sans doute mi-avril, « à la convenance des deux chefs d’Etat » selon des sources concordantes. Ladite visite devrait porter sur la coopération entre les deux pays et la lutte contre le terrorisme, notamment au Mali où Lomé et Paris ont des intérêts convergents.

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Elle avait été annoncée ce mardi pour le 1er avril. Une date confirmée dans la dernière livraison de Africa Intelligence, un bulletin d’information de Indigo Publication qui publiait aussi La Lettre du Continent. Mais plusieurs sources concordantes à Paris ont confirmé à Afrika Stratégies France que ladite visite n’aura pas lieu à la date indiquée. Principale raison, la gestion de la Covid-19 surcharge l’agenda de Macron et finalement, les deux chefs d’Etats « n’ont trouvé aucun inconvénient à reporter la visite de quelques jours« . Une nouvelle date devrait être choisie, entre le 12 et le 17 avril prochain. « Mi-avril » confie vaguement le cabinet de Franck Paris, conseiller Afrique du président français.

Un report de consensus

Paris et Lomé sont convenus dans la foulée de l’annonce par les médias togolais de la visite de repousser de quelques jours la rencontre. Une option à laquelle aucun des deux pays n’a trouvé d’inconvénient. Contactées par Afrika Stratégies France, les autorités togolaises n’ont pas voulu confirmer l’information alors qu’une source à l’Elysée est certaine, « la rencontre n’aura pas lieu le 1er avril ». Depuis l’arrivée au pouvoir du jeune président français, Faure Gnassingbé était le seul chef d’Etat de l’Afrique de l’ouest francophone à ne pas être reçu en visite officielle. « Rien ne nous oblige à aller prendre une bénédiction de Paris » justifiaient quelques zélés dans l’entourage du président togolais. « Ce report n’affecte en rien le voyage » selon un fonctionnaire du service Afrique de l’Elysée qui refuse de faire le lien avec « les spéculations de l’opposition>>.

Le Sahel au cœur des discussions

Lors des discussions qui étaient prévues, le Sahel, devenu le point fort de la diplomatie togolaise devrait être au cœur des échanges. Le président français qui souhaite un retrait progressif de l’armée française voulait « une présence plus accrue des forces africaines » et le Togo est l’un des pays les plus motivés sur la question. Ces derniers mois, Faure Gnassingbé a renforcé son influence à Bamako en recevant à Lomé Bah N’Daw, ex militaire et président de la transition ainsi que son Premier ministre, Assimi Goïta. Ce colonel a vite gagné la confiance du président togolais qui s’entretient régulièrement avec lui au téléphone. L’organisation la semaine dernière de la réunion du Groupe de suivi et de soutien de la transition au Mali dans la capitale togolaise conforte la légitimité de Lomé à parrainer le processus en cours au Mali. Du pain béni pour Faure Gnassingbé qui devrait, lors de sa rencontre avec Emmanuel Macron s’imposer en interlocuteur fiable sur le Sahel. D’ailleurs, le chef de l’Etat togolais est allé fin décembre à Ouagadougou apporter son soutien à Marc Kaboré, réélu lors de la dernière présidentielle au Burkina Faso et à Mohamed Bazoum, putatif successeur de Issoufou qui, après deux mandats, quitte le pouvoir.

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Un « poison d’avril » loupé de justesse?

« J’espère qu’il ne s’agit pas d’un poisson d’avril », s’était amusé Ferdinand Ayité. Le journaliste d’investigation est l’un des premiers à annoncer la date de la visite dans la matinée de mardi. Sur sa page facebook, il s’en moquait, l’assimilant à un « poisson d’avril » en perspective. Sauf que ce report, non encore entériné officiellement, convient à Paris et à Lomé comme nous l’a confié un proche de Franck Paris.  La présidence togolaise devrait profiter de cet ajournement de quelques jours pour mieux préparer cette visite qui tient à cœur à Faure Gnassingbé. Une forte délégation devrait faire partie du ring diplomatique, avec Robert Dussey, chef de la diplomatie et proche de Jean Yves Le Drian, acteur clé de cette visite ainsi que Gilbert Bawara, ministre de la fonction publique et proche du président togolais. Les ministres Ayewouadan Akodah de la communication, Kodjo Adédzé du commerce devraient être de la délégation. Cina Lawson a aussi écrit un sms au chef de l’Etat pour exprimer son souhait d’y prendre part. Faure Gnassingbé avait initialement prévu quitter la capitale française juste après son tête à tête avec le président français pour une courte évasion « en Italie ou aux États-Unis avant de rallier le Togo », suppute son entourage.

Au pouvoir depuis 2005, le président togolais a succédé à son père qui a dirigé pendant quatre décennies le pays d’une main de fer. Avec la nouvelle constitution votée par un parlement où le parti au pouvoir s’est arrogé la majorité, Faure Gnassingbé pourrait rester au pouvoir jusqu’en 2030 s’il le souhaite.

MAX-SAVI Carmel, Afrika Stratégies France

Source : Togoweb.net