A l’issue d’une visite de deux jours en RDC, la procureure de la Cour pénale internationale a indiqué à avoir demandé aux autorités congolaises de véritables enquêtes sur les violences qui ont secoué le pays.
« J’ai alors demandé aux autorités congolaises de prendre toutes les mesures nécessaires pour que des enquêtes véritables soient menées afin de faire la lumière sur les violences alléguées et de traduire en justice tous les acteurs impliqués dans leur perpétration. C’est en effet la responsabilité première des autorités nationales de mener des enquêtes véritables pour faire la lumière sur ces allégations, comme cela est prévu dans le statut de Rome ratifié par la RDC », a-t-elle affirmé au terme d’une rencontre avec le président Joseph Kabila.
Selon elle, la visite s’inscrivait dans la continuité de ses déclarations antérieures. « J’ai fait part de mes inquiétudes quant à la situation critique et aux épisodes de violence rapportés en particulier à Kinshasa, à Beni, dans les provinces des Kasaï et dans d’autres parties du territoire. J’ai également fait part de mes préoccupations quant aux actes observés à ces occasions, dont il est allégué qu’ils pourraient constituer des crimes relevant de la compétence de la CPI », a indiqué Mme Bensouda.
Outre le président Joseph Kabila, la procureure de la CPI a rencontré d’autres membres du gouvernement, des représentants de la Conférence épiscopale nationale du Congo (Cenco), de partis politiques, de la société civile, de médias et d’autres partenaires.
Mme Bensouda effectue cette visite au moment où un rapport de l’ONU accuse les services de sécurité congolais d’obstructions à une enquête sur le meurtre de deux experts onusiens il y a plus d’un an dans le Kasaï, dans le centre du pays.
Deux experts onusiens, l’Américain Michael Sharp et la Suédoise Zaida Catalan avaient été tués dans la zone où, selon l’église, 3.000 personnes ont trouvé la mort dans des violences déclenchées en août 2016 entre les forces de l’ordre et des membres d’une milice ethnique, Kamwina Nsapu. 1,4 million de personnes ont été déplacés, selon les Nations unies.
Une accalmie précaire s’est installée dans la zone depuis la tenue, fin septembre 2017, d’une conférence de paix. Le gouvernement a ouvert des procès et condamné des membres de la milice accusés pour des crimes.
L’ONU a envoyé des investigateurs pour enquêter sur le meurtre de ces deux experts. Mais elle s’est butée au gouvernent qui lui a imposé de plutôt participer à l’enquête déjà démarrée par des magistrats congolais.
La commission de l’ONU qui opère sur place doit rendre compte de ses investigations au plus tard en juin à Genève.
Un rapport de l’ONU indique que les services de sécurité de la République démocratique du Congo ont empêché des enquêteurs onusiens travaillant sur le meurtre en 2017 de deux experts de l’ONU d’interroger des témoins et des suspects.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres avait envoyé dans ce pays des enquêteurs pour aider les autorités à faire la lumière sur le meurtre le 12 mars 2017 de la Suédo-Chilienne Zaida Catalan et de l’Américain Michael Sharp. Ces deux experts ont été tués au Kasaï (centre) alors qu’ils enquêtaient sur des fosses communes.
« Plusieurs arrestations importantes ont eu lieu mais les progrès de l’enquête continuent d’être entravés par l’ingérence continue de l’appareil de sécurité » congolais, note le rapport remis il y a deux semaines aux membres du Conseil de sécurité.
Les investigateurs de l’ONU doivent rendre de leur mission en juin à Genève.
Entre autres, la société civile du Nord-Kivu a dénoncé dans une lettre au président Joseph Kabila l’insécurité dans cette province où les groupes armés tuent des civils, en accusant d' »affairisme » les services de sécurité.
Au moins 1.343 personnes ont été tuées en deux ans dans les territoires de Beni et du Lubero, d’après cette correspondance de la société civile (ONG, avocats, Eglises…).
« Dans les grands centres, on assiste impuissamment à l’affairisme des services de sécurité », poursuit la lettre citant l’Agence nationale de renseignements (ANR) dirigée par un proche du chef de l’Etat, la police et l’armée.
« Pourquoi le gouvernement congolais et la communauté internationale hésitent-ils à saisir la Cour pénale internationale (CPI)? », ajoutent-ils.
Les auteurs dénoncent aussi des centaines de cas d’enlèvements, les viols de plusieurs centaines de femmes, la destruction d’écoles et de centres de santé.
Source : www.cameroonweb.com