Un Casque bleu de la Mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) a succombé a ses blessures vendredi soir après des combats contre des hommes non identifiés dans l’ouest de la Centrafrique, a appris l’AFP d’un rapport interne de l’ONU samedi. Au même moment, le corps “calciné” d’un prêtre a été retrouvé après les combats de la veille à Alindao.
Des hommes armés non identifiés ont attaqué une base avancée de la Minusca à 21H00 (20H00GMT) à Gbambia, à une centaine de km de Berberati, dans la province de la Mambéré-Kadéï dans l’ouest du pays, indique le rapport, qui ne précise pas la nationalité de la victime.
Le Casque bleu a été blessé dans les affrontements et est décédé à l’hôpital de Berberati à la suite de ses blessures, selon le texte. Ces combats ont duré “environ 45 minutes”, indique le rapport qui ajoute que les populations locales ont fui en brousse.
L’identité des assaillants n’est pas connue. Dans l’ouest du pays où l’attaque a eu lieu, le groupe armé Siriri est présent.
Six Casques bleus tombés cette année
Dirigé par un certain Ardo Abba dont les effectifs ne dépasseraient pas la centaine d’hommes, ce groupe créé en 2018 est constitué en majorité d‘éleveurs peuls, prétendant lutter contre les vols de bétail, très fréquents dans cette région de transhumance.
Mi-juin, les hommes de ce groupe armé avaient déjà attaqué la localité de Gbambia, selon le rapport onusien de samedi. Des affrontements entre les Casques bleus et les combattants de Siriri sont fréquents dans cette région du pays. Un Casque bleu tanzanien avait perdu la vie en juin après une embuscade de Siriri à Dilapoko, dans le sud-ouest de la préfecture de Mambéré-Kadeï.
Cette nouvelle attaque porte à six le nombre de Casques bleus tués en République centrafricaine cette année.
Un prêtre trouvé calciné à Alindao
Jeudi, des combats meurtriers entre groupes armés ont endeuillé la ville d’Alindao, dans le centre du pays, où une quarantaine de personnes dont deux prêtres ont été tués.
Parmi les victimes figure un prêtre dont le corps a été retrouvé “calciné” quelque 24 heures après les combats. “On a retrouvé son corps, calciné”, a déclaré samedi à l’AFP l’abbé Mathieu Bondobo, vicaire général de la cathédrale de Bangui.
Un premier prêtre a été tué dans les combats. Un bilan vendredi soir d’un rapport interne de l’ONU faisait état de 37 morts, mais d’autres chiffres plus élevés sont avancés, sans qu’il soit possible samedi midi de les confirmer.
Les combats ont opposé jeudi des milices antibalaka, autoproclamés d’autodéfense, à des combattants du groupe armé Union pour la paix en Centrafrique (UPC).
“Jeudi matin, les antibalaka ont tué des personnes de confession musulmane. Une heure plus tard, l’UPC a riposté en attaquant le camp de déplacés”, a indiqué vendredi à l’AFP Vladimir Monteiro, porte-parole de la mission de l’ONU en RCA (Minusca).
L‘église d’Alindao et une partie du camp de déplacés de la localité auraient été brûlés, a indiqué une source onusienne.
Situation humanitaire “désastreuse”
Il n‘était pas possible de confirmer samedi si les personnes tuées étaient des civils ou des combattants.
Selon un communiqué de l’ONU vendredi, 20.000 personnes ont été affectées par ces nouvelles violences, qui ont obligé “des milliers” d’autres à fuir “à nouveau”.
Alindao a longtemps été la principale base de l’UPC, groupe armé dirigé par Ali Darassa, un des principaux groupes de l’ex-coalition Séléka qui avait renversé le régime de François Bozizé en 2013.
A l‘époque, la Séléka avait marché sur Bangui, entrainant une riposte des milices antibalaka. Depuis, la Centrafrique, contrôlée en grande majorité par les groupes armés, est en proie à des violences meurtrières quotidiennes.
Dans la ville d’Alindao, charnière du centre de la Centrafrique sur la principale route qui mène au sud-est du pays, les combats sont fréquents. En 2017, une alliance de groupes armés contre l’UPC avait mené à de violents combats dans la zone.
Un humanitaire y a été tué début août. Deux Casques bleus ont aussi perdu la vie depuis six mois dans cette zone où de nombreuses mines de diamants et d’or attisent les convoitises des groupes armés.
Début septembre, l’ONU avait alerté sur la situation humanitaire “désastreuse” qui prévaut à Alindao, affirmant que la localité était “sous le contrôle de groupes armés, réduisant à néant le rôle des autorités locales”.
Source : www.cameroonweb.com