Victoire de Faure: les risques d’enlisement!

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La montée de l’autoritarisme restreint les libertés individuelles dans le monde entier. Mais, fait alarmant, la région qui a connu l’année dernière le déclin le plus rapide des droits politiques et des libertés civiles est l’Afrique de l’Ouest, qui a longtemps été un moteur des avancées démocratiques.

En fait, au cours du dernier quart de siècle, aucune région d’Afrique n’a fait plus de progrès démocratiques.

Des élections généralement ouvertes et des transitions régulières à la tête de l’État sont devenues proches de la norme en Afrique de l’Ouest. L’inversion de cette tendance a des conséquences dramatiques.

Etat des lieux

Selon le rapport “Freedom in the World” récemment publié par Freedom House, sur les 12 pays dont le score a le plus baissé en 2019, pas moins de cinq se trouvent en Afrique de l’Ouest : le Bénin, le Burkina Faso, la Guinée, le Mali et le Nigeria.

Dans toute la région, les élections de 2019 ont été entachées d’irrégularités. Au Nigeria, les élections nationales et régionales ont été profondément perturbées. La commission électorale a reporté le premier tour de scrutin à plusieurs heures avant l’ouverture des bureaux de vote, et le scrutin qui s’est finalement déroulé a été entaché de nombreuses irrégularités.

Au Bénin, les partis d’opposition ont été exclus des élections législatives, et la fermeture d’Internet et la répression violente des manifestations par l’État ont encore aggravé le déséquilibre du scrutin.

Au Sénégal, les deux principaux hommes politiques de l’opposition ont été exclus de l’élection présidentielle en raison d’affaires pénales largement considérées comme étant politiquement motivées.

Risques de plus en plus élevés dans la région

Les normes démocratiques pourraient s’éroder davantage en 2020. Déjà, le président togolais Faure Gnassingbé a revendiqué la victoire dans une élection minée par le rejet des observateurs électoraux nationaux et internationaux et le blocage de certains médias sociaux et applications de messagerie le jour du scrutin, vraisemblablement sur ordre du gouvernement.

Le président guinéen Alpha Condé, dont le mandat se termine en octobre, cherche à modifier la constitution afin de lui permettre de se présenter pour un troisième mandat malgré une résistance importante de la base.

 La Gambie, où la CEDEAO est intervenue en 2017 pour imposer aux électeurs l’éviction d’un dictateur de longue date, risque de perdre certains de ses progrès durement acquis, car le président Adama Barrow renonce à son engagement précédent de ne servir que trois ans comme dirigeant de transition.

Les droits fondamentaux des quelque 400 millions d’habitants de l’Afrique de l’Ouest sont menacés à un moment où l’importance géopolitique de la région ne cesse de croître. L’Europe, reconnaissant l’Afrique de l’Ouest comme une source majeure de migration, a cherché à soutenir la création d’emplois dans les pays d’origine des migrants. La politique américaine actuelle est axée sur la concurrence des grandes puissances avec la Chine et la Russie, et met l’accent sur les partenariats économiques par le biais de l’initiative “Prosper Africa”. La Grande-Bretagne post-Brexit se hâte de consolider ses relations commerciales avec l’Afrique, notamment par le biais d’une récente réunion des chefs d’État africains à Londres.

L’incapacité des États-Unis, des nations européennes et d’autres partenaires extérieurs à faire correspondre leurs priorités économiques et sécuritaires à un soutien solide à la gouvernance démocratique et aux libertés individuelles, est en fin de compte une attitude à courte vue.

Jon Temin et Isabel Linzer

image illustrative

Source : Togoweb.net