Victoire contestée de Faure: les réelles intentions d’Agbéyomé

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La phase la plus importante du processus électoral démarré depuis plusieurs semaines a été les opérations de vote qui se sont déroulées le 22 février dernier.

Au terme de celles-ci, les résultats ont donné vainqueur le président de la République, Faure Gnassingbé , avec 72,36%. Son poursuivant direct, l’ancien Premier ministre sous la gouvernance du général Eyadéma Gnassingbé, Agbéyomé Kodjo n’obtient que 18,37%.

Après la proclamation de ces résultats qui ne sont plus un secret pour personne, les missions d’observation qui ont fait le déplacement du Togo pour constater de visu le déroulement du scrutin ont exprimé leur point de vue sur le scrutin.

Celle de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO) et de l’Union africaine (UA) notamment ont formellement jugé que la réélection du chef de l’État ne souffrait d’aucune ambiguïté. Et qu’elle s’est faite selon les standards démocratiques.

Pour autant, l’opposition togolaise, singulièrement la frange qui soutient le candidat du Mouvement patriotique pour la démocratie et le développement (MPDD), Agbéyomé Kodjo appuyé par l’archevêque émérite de Lomé Mgr Philippe Fanoko Kpodzro, n’est pas du tout du même avis. Pour elle, le scrutin a été de fond en comble vicié. Et que son porte-étendard, Kodjo , est le véritable élu, balayant ainsi d’un revers de la main les appréciations des principales missions d’observation.

En fait, la conviction du numéro un du MPDD, en ce qui concerne sa “victoire”, a commencé à se germer juste après le début du comptage des bulletins de vote, le jour de l’élection. Dans certaines parties de la capitale et de la région maritime, un raz de marée lui a été réservé.

Misant sur ces résultats partiellement réduits où le chef de l’État n’a pas connu une franche déculottée, les partisans de la dynamique Kpodzro et alliés avec en tête Kodjo , lui-même, ont claironné qu’ils ont raflé la mise sur le plan national. Sur les réseaux sociaux, des chiffres éblouissants étaient publiés le plaçant en pôle position.

Et plus tard, Kodjo prenait personnellement la parole et s’autoproclama vainqueur. Il faut indiquer que tout ceci se déroulait alors qu’au niveau des acteurs de l’autre bord, des réactions notables n’étaient pas encore enregistrées. Ce qui renforçait la certitude de Kodjo et les siens d’avoir tout plié sur la ligne.

L’affolement, la phobie , la panique et le désappointement ont gagné la dynamique Kpodzro à partir du moment où les partisans de la mouvance présidentielle ont décidé de briser le mutisme après que la Céni a pratiquement tout finalisé et était en mesure de publier les résultats provisoires. Des chiffres qu’ils brandissaient donnaient largement Faure Gnassingbé vainqueur.

En dehors de la région maritime, le champion de l’Union pour la République (Unir) faisait un carton plein dans le reste du pays. Et selon le pronostic du Knock-out, le K.-O. s’était réalisé. Prévision confirmée peu après par la Céni.

Aujourd’hui Agbéyomé Kodjo conteste fortement la bérézina subie et affiche ses intentions de se faire entendre. Une attitude qu’il faut comprendre dans le contexte surtout togolais.

Depuis que le pays organise les élections présidentielles suite à la réintroduction du multipartisme dans les années 1990, toutes ont toujours été entourées de contestations. Le perdant n’avouant jamais sa défaite. Ici, Il est donc devenu la coutume que le candidat malheureux ne reconnaisse pas son échec. Les résultats des élections présidentielles précédentes ( 1998, 2003, 2005, 2010 et 2015, exceptée celle de 1993 à laquelle l’opposition avait en bloc boycottée) ont été source de controverses rythmant la mandature quinquennale du victorieux.

Il faut donc comprendre Agbéyomé Kodjo , nous le réitérons. S’il décide d’accepter le verdict des urnes approuvé par l’UA et la CEDEAO et de rentrer dans les rangs comme le général Yark lui demande,il pourrait être perçu par certains de ses pairs de l’opposition comme un capitulard et même une personnalité à la botte régime.

Sa démarche d’agitation actuelle ne s’inscrit que dans la dynamique des candidats occupant la seconde place à la présidentielle au Togo caractérisée toujours par des protestations et des diverses revendications, in fine, irréalisables. Kodjo a déjà la conviction qu’il a perdu la partie ad vitam aeternam.

En saisissant la cour constitutionnelle qui sous peu confirmera définitivement le maître du Togo, Faure Gnassingbé dans ses anciennes hautes et lourdes responsabilités, Agbéyomé Kodjo ne doute pas qu’il s’engage dans un baroud d’honneur.

Céphas Laré

Source : Togoweb.net