Université de Lomé : Les étudiants en Médecine saisissent Dodzi Kokoroko

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Prof Komlan Dodji Kokoroko, Président de l’UL

Il devient le centre de tous les intrigues, dans cette affaire de notes truquées. Tous les doigts sont pointés vers sa personne. Mais le Prof-président de l’Université de Lomé, Dodzi Kokoroko, puisque c’est de lui qu’il s’agit, semble s’enfermer dans sa tour d’ivoire pour ne pas se rendre compte de la gravité de la situation qui prévaut au sein de son institution. Les étudiants de la Médecine, après des mouvements sur le campus, ont décidé de le réveiller par une lettre ouverte dont voici la teneur.

Lettre ouverte des étudiants en Médecine et en Pharmacie au Président de l’Université de Lomé, Pr KOKOROKO

Lomé, le 10 Mars 2018

A
Monsieur le Président de l’Université de Lomé,
Lomé-TOGO.

Objet : Lettre ouverte sur l’affaire de ‘notes’ à la FSS.

Monsieur le président,

Votre nomination à la tête de l’université en Mai 2016, a suscité beaucoup d’espoir aussi bien parmi les étudiants que dans le corps enseignant. Connaissant votre parcours, la renommée dont vous jouissez dans le monde universitaire, et aussi votre rêve de mettre l’université au niveau des standards internationaux, plusieurs ont misé sur le fait que des transformations positives seraient observées, entre autres, dans la qualité de l’enseignement, les conditions d’étude des étudiants, la situation des enseignants et du personnel administratif, la qualité des infrastructures pour ne citer que ces aspects. Dès les premiers mois, certaines des actions ont commencé par porter leurs fruits à la grande satisfaction des acteurs du monde universitaire.

Mais depuis quelques semaines, vous aurez dû remarquer que certains événements de remettre en cause l’appréciation positive que certains ont de votre personne et de vos actions. Et cela nous attriste.

Au-delà de l’ambiance délétère qui est en train de s’instaurer à l’université et surtout au niveau du corps enseignant, nous sommes encore plus peinés par le fait que la faculté des sciences de la santé censée être au cœur de la formation de ceux qui s’occupent du bien-être des citoyens connaît des événements dont la gravité aurait dû vous interpeller non seulement en tant que président de l’institution de formation mais aussi en tant que citoyen dont les frères, sœurs, amis, collègues et compatriotes attendent que le pays dispose d’un système de santé de qualité.

Monsieur le président, nous sommes très attristés par les événements qui secouent une fois de plus l’université de Lomé en général et notre faculté en particulier. Nous nous permettons de vous faire un petit rappel :

– Notre vice doyen et unique Professeur de maladies infectieuses et tropicales au Togo, le Professeur Majesté IHOU WATEBA a été arrêté, retenu en détention pour une supposée affaire académique, maltraité et est maintenant hospitalisé vraisemblablement suite aux sévices subis. Hospitalisé dans les locaux d’un des hôpitaux pour lequel il a de tous temps demandé l’amélioration du plateau technique.
– Notre jeune collègue Yann DOSSEH, étudiant en deuxième année de médecine est retenu, du haut de ses 18 ans, pour des raisons qui le dépassent lui-même au service de renseignement et d’investigation de Lomé.
– Notre maitre, le Professeur David DOSSEH, Professeur de chirurgie générale, coordonnateur du DES de chirurgie générale et chef du département de chirurgie du CHU Sylvanus Olympio est implicitement retenu au SRI parce que son fils y est détenu et donc dans l’incapacité de poursuivre son travail de formateur.
– Nos examens ont été suspendus.
– Nos cours ont été suspendus.
– Nos stages ont eux aussi été suspendus.
– La régularité et la qualité des soins accordés à nos compatriotes dans les différents centres de santé sont très affectées par cette situation.

Nous avons appris ce matin qu’un second étudiant de la FSS serait détenu au SRI.

Toutes ces situations concernent votre institution et vos administrés. Malgré cela, monsieur le président, vous êtes d’un silence assourdissant. Nous osons une question : quelle interprétation voudriez-vous que nous donnions à votre silence ? Devons vous donner raison à ceux qui estiment que ce silence serait coupable ? Dites-nous monsieur le Président.

Depuis quatre mois, nous avons un problème avec les nouveaux frais d’inscriptions que vous avez fixé par arrêté. Frais d’inscriptions ou de bibliothèque, nous vous laissons le soin du choix des mots. Nous avons simplement constaté qu’il nous a été demandé de verser une somme qui va jusqu’à de 1333,33% pour cent d’augmentation à une semaine de la rentrée académique 2017-2018. Au cours de ce feuilleton, vous n’avez jamais eu le temps de nous recevoir, vous n’avez jamais répondu à nos messages… nous avons essayé de vous parler par personnes interposées et encore quelles personnes ?

Monsieur le président de l’université de Lomé, nous voulons bien croire que nous pouvons continuer par vous faire confiance. Mais en même temps, nous constatons que :
– Vous semblez avoir abandonné votre institution.
– Vous semblez avoir abandonné vos collègues.
– Vous donnez l’impression de ne pas protéger vos étudiants.

Le doute commence à nous envahir. Nous avons des raisons de nous inquiéter surtout au regard des événements de cette semaine. Vous qui, d’habitude, êtes prompt à communiquer avec la communauté estudiantine à travers les réseaux sociaux, vous voici subitement aphone. Quelle est votre position ? Allez-vous nous parler ? Quand ?

L’université de Lomé a-t-elle toujours un conseil de discipline ? Ce même conseil qui pour le compte de l’année académique 2014-2015 avait pris en main une affaire de tricherie, mené des enquêtes et tiré les conclusions, conduisant à l’exclusion de nombreux étudiants.

Nous, étudiants en médecine et en pharmacie du Togo, disons qu’il est inconcevable que pour une affaire de notes mal attribuées, nos collègues et nos maitres soient ainsi malmenés et gardés par des services de renseignements.

Sont-ils des terroristes ? Ou ont-ils attenté à la sécurité de l’Etat ?

Monsieur le Président, nous ne le souhaitons pas, mais si, par le plus grand des hasards, il advenait que vous fassiez un accident de la circulation à Lomé et qu’on décidait, de vous conduire au CHU Sylvanus Olympio ; si, par un second hasard, tout aussi grand, on décidait de vous prendre en charge comme le citoyen lambda :

– C’est un interne de chirurgie (étudiant en septième année) qui vous aurait reçu. Il aurait prescrit de quoi vous faire les premiers soins et aurait posé le diagnostic de la lésion et proposé un traitement sous la supervision des médecins en spécialisation et du spécialiste de garde.
– C’est un pharmacien qui aurait préparé et conditionné les solutés et médicaments divers dont on aurait besoin pour vous stabiliser.
– C’est un interne de pharmacie ou un pharmacien qui aurait supervisé le conditionnement, le stockage des médicaments, la dispensation de l’ordonnance qu’on vous aurait prescrite (la bonne molécule, la bonne présentation, la bonne dose).
– C’est un externe (étudiant en troisième ou en quatrième année) qui vous aurait pris un abord veineux, vous aurait administré les médicaments nécessaires. C’est aussi lui qui aurait suturé et pansé vos plaies sous la supervision d’un senior.
– C’est un chirurgien qui vous aurait pris en charge selon vos lésions. Un chirurgien traumatologue si vous aviez une fracture ouverte des deux os de la jambe type 3 de Cauchoix et Duparc. Ou un chirurgien général (comme le professeur DOSSEH) si vous aviez une rupture d’organes pleins intra abdominaux.
– Pour peu que vous ayiez fait par la suite une surinfection en relation avec les conditions peu adaptées de votre transport à l’hôpital ou à l’ouverture cutanée, votre condition aurait nécessité l’intervention de médecins biologistes pour identifier le germe et de médecins infectiologues (dont le professeur IHOU WATEBA) pour ajuster la prise en charge. Prions que vous ne tombiez pas sur une bactérie mangeuse de chair, car ici ou ailleurs le pronostic d’une fasciite nécrosante reste ce qu’il est.

Cela fait beaucoup d’hypothèses farfelues…nous le savons. Mais sachez que tout ce beau monde est désormais absent de son poste à cause de votre gestion des évènements en cours.

Monsieur, fraude ou pas fraude, rien ne justifie ce qui se passe.

L’opinion retiendra que nous avons de tout temps fait les choses dans les normes mais nous frisons à présent le ridicule et l’absurde.

Nous vous en conjurons, revenez à de meilleurs sentiments, revenez sur la voie du légal et du raisonnable. Laissez les juridismes livresques à vos collègues de Lomé ou de Poitiers qui vous écoutent encore car nous n’y comprenons rien.

Monsieur le président de l’université de Lomé, faites libérez nos collègues !

Monsieur le président de l’université de Lomé, faites libérez nos maitres !

Que par la suite les procédures académiques soient enclenchées pour dire ce qui est.

Monsieur le président de l’université de Lomé, si quelque chose vous empêche de faire ce qui doit être fait, la démission est une sortie honorable, sinon d’ici peu, et nous ne le souhaitons pas non plus, vous risquez de n’être plus que le président des arbres, des bâtiments nouvellement peints, du Wi-Fi campus et des nouvelles routes de l’université de Lomé.

Monsieur le président, nous sommes des étudiants :

– Nous voulons étudier.
– Nous voulons nos cours et nos enseignants pour nous les dispenser.
– Nous voulons nos stages et nos enseignants pour nous encadrer.
– Nous voulons notre faculté et notre vice doyen pour assurer la bonne marche des affaires académiques.

Nous réclamons la libération de nos collègues.

Le Bureau Exécutif de l’AEMP-Togo

Source : www.icilome.com