UNIR joue ses dernières cartes à la roulette russe : Kodjona Kadanga met la CEDEAO au défi, la CENI court les pieds enchaînés

0
591

Kodjona Kadanga, président de la CENI controversée

Tout comme un aventurier imprudent, UNIR semble se servir de ses deux pieds pour mesurer la profondeur d’une eau inconnue qu’il entend traverser. La conséquence est qu’il est très probable que l’on ne se retrouve au fin fond de l’eau avant de se rendre compte de sa profondeur.

UNIR et le gouvernement togolais n’ont certainement plus peur de courir des risques parce qu’ils n’ont plus rien à perdre.

Le 31 juillet dernier, le pouvoir de Lomé ne s’est pas posé des questions sur les risques qu’il court avant de vouloir roubler toute la CEDEAO en tordant le cou aux recommandations gênantes contenues dans la feuille de route soumise à toute la classe politique. Grâce à la vigilance des uns et des autres, le pot aux roses a été découvert. Premier échec de la première tentative de coup tordu dès la publication de la feuille de route. Le monde entier s’est rendu compte du visage réel des tenants du pouvoir au Togo, une image bien ternie des dirigeants d’un pays curieux dans l’espace CEDEAO!

La stratégie qui a suivi a consisté à faire large diffusion de la fausse feuille de route et à faire croire à l’opinion publique que la C14 a perdu la bataille. Le seul objectif ici, je l’ai déjà dit par le passé, est de vouloir opposer la C14 aux populations éprises du changement. Celles-ci devraient, selon le plan mal mûri, crier à la trahison. Le pire des résultats attendus était de voir la C14 divisée au sujet de cette feuille de route. Malheureusement pour le pouvoir, le groupe demeure toujours soudé. Deuxième tentative, deuxième échec.

La troisième tentative trouvée dans les laboratoires de la mouvance présidentielle était de tendre un appât à la C14 en faisant croire au monde entier que la CENI démarre ses activités comme pour dire: «Nous n’avons plus de temps à perdre, nous reprenons les activités pour l’organisation des élections qui doivent se tenir à tout prix le 20 décembre, si vous ne venez pas, nous, on fonce». La première idée cachée derrière ce plan est sans doute d’attirer certains partis de la C14 à rejoindre la CENI, ce qui pourrait contribuer à diviser le groupe et casser la dynamique de la coalition. L’obsession reste la même, diviser le G14. Et pour échapper à l’attention de la commission de la CEDEAO en visite à Lomé le 07 août dernier, la CENI a attendu la nuit de ce même jour après les échanges avec cette commission pour rendre publique sur les réseaux sociaux une note qui annonce la reprise de ses activités comme si les médias d’État et le gouvernement n’existaient plus.

Peine perdue! La CENI manipulée par le pouvoir a tapé sur le dur, le mal de chien n’a rien donné.

On a cru que l’appât était d’une insuffisance extrême et qu’il fallait l’agrandir. On est passé vite à un ultimatum pour l’envoi des noms des membres des CELI, rien a bougé du côté de la C14. Ce fut enfin une date annonçant la formation des membres des CELI qui est balancée comme dernier chantage. On parle du 18 au 23 août. Seul le parti UNIR et ses complices sans la C14 jouent au cinéma.

Les représentants de la CEDEAO, signataires de la feuille de route sont attendus à Lomé le 27 août prochain, mais, cela ne semble pas intéresser la CENI de Kodjona Kadanga qui fixe à nouveau la date du 1er octobre pour le début du recensement. Le prochain chronogramme annoncé par la commission de la CEDEAO à la rencontre du 07 août dernier en vue de la mise en oeuvre consensuelle des recommandations par tous les acteurs n’est plus à l’ordre du jour du gouvernement togolais pressé d’aller aux élections comme il l’entend. Il l’a d’ailleurs sollicité sans succès à maintes reprises depuis mars 2017 en plein dialogue. Aujourd’hui, il trouve le prétexte de la date du 20 décembre pour se déchaîner.

Aujourd’hui, le parti UNIR et sa CENI mettent au défi la CEDEAO qui joue sa crédibilité dans cette crise togolaise qui attire l’attention de la planète.

La question qu’on est en droit de se poser ici est de savoir si la CENI est sûre de gagner la guerre qu’elle vient de déclarer à toute la CEDEAO dont elle fout au pied les toutes premières consignes contenues dans la feuille de route: arrêter de façon consensuelle avec l’aide des facilitateurs et et du comité de la CEDEAO un chronogramme en vue de l’application des recommandations.

On se demande en effet ce qui suivra après la fameuse formation des membres des CELI en souffrance et la fixation d’une date pour le début du recensement électoral.

En réponse à toutes ces agitations, la coalition des 14 partis de l’opposition a rendu public lors de sa conférence de presse de jeudi dernier un mémorandum percutant basé essentiellement sur la feuille de route et qui sert par anticipation à un document de travail en prélude aux prochaines discussions entre les acteurs de la crise sous la médiation de la CEDEAO pour une mise en œuvre des recommandations.

De tous les actes que posent UNIR et la CENI, ont retient un jeu qui s’apparente à la roulette russe. Ça passe ou ça casse! Une sorte de jeu à grand risque.

Après ces tentatives successives à l’allure téméraire, on peut déduire sans se tromper que le pouvoir de Lomé a choisi la voie du risque aveugle puisque toutes ses tentatives ratées d’avance lui compliquent la vie et le ridiculisent davantage. Il affiche aux yeux du monde son vrai caractère hostile au respect des accords, à la transparence des élections et à l’alternance politique.

Sûrement que les facilitateurs et la commission de la CEDEAO en tiendront compte dans leurs prochaines orientations pour un règlement durable de la crise togolaise.

Pourquoi donc décider volontairement de se pointer dans la fourmilière pour prétendre se débarrasser des fourmis? Il est temps de comprendre que plus rien ne sera comme avant.

Joachin SONOUKOU

Source : www.icilome.com