Union de l’opposition togolaise (ou des opposants togolais) : et si on s’était trompé de solution jusqu’ici ?

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« L’union Fait la Force ». Proverbe, devise de la République d’Haïti.

Depuis la promulgation de la charte des partis politiques le 12 avril 1991 et la transformation des partis nouvellement créés en outils de combat contre le régime militaire, s’il y a un une formule qui a toujours été sur toutes les lèvres, c’est celle de l’union de l’opposition (ou des opposants). Soit comme une solution miracle, soit comme un sparadrap. Il y a eu des Fronts, des Coalitions, des Alliances, des Groupes etc., mais le régime est toujours là. Pour expliquer cet échec, plusieurs raisons ont été invoquées, mais celle qui parait la plus plausible est celle-ci : les diverses unions se sont constituées sur la base de fausses solutions, dans un paradigme favorable à la dictature. Je m’explique.

Si vous demandez à un enfant de CP1 quel nombre on obtient en additionnant 2 et 2, il vous dira que 2+2=4. C’est la bonne réponse et il en sera ainsi jusqu’à la fin des temps.

Mais supposez que cinq individus que vous connaissez bien donnent des réponses différentes : Le premier dit que 2+2=5 ; Le second dit que 2+2=7 ; Le troisième dit que 2+2=6 ; Le quatrième dit que 2+2=3 ; Le cinquième dit que 2+2=9. Ce sont certes des résultats à la mesure des aptitudes intellectuelles de ces individus, mais comme vous voyez, aucune de ces cinq personnes n’a trouvé la bonne réponse.

Maintenant, si on demandait à ces cinq individus de se mettre ensemble pour acheter un nombre d’oranges équivalent au résultat de 2+2, il est certain que personne d’entre eux ne proposera aux autres d’acheter 4 oranges. Pas du tout ! Au contraire chacun d’eux essaiera de convaincre les autres qu’il faut acheter un nombre d’oranges équivalent au résultat qu’il a trouvé, donc un faux résultat. Et si chacun des 5 individus campe sur sa solution et rejette les résultats des autres, il aura raison, mais cela ne signifie pas qu’il est détenteur de la bonne réponse.

Tant que ces 5 individus seront envoyés au marché, celui qui a commandé et attend de consommer les 4 oranges ne les aura jamais, et le marchand qui attend de vendre les 4 oranges ne pourra jamais les vendre et gagner de l’argent.

Ce schéma est le tableau le plus fidèle de l’union de l’opposition togolaise depuis 1991. Aujourd’hui comme avant, on demande aux opposants de s’unir et on désespère quand ils refusent de s’unir. Ce n’est pas que les opposants sont incapables de s’unir ; en fait l’union est la chose la plus aisée à faire. Mais l’union ne peut rien donner si elle repose sur un conglomérat de fausses solutions.

Chaque parti de l’opposition togolaise est détenteur d’une fausse solution qui a un rapport avec les élections ; chacun de ces partis propose une approche électoraliste, certains sans réformes, d’autres avec réformes. Sous une dictature, les deux solutions sont deux faces de la même médaille. L’électoralisme est une solution fondamentalement fausse dans le contexte politique actuel du Togo, le contexte d’une dictature militaire.

Les opposants, même unis, ne viendront pas à bout du régime en mettant ensemble des fausses solutions. Mettre ensemble 5, 10 ou 14 fausses solutions ne donne pas une vraie solution, cela donne toujours 5, 10 ou 14 fausses solutions et cela jusqu’à la fin des temps.

Ce ne sont pas les unions qu’il faut multiplier ; c’est plutôt la solution qu’il faut changer. Chaque élection est une opération de dialyse pour la dictature et l’électoralisme est le souffle de vie du régime togolais. C’est pourquoi il faut l’abandonner et s’organiser autour d’une autre solution qu’il est inutile de rappeler ici, puisque tous ceux qui savent que 2+2=4 connaissent déjà cette solution.

A. Ben Yaya-

Source : icilome.com