Une invitation à mourir sans soins dans nos centres hospitaliers : Des hôpitaux qui tuent les Togolais plus que les canons de la répression

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Une invitation à mourir sans soins dans nos centres hospitaliers : Des hôpitaux qui tuent les Togolais plus que les canons de la répression

« Il y a une espèce de honte d’être heureux à la vue de certaines misères » Dans Les Caractères, Jean de LA BRUYERE met en évidence l’insoutenable légèreté de ceux qui se moquent de la vie ou qui s’éclatent en jouissance devant l’hécatombe ou en tirent meilleur profit. Le désastre dans nos hôpitaux des damnés de la terre incitent les professionnels de la santé à se manifester fréquemment pour le respect des droits des patients ainsi que pour l’amélioration de leurs conditions de travail.

Chaque homme porte dans sa forme entière non seulement la valeur d’homme, mais également le droit de défendre la vie, parce qu’il a une conscience et des sentiments qui le conduisent à une responsabilité flambée devant le désastre humain.

Ceux qui ont honte des morts bêtes, ce sont ceux qui connaissent la valeur de la vie et qui, au Togo, ont prêté serment pour s’occuper des autres. Ils ont une sensibilité, une honnêteté à respecter leur engagement comme le démontre Dr Kofi TAKALI dans une lettre offensive d’accusation, soulignant l’apathie administrative aux conclusions épouvantables dans la santé publique.

En lisant la lettre du Dr TAKALI adressée au ministre de la Santé sur l’état de nos hôpitaux, des frissons nous emportent jusqu’au gouffre du désespoir, vu l’étendue et la permanence dans la durée la liquidation systématique des Togolais au cœur d’une indifférence administrative qui illustre les grandes petitesses de la gouvernance dans une République en rebut. Au fond de notre âme, comme dans l’intériorité intime de nos concitoyens, nous sommes brisés de honte par le reportage poignant d’un médecin qui a craqué de colère et d’indignation face à l’histoire des sépultures dressés aux patients comme dans un Etat de vacance administrative ou une zone de guerre oubliée.

Ceux qui sont convaincus que le Togo est un pays renversé et en dépérissement jusqu’à l’hypothermie morale sont aujourd’hui si nombreux qu’ils ne puissent douter de la véracité des images, de la description d’un acteur de valeur dans nos pavillons de traitement de notre santé
Silence ! Nos têtes courbées de honte et nos yeux embués de larmes doivent retrouver le souffle de l’espérance parce que la vie commence quand l’espoir tombe au niveau zéro du combat. Un pays de représailles faciles, de propagande acharnée, de justice tronquée laisse mourir ses enfants. Il y a une question de responsabilité qui préoccupe les citoyens ordinaires qui doutent de l’esprit saint des paranoïaques du changement et de l’alternance politique.

Mais il faut sortir de l’inhibition, de la torpeur pour affronter l’ampleur du drame incommensurable qui met sur l’échafaud les infortunés, les exploités, les spoliés de la République et ils sont si nombreux à tomber dans la fourmilière de l’indécence. Il leur suffit de payer le prix de leur sauvetage collectif.

Que peut faire chaque Togolais pour refuser de mourir bêtement dans les hôpitaux pour lesquels il paie fort cher en tant que contribuable ?
Le visage hideux de la gouvernance d’usurpation et de prédation n’a-t-il pas affecté tous les compartiments de la vie publique pour que la conscience citoyenne soit au galop et au fouet de la responsabilité populaire ?

1) Des artifices institutionnels à la tragédie des crimes de masse

Notre République en vrac est dans la morbidité institutionnelle. Tous les secteurs sont affectés par l’aplasie fonctionnelle et administrative qui bascule tout à l’abandon sauf, le pouvoir pour le pouvoir, la répression fauve. Le relevé est en permanence sous nos yeux. D’une Cour constitutionnelle identifiée par le Tribunal d’Abuja comme un laboratoire des incongruités juridiques en passant par une Cour des comptes en guirlandes rouges de son immobilisme jusqu’à l’état de nos sociétés et entreprises publiques aux déficits chroniques, il faut se convaincre d’un renoncement terrifiant de l’éthique politique et de la morale. Toutes les crises du monde et les plus insolubles émanent d’une accumulation ou d’une acceptation de l’immoral. La fausse conscience, la mauvaise conscience, le quitus au faux, la propagande ont si violemment pris ascendance sur le bon sens dans notre pays que rien n’est plus étincelant dans la gouvernance. Excepté, la tragédie.

Le mensonge administratif est permanent dans l’appareil étatique parce qu’il se moque de la vie des Togolais livrés au hasard de la providence. Le chef de l’Etat, lui-même est à la tête du peloton de l’immobilisme administrative. L’école gratuite, les états généraux de la santé et de l’éducation, l’exécution des réformes annoncée à la presse internationale, le règlement définitif de la question des inondations à Lomé proclamé solennellement à la COP 21 sont des illustrations d’une gouvernance de la liturgie du faux.

Que fait-on de sérieux et de durable avec le mensonge public ?
Le mal de vivre au Togo est si exaspérant à cause des insalubrités institutionnelles proprement envahissantes pour phagocyter les timides initiatives. Longtemps, le Ministère de la Santé et de la protection sociale a été piloté par un vétérinaire bavard et provocateur pour cacher ses propres tares qui n’auraient jamais été tolérées sous d’autres cieux. Que peut-on faire dans une administration avec des compétences approximatives et des qualifications désadaptées ? Les ruines de l’esprit diffusent les chutes des cités. L’esprit salvateur pour faire triompher la justice et le beau, le bien à déserté l’ambition de se servir du pouvoir d’Etat et de le garder à n’importe quel prix par-devers un clan, une famille.

Même si on finit par confier à un professeur de médecine la santé publique, les principes faux de la gouvernance ne sauraient lui offrir la latitude de l’action efficace. Sous un spécialiste de la santé, les légèretés s’accumulent, la mort en cascades désolent le corps des professionnels de la santé réduits aux ordonnances placebo et aux assistants de la mort dans une éthique tondue que ne contient plus un cœur lacéré de médecin, éclaté en vérité crues sur l’effondrement du système sanitaire au Togo.
L’engrenage de la mort est un long fleuve dans nos centres hospitaliers. Son ventre est distendu et grossit de toutes les catégories socio-professionnelles, y compris les agrégés de médecine, trop pauvres pour se faire évacuer à l’étranger. Dans la culture du manque qui a assiégé la gouvernance qui ne se rectifie que par des encombrements peinturés pour simuler des nouveautés, que peut un professeur agrégé de médecine à la tête du ministère de la Sante et de la Protection Sociale ?

La question de fond au Togo, c’est les principes de gouvernance. Là où la légèreté est de règle, la gravité est générale, parce qu’il n’y a plus de rempart à l’éthique, à la morale. C’est en cela que Charles MAURRAS reconnaît dans La Dentelle du rempart : «Quand un régime tombe en pourriture, il devient pourrisseur : sa décomposition perd tout ce qui l’approche ».

Souffrir jusqu’à la mort et massivement des années durant prépare infailliblement l’instinct de survie des peuples à une riposte de razzia.

3) Alerte et effets

Les Togolais connaissent très bien la nature de ce régime d’usurpation et de répression. Ils n’imaginent pas comment le cynisme de gouvernance peut les exposer à la mort dans les hôpitaux sans que l’effroi se saisisse de ceux qui sont à l’orchestration de la spoliation accélérée des fontaines de richesses du pays. Des citoyens honnêtes qui paient régulièrement leurs impôts n’ont droit à aucune jouissance de l’Etat. Ils sont dépouillés de tous les droits jusqu’aux droits élémentaire de se soigner. Ils sont floués par des appareils sanitaires défectueux, des locaux de soins obsolètes ou a peine équipés, alors que pour une simple appendicite, par exemple, la minorité « fauriste » qui accapare la richesse nationale est capable de prendre un jet privé pour une opération de traitement chirurgicale à l’étranger.

Quand les citoyens n’ont pas des gouvernants qui ont un statut d’homme, on ne parle pas d’ignorance, mais d’ambition criminelle. L’effondrement de nos cités, de nos régions, de nos préfectures, de nos communes étale l’insouciance brute de ceux qui font office de gouvernants et qui n’ont d’excellence que dans la déportation et de placement de l’argent volé dans les banques étrangères et des Paradis fiscaux. L’éthique politique et la morale politique sont les fondements du succès de la gouvernance. Quand le succès manque cruellement dans l’ordre de l’action pour répondre aux sollicitations populaires les plus vitales, ils est clair que la marque de vérité manque à l’engagement vaseux d’une classe politique qui se prive d’une dignité de vivre et de l’honorabilité de service.

Comment font les pays de la sous-région surtout les moins fortunés que nous comme le Mali, le Burkina pour construire des hôpitaux modernes avec des normes d’équipement d’excellence à l’ abri des pannes prématurées, récurrentes et mortelles ? Ce qui est juste, beau et humain ne correspond-t-il pas à l’esprit civique de ceux qui se cramponnent au pouvoir ? Ils aiment faire référence au Rwanda pour gérer leur dynastie. Mais les Rwandais, tout au moins, ne se plaignent ni de leurs hôpitaux, ni des inondations qui pourrissent leur vie, encore moins, de l’insalubrité royalement en garniture de nos cités partout comme des trophées d’une conscience morte.

L’intelligence de service public est le socle du fonctionnement de la gouvernance et non le morcellement en Balkans nos communes, nos préfectures pour des fins électoralistes. Quand un Etat ne peut s’occuper ni de la santé ni de l’éducation de ses populations, il n’y a aucun doute qu’il est aux éclats de faillite intellectuelle, morale, civique, éthique, humaine. L’audace, la puissance d’action sont dans la vertu. Son dessèchement prononcé certifie le dépérissement de la gouvernance et l’absence de l’affirmation de l’Etat. La course aux sommets internationaux est-elle dans l’intelligence de la gouvernance une primauté qui relègue la santé publique à la poubelle ?

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