Pratiquée en système défensif au Togo, la politique est loin d’inclure la Diaspora. Dans le bruissement général en branle, on constate néanmoins certains éveils. Il reste que le devoir d’une alternance politique au Togo est devenu si urgent que consciemment, la Diaspora togolaise doit s’y identifier et s’y investir par elle-même. Une fois encore, c’est ce sens politique, clairement annoncé et garanti, qu’il faut donner au Consensus de Chicago.
En décidant de sortir le jeu politique de la seule zone de défense, la Diaspora togolaise apporte une autre corde à son arc dans le but d’enrichir les forces républicaines œuvrant pour l’alternance politique. Manifestement, les capacités de la Diaspora togolaise ne résident pas seulement dans les supports sociaux et économiques visibles dans les transferts de fonds.
La vraie question aujourd’hui prend forme dans l’art de générer une posture nouvelle à la Diaspora togolaise trop longtemps oubliée. À l’écoute et à la spontanéité, souvent réactives, doit succéder une approche proactive empreinte du savoir-faire rassemblé au fil des années par une Diaspora singulièrement multiforme. Les États-Unis offrent l’exemple parfait de ce fourmillement extraordinaire dont la Diaspora togolaise regorge, et en débordent.
Il est alors opportun qu’au moment où la Diaspora togolaise est prête à franchir le pas de son engagement nouveau, une ville américaine puisse lui servir de tremplin et de rampe de lancement. Les bases de ce pont vont effectivement être posées à Chicago, la ville où fut signé l’acte de naissance du fameux « Yes We Can ». Chicago rime avec Togo, et le pont devrait tenir face à toutes les hésitations qui, jusque-là, avaient prévalu dans la Diaspora elle-même.
Redresser le tragique par le Consensus de Chicago
Chicago sera bien un début, audacieux et prometteur, bien installé au cœur des prochains rendez-vous prévisibles ou imprévisibles, pour le devoir du changement politique au Togo. C’est véritablement la nécessité du changement pour l’alternance démocratique au Togo qui fait converger la Diaspora togolaise vers Chicago.
Le Consensus de Chicago sort la Diaspora du rôle passéiste de la muette spectatrice. Asseoir une communication régulière, certes. Mais aussi et surtout un Lobbying diplomatique international intense ainsi qu’une collaboration assidue avec les acteurs politico-sociaux républicains sera le prolongement assumé du Consensus de Chicago. Tout ce qu’il faut pour exprimer le refus de se cacher du Togo politique en détresse, ou encore vouloir se cacher des grands défis que pose le Togo à l’ensemble de ses citoyennes et citoyens. La Diaspora a une responsabilité politique à exercer.
Auprès des Togolaises et des Togolais s’impose désormais l’amour d’un seul combat : le combat pour la dignité. Ce combat n’est dirigé contre personne; c’est le combat contre le tragique. Le combat pour la dignité est une lutte pour une autre dynamique politique dans laquelle la Diaspora doit s’investir, ouvertement, et aider à redresser le tragique.
Le tragique fait actuellement du Togo « un navire en grande difficulté qui continue de voguer sur des eaux toujours plus houleuses», selon les termes de l’auteur de la « Décadence » et du « Décoloniser les provinces ». Après du dilatoire sous toutes les formes, de fréquentes grèves en mécontentements généralisés, la détermination politique autant que le devoir citoyen oblige à emprunter et à envisager d’autres résolutions face au système cinquantenaire qui ne peut pas ne pas couler sur des mers aussi houleuses qu’attirantes de la démocratie universelle.
Il n’y a plus rien à faire d’autre au Togo que de travailler à confronter la réalité d’une situation dont l’issue réside véritablement dans les mains des acteurs capables d’offrir des avenues et des alliances nouvelles. Clairement, « La voie d’eau est largement ouverte dans la coque du bateau» Togo. Dans la Diaspora togolaise, l’heure est à une présence politique assumée, de digne envergure et de la dimension d’un Togo autre. C’est cette présence qualitative qui est attendue au Consensus de Chicago, pour ne plus être de simples spectateurs devant le destin du Togo.
Pierre S. Adjété
Québec, Canada
22 mars 2017
27Avril.com