Les réactions des togolais de la diaspora continuent de faire la une des journaux avec cette fois-ci Monsieur Albert Kate qui souhaiterait une date limite pour la mise en place du comite de suivi, la mise en place d’un gouvernement de consensus dans un bref délai, un nouveau format du dialogue et lance un ultimatum d’arrêt de la bipolarisation des pourparlers en cas de blocage continuel d’ici fin Aout.
Info Diaspo : Mr Albert Kate, quelle est votre appréciation des recommandations de la CEDEAO assorties du dialogue inter-togolais que vous aviez tant promu ?
Mr Albert Kate : Effectivement, nous démocrates, n’avions ménagé aucun effort pour la tenue de ces pourparlers qui doivent permettre au peuple togolais d’être soulagé en constatant des avancées notables sur le plan politique mais principalement dans le cadre de la résolution de la crise qui sévit au Togo depuis le 19 Aout. Les recommandations de la CEDEAO ont recadré le débat dans le contexte des reformes et des élections comme seule voie réaliste et légale vers l’alternance, le renforcement de la démocratie et l’état de droit. Disons un reflet de l’accord politique global de 2006, à l’exception de l’outil principal et organe qui aura en charge la mission de réalisation des reformes, c’est-à-dire le gouvernement, non mentionné clairement dans le document de la CEDEAO. Si en 2006, l’APG a été fauché par un tir dans le dos donné au gouvernement d’union et tout est parti à terre, d’aucuns auraient imaginé qu’après le rejet de l’idée d’un gouvernement de transition, cette fois-ci, il fallait quand même présenter clairement et sans ambiguïté, quel autre modèle de gouvernement ferait ‘consensuellement’ lesdites reformes en 2018 ? Cette insuffisance fait des recommandations de la CEDEAO ‘un sandwich sans viande’.
Info Diaspo : Selon vous, est-ce que le peuple togolais est satisfait après le 31 Juillet ?
Mr Albert Kate : Non, aucun enthousiasme n’a été observé au Togo tout comme à l’extérieur. Les 1ers à grincer les dents sont les protagonistes eux-mêmes. Comparé aux conclusions de l’accord de Ouaga en 2006, il faut dire que tout le processus des pourparlers depuis Février 2018 ne donnait pas grand espoir, puisque les positions n’étaient pas rapprochées visiblement. C’est dommage pour le peuple togolais qui avait tant soif d’un ouf de soulagement ! Ce qui aurait été bien, à mon avis est ceci : un scenario à ce que nous avions vécu le dernier jour de la rencontre de Ouaga, en demandant à la CEDEAO de faire ses recommandations avec un délai de 72 heures pour la mise en place d’un gouvernement de consensus dont les prérogatives seraient raisonnablement meilleures, juste pour éviter les erreurs du passé sans toutefois donner l’occasion aux ministres de tirer la barbe à leurs supérieurs ou créer des blocages partisans. Également, un délai pour la mise en place du comité de suivi était nécessaire pour soutenir l’estimation du délai de réalisation des reformes dans le temps imparti d’ci la date butoir des élections du 20 Décembre.
Info Diaspo : Selon le document de la CEDEAO, la diaspora votera aux élections nationales. Etes-vous satisfaits ?
Mr Albert Kate : Si la diaspora doit voter, il nous faut des sièges. Des Députés des Togolais de l’extérieur s’il le faut. Mais tenez-vous bien, les reformes doivent clarifier les conditions d’éligibilité qui permettraient à un togolais de la diaspora de se positionner partout au Togo, que ce soit comme candidat indépendant, comme le représentant d’un parti politique ou autre. C’est pourquoi il faut que la diaspora participe aux travaux des reformes affectant les togolais de l’étranger, c’est cela aussi la bonne démocratie et la bonne méthode de faire des reformes.
Info Diaspo : Quelle appréciation faites-vous de l’atmosphère politique, voyez-vous le bout du tunnel ?
Mr Albert Kate : C’est simplement regrettable qu’après 5 mois de négociations et après les recommandations de la CEDEAO, ce sont les mêmes vacarmes d’avant le dialogue qui continuent pour casser le tympan aux togolais. Le format d’isolement de chaque camp doit changer et permettre des rencontres directes face à face entre togolais pour créer la confiance et décrisper l’atmosphère afin d’accoucher des réformes ambitieuses. Si les deux camps n’arrivent toujours pas à faire sortir la fumée blanche très prochainement, ou ne veulent pas se parler directement on se demande comment ils peuvent travailler ensemble effectivement, en l’absence des facilitateurs. Alors, d’ici fin Aout si rien n’évolue et les protagonistes expriment toujours l’amertume et le statu quo, ce serait de bonne guerre que la société civile et la diaspora sifflent la fin de cette bipolarisation du dialogue pour une ouverture a une troisième force à la table des négociations, dans l’intérêt supérieur de la nation.
Source : www.icilome.com