Parti en 2005 sur la pointe des pieds, donc par la petite porte, pour sauver sa vie après avoir claqué la porte du gouvernement qu´il accusait de préparer un bain de sang pour installer Faure Gnassingbé contre la volonté du peuple, il revient aujourd´hui par la grande porte. Officier de gendarmerie de son état, François Akila-Esso Boko connaît le système politique Gnassingbé pour y avoir servi à divers niveaux surtout sous Éyadéma. Seulement quelques heures ou jours nous séparent de son retour annoncé depuis longtemps ; au Togo et dans la diaspora tout le monde va de son petit commentaire et s´interroge : que signifie ce retour pour le paysage politique togolais ?
Boko devrait peser chaque mot avant de s´exprimer dès son retour au pays natal, car toute déclaration de sa part sera analysée, scruptée, interprétée par beaucoup de ses compatriotes pour déceler la couleur politique qu´il entend désormais prendre. Un demi-siècle d´un régime d´exception, d´injustices de toutes sortes et surtout de trahisons, a rendu les togolais méfiants, très méfiants. Certes, M.Boko, de son exil, avait eu des accointances avec l´opposition togolaise surtout au lendemain de la mascarade électorale de 2010 en aidant à créer le FRAC. Des indiscrétions prétendent qu´il n´était pas étranger à la mise sur pied du « Collectif Sauvons le Togo » (CST), piloté à l´époque par le professeur de droit et avocat Zeus Ajavon. Au début du fameux dialogue de sourds entre la coalition de l´opposition et le pouvoir RPT-UNIR en février 2018, le facilitateur ghanéen Akufo Ado l´aurait rencontré à Londres pour prendre un cours sur l´énigme togolaise. Depuis cette période plus de nouvelles de Akila-Esso Boko jusqu´aux rumeurs sur sa décision de revenir au pays depuis quelques mois.
Pourquoi cette décision de sa part de revenir au pays qui l´a vu naître au moment où l´opposition togolaise se retrouve à la case départ en termes de lutte contre la dictature ? C´est tout à fait légitime que chaque citoyen ait un rêve, une ambition pour son pays, en un mot, Boko a le droit comme tout le monde d´avoir des ambitions politiques. Mais il retrouvera une coalition de l´opposition en lambeaux et des leaders politiques aux agendas divers. Sur les ruines de cette opposition togolaise disloquée certains essaient d´échapper au naufrage en relevant la tête.
Vers qui se tournera François Akila-Esso Boko à son retour s´il entend jouer un rôle pour apporter sa pierre pour l´alternance politique au Togo ? A-t-il encore cette ambition de rassembleur qui l´avait animé en 2010 à la création du FRAC à Paris ? La décennie et demie d´exil et ses activités de fonctionnaire international lui ont certainemet permis d´étoffer son carnet d´adresses. Comment entend-il utiliser cet avantage pour faire bouger positivement les choses dans son pays d´origine ? Avant de faire ses valises, Boko aurait eu des entrées à l´Élysée, à Washington et à Berlin. Qu´est-ce qui lui a été garanti ? Qu´est-ce qui lui a été promis ? A-t-il dû promettre ou garantir des choses à ses interlocuteurs, surtoutr à Paris ? Voilà quelques-unes des interrogations que beaucoup de togolais se posent.
Pourquoi Faure Gnassingbé lui aurait garanti la sécurité à son retour, selon ses propres dires ? Lui qui est devenu depuis longtemps l´opposant au fils d´Éyadéma ? Y-a-t-il eu un deal caché qui fait que le président du Togo n´aura rien à craindre des ambitions politiques du Saint-Cyrien ? Boko surprendra-t-il les togolais en posant sa valise dans le salon du RPT-UNIR ? La dictature togolaise et ses supports étrangers sont tellement dangereux et ont plus d´un tour dans leur sac qu´aucune éventualité n´est à écarter. Elles sont légion ces personnalités qui, après avoir été persécutées, pourchassées et humiliées par le régime, sont revenues la queue entre les pattes, reprendre du service avec beaucoup plus de zèle.
Mais moi personellement je ne crois pas et ne souhaite pas cette dernière hypothèse assez pessimiste. Boko est un homme intelligent dont le Togo a besoin. Nous en avons assez de ces intellectuels autour du dictateur de père en fils, qui ont décidé de mettre leur grande intelligence entre parenthèses pour servir le diable.
En tout cas pour le moment ce ne sont que des hypothèses comme beaucoup de nos compatriotes se les posent. Laissons arriver François Akila-Esso Boko et nous serons tous situés dans quelques jours.
Bon retour au pays natal, valeureux compatriote !!!
Samari Tchadjobo
Source : telegramme228.com