Un garçonnet d’à peine 4 ans de la diaspora allemande « emprisonné » à Lomé depuis 2 mois et demi.

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Qu’y a-t-il de plus dur et de plus stressant que d’être séparé de sa famille pour longtemps par la force? Même pour les adultes d’un certain âge, penser à une telle éventualité, ou être contraint de la subir équivaudrait à une torture morale qui pourrait engendrer des retombées négatives sur le corps humain. Tout le monde comprendrait qu’un tel calvaire serait encore plus durement ressenti par un petit enfant d’à peine 4 ans comme c’est le cas de ce gamin, victime de la persécution tous azimuts du régime togolais.

Alfa Fatihoulah, c’est le nom du petit germano-togolais, très lié à son père et arrivé avec lui au Togo pour visiter la famille, laissant en Allemagne la maman et le reste de ses frères et soeurs. Son père, c’est Alfa Ibrahim, kidnappé fin janvier 2022 par la police politique du régime Gnassingbé et incarcéré depuis lors à la prison civile de Lomé. Nous nous résumons: un père et son petit rejeton attérissent à Lomé, venant de Hambourg en Allemagne; peu de temps après, le petit enfant de 4 ans à peine est brutalement séparé de son papa qui est son seul repère dans ce milieu qui lui est peu familier. Les oncles, les tantes et tout le reste de la grande famille est là, certes, mais n’oublions pas son âge, son lieu de naissance situé à des milliers de kilomètres, et surtout sa maman, ses frères et ses soeurs; personne de son entourage habituel à ses côtés. Il s’agit ici sans nul doute d’un cas qui, si nous étions dans un pays où les libertés individuelles et la liberté tout court étaient respectées, intéresserait les associations de défense des droits de l’homme et surtout de défense du droit des enfants.

S’il n’y avait pas eu le régime togolais avec sa propension maladive à voir partout le danger à sa survie, s’il n’y avait pas eu, en un mot, cette persécution aveugle de tous ceux qui pensent autrement, politiquement parlant, Alfa Ibrahim et son petit garçon auraient paisiblement passé leurs vacances dans le pays de leurs ancêtres, et seraient tranquillement retournés en Allemagne; et personne ne parlerait aujourd’hui d’un gamin d’à peine 4 ans abandonné à son sort dans la jungle loméenne. Tout le monde sait à peu près aujourd’hui comment nous sommes arrivés à ce drame qui consiste à ce que trois Togolais croupissent en prison depuis un peu plus de deux mois sans avoir rien fait. Nous ne savons toujours pas pourquoi Sébabé-Gueffé Nouroudine, Alfa Ibrahim, Boukari Abdoulrazak et deux autres citoyens furent conduits cette soirée du 27 janvier 2022 au SCRIC (Service Central de Recherches et d’Investigations Criminelles) par des agents de la gendarmerie en tenue civile. Au nombre de cinq (5) au départ, deux seront libérés et les trois premiers seront déférés plus tard en prison. En dehors de Gueffé Nouroudine qui est le trésorier général du PNP (Parti National Panafricain) et qui l’assume, les deux autres ne sont que des citoyens anonymes qui ne demandent qu’à vivre en liberté. Ou bien est-il désormais interdit au Togo d’appartenir à une formation politique de son choix et d’y militer; ou d’appartenir à certains groupes ethniques? Comme on le voit, en dehors de la raison du plus fort, devenue depuis longtemps la marque de légitimité du régime togolais, il n’y a pas d’autres raisons qui puissent expliquer une telle privation de liberté à des citoyens qui n’ont fait de mal à personne.

Quant au petit héros malgré lui de notre article qui se trouve à un âge d’insouciance totale et ne comprend donc pas trop ce qui lui arrive, les conséquences, pour le moment invisibles, pour sa vie future, pour son cursus scolaire par exemple, risquent de lui jouer un sale tour. Il était prévu qu’à leur retour du Togo, il devrait être admis à la maternelle ou jardin d’enfants; et ici en Allemagne comme dans tous les pays du monde cette étape préscolaire est très importante pour le développement humain et social de l’enfant en se frottant aux autres enfants de différents caractères. C’est pourquoi, malgré l’apparente quiétude dont semble jouir Alfa Fatihoulah dans la grande famille à Lomé loin de son père, de sa mère et de ses autres frères et soeurs, la seule possibilité pour lui garantir un avenir sans grands risques, est de le faire retourner en Allemagne en compagnie de son père avec qui il est très lié. Mais nous savons tous que ce dernier se trouve à la prison civile de Lomé. C’est le lieu ici d’en appeler aux organisations de défense des droits de l’homme qui font déjà leur travail à la Togolaise dans des conditions difficiles, aux organisations de défense du droit des enfants, aux conseils juridiques proches du dossier Alfa Ibrahim pour qu’ils redoublent encore plus d’efforts pour sa libération et celle de ses compagnons d’infortune.

Quant aux autorités togolaises qui, au lieu de travailler à l’enracinement de la liberté et de la démocratie sincère au profit de tous les Togolais sans exception, mènent une politique de division et de persécution de citoyens qui pensent autrement, nous ne cesserons de rappeler le calvaire de dizaines de prisonniers politiques, dont beaucoup sont déjà morts en détention ou peu après leur libération. L’arrestation de Alfa Ibrahim ayant pour conséquence le séjour forcé d’un petit garçon d’à peine 4 ans au Togo, loin de sa famille dont il a encore besoin vu son âge, est illégale comme d’ailleurs la détention de tous les autres détenus politiques dont la santé de beaucoup laisse à désirer. Pour des raisons humanitaires, pour l’apaisement du climat politique dans le pays et pour la protection des êtres encore fragiles comme ce petit enfant, Alfa Ibrahim et son groupe et tous les autres prisonniers politiques, dont Kpatcha Gnassingbé ,doivent retrouver la liberté; de même, tous les réfugiés politiques, tels que Tikpi Atchadam, Olivier Amah, Messan Agbéyomé Kodjo, Monseigneur Philipe Fanoko Kpodzro, pour ne citer que ceux-là, doivent pouvoir revenir au Togo sans aucune crainte pour leur sécurité.

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com