Tué pour ses idées !

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On ne saura peut-être jamais de qui vient cette balle qui a eu raison de Aladi Nadjinoudine mardi à Agoè Zongo, un quartier dans les périphéries de Lomé. Comme toujours au Togo, le seul tort de ce citoyen, c’est d’avoir affiché sur la place publique, son mécontentement vis-à-vis d’une augmentation controversée des prix des produits pétroliers. Pour avoir dit non aux « mensonges d’Etat » devenus un sport national au Togo, un individu perché du haut de son bureau confortable, un «seigneur» a ordonné que les des militaires répriment le peuple avec des balles réelles.

A cette heure, certains quartiers de Lomé ressemblent à un champ de bataille. Pour ne mâcher aucun mot, la minorité pilleuse dirigée par Faure Gnassingbé, un amas d’hommes d’affaires, bref le lobbying de pétrole, livrent becs et ongles une rude répression contre tout contestataire de leur entreprise. Des soldats sont postés à tous les coins de rues et prêts à ouvrir le feu sur le premier qui va broncher.

Au Togo, en surchargeant les produits pétroliers de taxes, Faure Gnassingbé et ses amis d’affaires, appelés « ministres », le subventionnent ainsi pour le peuple. Mais pour ce peuple qui renfloue les caisses de l’Etat, point n’est besoin d’un MBA à l’université de Boston pour savoir qu’un gouvernement qui argue faire les commandes de pétrole par trimestre, promet la vérité des prix et insiste sur le fait que diminution ou augmentation, il ne peut en avoir que par trimestre, puis revient à faire 2 augmentations sur les prix des produits pétroliers en l’espace d’un mois (Fin Janvier 2017 – Fin Février 2017), que ce gouvernement verse dans la supercherie et la malhonnêteté.

Y-a-t-il une liberté d’expression et de manifestation au Togo ?

Pour le ministre Yark Damehame « il faut comprendre que depuis le matin, des instructions fermes ont été données aux forces de sécurité de suivre. Ils ont suivi les manifestants jusqu’à 14-15 heures où ils ont commencé par établir l’ordre ». Il faut comprendre ce que notre ministre de la Sécurité appelle « rétablir l’ordre » avant d’ajouter que « s’il n y a pas débordement du côté des manifestants, il ne peut pas y avoir usage excessif de la force ». Comprenne qui pourra !

Il ne faut pas non plus être titulaire d’un MBA de l’Université de Boston pour réaliser que le contribuable est en face d’une engeance qui impose ses règles de gouvernance, qui ne répond jamais aux interpellations écrites des citoyens, mais ne veut pas non plus voir qui que ce soit manifester sa colère dans la rue.

Les arcanes du régime de Faure Gnassingbé tableront désormais les uns sur les prix des produits pétroliers dans les pays voisins où le niveau de vie, le salaire et le PIB par habitant n’ont rien à comparer avec le Togo, puis les autres braqueront les discours sur les dégâts matériels car pour eux, la misère ambiante, le calvaire quotidien et éternel du citoyen ne peuvent rien justifier.

Pour dépenser plus de 10 milliards en une seule journée de 15 Octobre 2016 pour le confort de Faure Gnassingbé et une vingtaine de chef d’Etats africains, le gouvernement en a une fierté à parler. Mais pour 2 modiques milliards toujours de la poche du contribuable qu’on aurait dépensés pour subventionner les produits pétroliers pour 7 millions de Togolais en 30 jours, les « commerçants de la République » se mordent les doigts, et sont prêts à déverser les chars et tout le dispositif de guerre du pays sur les populations.

Aujourd’hui un homme est mort, parce qu’il n’est pas content de la façon dont Faure Gnassingbé gère l’argent du peuple. A côté, il y en a qui sont encore bien accrochés aux poste juteux de l’administration et au business qui va avec, ceux-là, une toute poignée, sont prêts à tout pour mener la vie dure à tout un peuple !

Ils vont jouer sur tous les mots, toutes les sensibilités, des menaces, ils ont même déjà arrêté des jeunes dont le seul péché est de protester contre l’injustice, et ils ne reculeront devant rien, pour ne plus perdre 2 milliards, car il y a des sommets ou des « parties galéjades » que la minorité planifie organiser à coups de milliards. Et c’est le citoyen qui doit en assurer les charges !

Aujourd’hui les Togolais conduisent à sa dernière demeure, un autre vaillant combattant de la liberté et de la justice, de la bonne gouvernance, du désir d’un pays normal où les gouvernants servent le peuple et non le contraire. Alabi Nadjinoudine rejoint ainsi Anselme Sinandare et Douti Sinalingue.

A.Lemou

www.icilome.com