Une cérémonie de lancement des travaux pour la construction d’un nouveau cimetière s’est déroulée ce mercredi dans la ville de Tsévié, située à 35 km au nord de Lomé. C’est le préfet de la localité qui a donné le premier coup de pioche, annonçant ainsi le démarrage de ces travaux dont le coût est estimé à 120 millions de FCFA.
Le lancement de ces travaux (construction d’un cimetière) a provoqué depuis hier des débats sur la toile. Et c’est à raison.
Depuis quelques années, Tsévié manque cruellement d’infrastructures pour rendre cette ville historique attrayante. Les quelques bâtiments publics qui tiennent encore debout sont vétustes et donnent l’aspect archaïque à la ville. Elle perd peu à peu sa beauté d’antan et rejoint le lot des villes abandonnées par 50 ans de mauvaise gestion au Togo. Et, commencer la modernisation de la ville par un cimetière est anodin aux yeux de beaucoup d’observateurs.
Cela fait plusieurs années également que la population de Tsévié réclame l’équipement du Centre hospitalier régional (CHR). Aujourd’hui, cet hôpital manque de tout. Comme beaucoup d’autres centres hospitaliers au Togo, l’hôpital de Tsévié est devenu un mouroir où la plupart des malades ne ressortent que les deux pieds devant en y entrant. Il faut faire les pieds et les mains pour trouver un simple paracétamol pour soigner un petit mal de tête.
« Nous voulons bien prendre soin des malades, mais nous n’avons pas le matériel adéquat pour ce faire. Vous pensez que c’est une joie pour nous de voir nos compatriotes souffrir devant nous ? Nous ne pouvons rien faire. Nous ne pouvons pas aller chercher nous-mêmes ces matériels avec le maigre salaire que nous avons à la fin du mois. Nous sommes impuissants devant la souffrance de la population. Malheureusement, celle-ci pense que c’est nous les médecins qui refusons de les soigner, et c’est regrettable », a déploré un agent de santé dans la ville.
Et un ambulancier de renchérir : « C’est gênant parfois de devoir dire aux gens qui nous sollicitent qu’il n’y a pas de carburant dans le véhicule. L’hôpital assure difficilement ce côté ».
Devant cette situation dans laquelle la population évite la plupart du temps de se rendre dans cet hôpital, de peur d’être déçue, les autorités de la ville ont préféré privilégier la construction d’un cimetière. C’est justement ce qui provoque le débat chez beaucoup d’observateurs.
A les en croire, il faut s’occuper des vivants au lieu de penser à mettre à l’aise les morts. « C’est surprenant ce qui se passe dans ce pays. Doit-on penser qu’on aime plus les morts que les vivants ? », s’est indigné un internaute.
Construire un cimetière moderne n’a rien d’anormal. Cela participe d’ailleurs au développement de la ville. Mais lorsqu’on sait que l’hôpital de la ville est sous-équipé et manque presque de tout et qu’on a juste besoin d’un peu plus de la moitié du budget alloué pour la construction de ce cimetière, pour donner un peu de souffle à ce centre hospitalier, il y a de quoi à s’inquiéter.
Le même débat s’est posé à Lomé lorsque la morgue du CHU Sylvanus Olympio a été fermée pour travaux dont le coût est estimé à plusieurs millions de nos francs. Pendant ce temps, le plus grand centre hospitalier du Togo, où se trouve cette morgue, manque de tout. Cela fait des années que les voix s’élèvent pour demander ne serait-ce au moins un scanner au CHU Sylvanus Olympio qui n’en dispose pas.
Il est clair, au vu de tout ceci, que la vision des dirigeants est diamétralement opposée à celle des populations togolaises. Le peuple togolais veut un changement dans son quotidien (se nourrir convenablement, se vêtir, s’éduquer et se soigner), mais les dirigeants, eux, veulent faire plaisir aux partenaires.
I.K
Source : www.icilome.com