Trump et l’Afrique

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Le président américain Donald Trump a rarement mentionné le commerce avec l’Afrique depuis son arrivée au pouvoir en début d’année. C’est à peine d’ailleurs s’il a mentionné le continent.

Mais le forum annuel AGOA (African Growth and Opportunity Act; Loi sur la Croissance et les Opportunités de Développement en Afrique) qui se tient actuellement à Lomé est l’occasion pour les hauts représentants commerciaux américains de s’entretenir avec des délégations ministérielles de l’Afrique sub-saharienne, et de révéler les stratégies économiques que Washington souhaite développer avec ce continent de 1,2 milliard d’habitants. 

– Qu’est ce que l’AGOA ? 

Cet accord commercial a été mis en place en 2000, sous l’administration Clinton, pour faciliter et réguler les échanges commerciaux entre les Etats-Unis et l’Afrique. Au fil des années, 6.000 produits sont concernés par les réductions de taxes à l’importation, mais elles ne sont applicables que sous certaines conditions. Les pays participants à l’AGOA doivent remplir des conditions concernant les droits de l’Homme, la bonne gouvernance et la protection des travailleurs. 

En 2017, le nombre des pays éligibles à l’AGOA s’est élevé à 38.

– Quelle politique commerciale avec l’Afrique sous Trump ? 

Le président américain n’a pas montré de signes très encourageants pour le continent lors de ses premiers mois à la Maison Blanche. Il s’est jusqu’à présent concentré sur les accords de libre échange nord-américains (North American Free Trade Agreement) ou sur les accords commerciaux avec la Chine. Mais la délégation américaine de Lomé sera présidée par Robert Lighthizer, son représentant direct au Commerce à Washington. 

– Quel intérêt pour l’Afrique ?

Le président Trump a souvent répété qu’il mettrait « l’Amérique d’abord » dans toute négociation des accords commerciaux, mais le porte-parole américain présent à Lomé a assuré que Washington avait un « intérêt très important pour le marché africain ». 

« Il y a des opportunités pour les investisseurs américains dans plusieurs secteurs », a-t-il expliqué à l’AFP. « Par exemple le secteur de l’énergie électrique, les opportunités sont énormes. Il y a également l’agriculture. Les structures en Afrique doivent se moderniser, d’où l’accompagnement de secteur privé américain ».

Toutefois, les importations américaines en provenance de l’Afrique subsaharienne ont fortement diminué ces dernières années (18,7 milliards de dollars en 2015 contre 26,8 milliards de dollars en 2014, soit une baisse de 30%). Elles ne représentaient que 0,8% des importations totales des Etats-Unis en provenance du monde.

La diminution des importations de « pétrole est une raison importante », souligne l’économiste Bismark Rewane, directeur de Financial Derivatives Company à Lagos. « Mais les Africains cherchent désormais d’autres partenaires, locaux, régionaux et dans d’autres régions du monde ».

« Ils sont devenus très sceptiques envers les Etats-Unis et le niveau d’intérêt a changé », explique l’économiste nigérian. 

– L’accord peut-il être modifié au bénéfice des Etats-Unis ? 

Donald Trump a régulièrement dénoncé les politiques protectionnistes adoptées par ses partenaires commerciaux et peut utiliser l’AGOA pour décourager toute mesure dans ce sens. 

L’Afrique de l’Est par exemple a exprimé sa volonté d’interdire les importations de vêtements d’occasion (revendus à moindre coût sur le continent), arguant que cela mettait en péril les industries de textile de la région. 

Mais une telle interdiction est contraire aux conditions fixées par l’AGOA. « Les critères sont très clairs sur la restriction d’importation des produits américains », a expliqué Constance Hamilton, représentante économique pour la Maison Blanche en amont du forum de Lomé. 

Une telle restriction mettrait 40.000 emplois américains en danger, a-t-elle prévenu.

– Que doit-on attendre de ce forum ?

Les accords ne devraient pas être modifiés cette semaine à Lomé, mais la délégation américaine peut utiliser ces rencontres pour rappeler les conditions d’échanges avec ses partenaires africains.

Sous l’administration Obama déjà, en novembre 2015, l’Afrique du Sud avait été menacée de sortir de l’AGOA, alors que le pays voulait mettre en place une interdiction d’importation de la viande de boeuf et de volaille américaine pour des raisons sanitaires. Une menace très importante pour le secteur minier sud-africain qui exporte une grande quantité de platine outre-Atlantique. 

© AFP

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