Il a créé la jurisprudence par sa décision. Il s’est évidemment exécuté. Mais cela suffira-t-il pour que son rêve de devenir le premier parquetier au Tribunal de première instance de Lomé se réalise ? Le doyen des juges d’instruction, Awi Adjoli, a étonné son monde par sa décision bien que le dossier de Gabriel Agbeyomé soit vide. Pourvu que la hiérarchie ne l’oublie pas à l ’heure des affectations qui s’annoncent imminentes.
Maintenant que « la voie est balisée » et que le « trouble-victoire » semble muselé. S’il était possible aux gouvernants de trouver une muselière collective à tous ceux qui crient à la fraude lors du scrutin du 22 février 2020, certainement qu’ ils demanderaient le prix pour l’acquérir.
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Mais pour parer au plus menaçant, ils ont jeté leur dévolu sur le candidat autoproclamé é vainqueur qui a étalé les fraudes pyramidales et transversales orchestrées par le parti Unir & Cie à travers quelqu’un qui pourrait être « promu » procureur de la République pour « service rendu ».
Sauf cataclysme, l’actuel Procureur de la République devra aller voir ailleurs, ses camarades de promotion étant à la cour d’appel et à la cour suprême depuis belle lurette. Et donc le poste tend les bras à celui qui fera montre de plus de zèle. Le dossier Agbéyom é constitue une aubaine à ne pas rater, même pour un juge de siège.
Ainsi, bien qu’un déploiement inédit de forces de l’ordre ait été mis en mouvement, malgré le tohu-bohu occasionné par l’arrestation de Gabriel Agbeyomé, l’homme n’a pas passé la nuit ailleurs que chez lui.
Mais sous quatre condit ions dont les deux dernières étalent comment un juge de siège peut se transformer en receveur d’instruction, une incongruité réservée aux parquetiers : interdiction de faire toute déclaration tendant à la remise en cause des résultats du dernier scrutin présidentiel du 22février 2020 ; et interdiction de tous propos, déclarations ou attitude tendant à remettre en cause et à saper l’ ordre constitutionnel et institutionnel existant. Tout ceci sur un papier sans en-tête signé du doyen des juges d’instruction, Awi Adjoli.
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Les deux dernières conditions du contrôle judiciaire ont tout l’air d’ordres reçus auxquels le juge aurait déféré. Et pourtant, l’article 4 du statut des magistrats dispose : « Les magistrats du siège, dans l’exercice de leurs fonctions juridictionnelles, ne peuvent recevoir des instructions hiérarchiques ».
Mais par contre les parquetiers, oui : « Les magistrats du ministère public sont placés sous la direction et le contrôle de leurs chefs hiérarchiques et sous l’autorité du Garde des Sceaux, ministre de la Justice. Ils sont tenus par les instructions données par l’autorité hiérarchique pour le dépôt de leurs réquisit ions. A l’audience, leur parole est libre ». Comme on le voit et par rapport à ce que le juge Adjoli Awi a pris comme conditions du contrôle judiciaire, il apparaît que ce juge a reçu d’instructions.
Il arrive que dans une carrière, on ambitionne d’occuper un poste. Et pour ce faire, il faut être prêt à faire l’âne pour avoir le foin. Même en sacrifiant le bon sens et la m orale. Nous avons appris que le doyen des juges fait partie des « vieux juges » rivés en première instance depuis plus de « t roi s mandat s présidentiels ».
C’ est depuis 2002 qu’il est là, sans penser à aller de l’avant comme ses autres collègues qui étaient en première instance tout comme lui, mais dont certains sont aujourd’hui à la Cour d’ appel, et d’ autres à la Cour suprême.
Le ministre Pius Agbetomey affirme que le juge n’a pas de plan de carrière ; et pourtant, il est des juges « spéciaux ou spécieux » qui sont royalement « oubliés » lors des affectations. 2002-2020, que des zéros et des deux, pour dix-huit ans cumulés sans interruption en première instance. C’est quelle justice ça, monsieur le ministre ?
Va-t-on encore voir le doyen des juges et d’autres comme le Procureur de la République durer éternellement en première instance, ou iront-ils voir ailleurs ? Le doyen des juges d’instruction sera-t –il récompensé pour avoir muselé Gabriel Agbeyomé ? Car, on commence à établir le lien invisible qui veut que des juges soient inamovibles à des postes, contre services !
Liberté No 3139
Source : Togoweb.net