Transparence dans la lutte contre la corruption, Togo vs Niger : Splendide but de la HALCIA (Niger) contre la HAPLUCIA (Togo) !

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Transparence dans la lutte contre la corruption, Togo vs Niger : Splendide but de la HALCIA (Niger) contre la HAPLUCIA (Togo) !

Il n’y a pas que dans le sport qu’on assiste à des gestes acrobatiques et de grande classe. Avec ce qui vient de se passer au Niger, toutes les structures de lutte contre la corruption devront se livrer une bataille de résultats couplée à une transparence qui doivent montrer de la volonté aux yeux des bailleurs de fonds et autres investisseurs. Délivrance du permis biométrique, dossier des hydrocarbures et recrutement d’agents pour le compte de la CENI au Niger viennent de conférer à la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA) un avantage certain que sa consœur du Togo devra copier, vu que ce ne sont pas les dossiers qui lui manquent.

Au pays de l’uranium, la seule évocation du nom Gousmane Abdourahamane fait trembler et met d’accord les populations. Non pas de par sa stature, mais pour son INTEGRITE. Et quand l’homme appose sa signature en bas d’un document, c’est que c’est bon. Et il vient encore de le démontrer dans trois dossiers sensibles. Les populations nigériennes n’ont pas fini d’applaudir le communiqué de jeudi dernier dans lequel la structure dirigée par Gousmane épingle des corrompus et des faits de corruption. En rappel, la HALCIA a été créée en 2016 et a pour mission de prévenir et de lutter contre la corruption et toutes formes d’infractions au Niger. A la date du 17 août, l’institution a déjà reçu plus de 180 plaintes et dénonciations portant sur des infractions diverses.

Quand la HALCIA frappe au Niger

« Dans le prolongement de son point de presse organisé le 16 août 2019, la Haute autorité de lutte contre la corruption et les infractions assimilées (HALCIA) a poursuivi ses investigations, notamment sur le permis biométrique, les fraudes des hydrocarbures et le concours de recrutement des agents d’enrôlement biométrique pour le compte de la CENI. A cet effet, la HALCIA tient à porter à l’attention de l’opinion publique les résultats des investigations effectuées.

1. Sur le permis biométrique, la HALCIA a auditionné l’ensemble des parties prenantes dans ce dossier, y compris le ministre chargé des Transports. Un rapport a été dressé et transmis au Président de la République et au Procureur de la République. Le rapport a révélé des fautes administratives imputables à certains responsables du ministère du Transport et des indices graves et concordants d’infraction à la loi pénale imputable aussi à certains responsables administratifs pour avoir perçu et détenu des deniers et valeurs en l’absence de toute habilitation. Le rapport a conclu à l’existence d’un conflit d’intérêts en ce que le partenaire local du titulaire de la concession est un parent proche du ministre des Transports.

2. Sur le dossier des hydrocarbures, le rapport d’investigation a concerné les exportations des hydrocarbures en 2017 sur le Mali, le Burkina Faso, le Nigeria et le transit des hydrocarbures pendant la période de mars à mai 2018. Sur le volet relatif aux exportations d’hydrocarbures, le mode opératoire a consisté à reverser sur le territoire national des hydrocarbures acquis à un prix préférentiel et hors taxes parce que destinés à être exportés. Ces pratiques ont concerné plus de 150 opérateurs économiques et sociétés et ont engendré un manque à gagner équivalant à 10.185.816.301 FCFA au Trésor public et à la SONIDEP. Sur le volet relatif au transit des hydrocarbures, le montant des droits compromis s’élève à 341.649.880 FCFA et concerne 10 sociétés. Le rapport relatif à ce dossier a été transmis au Président de la République et au Procureur de la République près le Tribunal de Grandes Instances Hors Classes de Niamey.

3. Sur le recrutement des agents d’enrôlement biométrique pour le compte de la CENI, la HALCIA n’a relevé aucune irrégularité ». Un communiqué signé du Président de la HALCIA.

Pendant ce temps, avec la HAPLUCIA au Togo…

Lorsqu’on prend le secteur des hydrocarbures justement, il existe des sommes non négligeables qui ne prennent pas la direction du Trésor public du Togo. Mais jamais aucun audit n’a dit la situation exacte de cette manne que se partage une minorité en toute opacité. Il s’agit des frais issus du mécanisme d’ajustement des prix des produits pétroliers. La HAPLUCIA ignorerait-elle cet état de choses ?

Plus récemment, une plainte pour corruption impliquant des juges haut-perchés a atterri sur la table du président Wiyao Essohanam et compagnie le 22 septembre dernier. Dans une affaire foncière de plus de 26 ha, ils sont nombreux à avoir joué des rôles tous plus flous les uns que les autres, dans l’ultime but d’absoudre le principal bénéficiaire qui est aussi juge. Les victimes de cette affaire attendent beaucoup de la HAPLUCIA.

S’agissant des concours de recrutement, point besoin de faire la fine bouche. Les résultats sont biaisés au profit de parents de la minorité. Santé, justice, administration, même les affectations souffrent de trop de subjectivité. Si la HALCIA a pu s’ingérer dans un concours de recrutement, pourquoi pas la HAPLUCIA, étant donné que les deux institutions poursuivent le même but, la lutte contre la corruption ? A moins que la structure de Wiyao ne soit qu’un paravent aménagé pour…donner le change.

Aujourd’hui, beaucoup de secteurs de l’administration publique sont gangrenés par ce phénomène. Tant et à un niveau tel que même dans le dernier rapport du Groupe intergouvernemental d’action contre le blanchiment en Afrique de l’ouest (GIABA), on peut désormais lire : « La corruption croissante entrave la mise en œuvre efficace de la LBC/FT et, comme de nombreux autres pays de la région, le Togo doit améliorer ses performances en matière de gouvernance et aménager un environnement propice au respect de ses obligations en matière de LBC/FT ». Ou encore, au niveau de la prévalence sous-jacente, « Dans son rapport de 2018 au GIABA, le Togo signalait la prévalence des infractions sous-jacentes suivantes : trafic de drogue, corruption, fraude / évasion fiscale, trafic de marchandises, traite des êtres humains, vol, contrefaçon et piratage. Le blanchiment du produit de ces crimes a lieu par le biais de transactions immobilières, de transports de fonds transfrontaliers et de transactions bancaires ». C’est dire que la corruption est au cœur de la gouvernance, et si Wiyao Essohanam ne se sent pas capable de frapper les corrompus, fussent-ils juges ou autorités, il ferait mieux de rendre son tablier et de retourner dans l’anonymat !

La HAPLUCIA est pourtant plus vieille que sa consœur nigérienne. Puisque c’est en juillet 2015 que la loi n°2015-006 du 28 juillet a porté création de cette institution. Mais pour quels résultats ? Pendant que Gousmane Abdourahamane étale des résultats, Wiyao Essohanam déclarait en juin 2018 : « Nous n’avons pas encore la moyenne qui est de 50 sur 100. Au moins ces données nous permettent de dire que la corruption est réelle au Togo…Les infractions de corruption importantes sont complexes, cachées, intelligentes. Donc difficiles à repérer ». Autant dire que les corrupteurs ont encore de beaux jours devant eux !

Pour rappel, au Niger, les médias et toute la population sont pris comme témoins de la croisade contre le phénomène. Les citoyens peuvent-ils espérer qu’il en sera de même au Togo ? C’est ainsi qu’on rend compte aux administrés et une institution de lutte contre cette gangrène ne va pas passer tout son mandat à conscientiser, pardi !

Les concours de recrutement sont aussi un autre terreau d’infractions qu’une structure digne de lutte contre la corruption et ses infractions assimilées devra prospecter…

Bon à suivre.

Abbé Faria

Liberté N°3019 du Lundi 07 Octobre 2019

27Avril.com