Le Parti National Panafricain (PNP) est une formation politique légalement constituée ayant les mêmes droits et devoirs comme tout autre parti politique au Togo. C´est pourquoi, malgré la persécution tous azimuts de ses responsables et militants par le pouvoir, ce parti continue à mener ses activités qui ne sont qu´un droit constitutionnel. Bien que les nombreux militants du PNP continuent à jouer au chat et à la souris avec l´armée à la solde du régime Gnassingbé pour organiser les réunions hebdomadaires, surtout à l´intérieur du pays, personne au sein de cette formation politique ne se laisse intimider par ce comportement de voyous d´un pouvoir qui ne sait plus à quel saint se vouer.
C´est donc dans le cadre normal des activités d´un parti politique que le Docteur Kossi Samah, Sécretaire Général du Parti National Panafricain (PNP) a effectué une tournée en Allemagne du 11 Août au 02 Septembre 2019. Après le grand meeting animé à Munich le 24 Août, c´était au tour de la ville de Hambourg au nord de L´Allemagne d´acceuillir le SG du parti frappé à l´emblème du cheval.
De fortes délégations du PNP-Belgique, Hollande et Suède y ont fait le déplacement pour ne pas se faire conter l´évènement; sans oublier la section de la ville organisatrice et tous les responsables et militants du PNP de plusieurs autres démembrements en Allemagne. C´est donc dans une salle de conférence pleine à craquer au Rostocker Strasse 7 que Dr Kossi Samah fit son entrée, acceuilli par des mots émouvants de bienvenue en français et en tem de la part de deux petites jeunes filles en habits traditionnels, porteuses également d´un bouquet de fleurs; le tout agrémenté par des chants et tam-tams du terroir. Il était 15h30.
D´entrée, le numéro 2 du PNP ne manquera pas de faire l´historique du Togo en rappelant le 27 Avril 1960, jour de l´acquisition de notre indépendance politique, faisant par là un clin d´oeil à la mémoire de tous ceux qui y avaient contribué. Le conférencier fit également la genèse du calvaire sans fin que vivent les Togolais depuis plus d´un demi-siècle: l´assassinat le 13 Janvier 1963 de Sylvanius Olympio, premier président démocratiquement élu, l´abolition de la République, surtout après l´avènement au pouvoir de Gnassingbé Éyadéma en 1967, le véritable assassin de Janvier 1963, pour imposer un état d´exception qui ne dit pas son nom. La création du RPT en 1969 finit par consacrer une dictature pure et dure avec inévitablement son corollaire de violations massives des droits de l´homme, de confiscation des libertés publiques, de corruption et pillage à grande échelle des ressources du pays, courronnés par une impunité totale pour les malfaiteurs du sérail.
Le médecin de profession, Dr Kossi Samah n´a pas manqué de se souvenir dans sa brillante dissertation de l´époque de révolte et d´espoir des populations togolaises qui bravèrent la terreur du régime Gnassingbé pour réclamer un peu plus de liberté et de démocratie au début des années ´90, dans la foulée du vent de l´Est et de la chute du mur de Berlin. Les quelques acquis engrangés par le peuple malgré la féroce repression avaient beaucoup de peine à résister face à la furie des tenants d´un pouvoir dont le caractère réfractaire à toute idée de démocratie et d´alternance au sommet de l´état n´est plus à démontrer. Pour l´orateur, la mort d´Éyadéma en Février 2005, la sanglante saga qui s´ensuivit avec la prise du pouvoir par son fils Faure, les hold-up électoraux en 2005, en 2010 et 2015 constituent de tristes épisodes qui prouvent à suffisance que le bout du tunnel pour les Togolais ne sera pas en vue sans une lutte acharnée et bien organisée.
Et c´est tout logiquement que le parti politique dont le conférencier est le deuxième responsable, le Parti National Panafricain (PNP) brisa le mur du silence et surtout de la résignation qui semblait être érigé dans beaucoup d´états-major des formations politiques de l´opposition, en surprenant le régime de terreur le 19 Août 2017 après un travail et une organisation en amont bien réfléchis. Le SG du parti Bindjé-guè Bindjé ne manqua pas d´évoquer pêle-mêle la constitution de la coalition la C14, les manifestations à travers tout le pays, le fameux dialogue inter-togolais avec la facilitation de la CEDEAO, le refus du pouvoir Gnassingbé de jouer comme d´habitude le jeu en refusant d´appliquer à la lettre l´esprit de la feuille de route, et surtout en rejetant la révision constitutionnelle proposée par l´expert sénégalais mandaté par l´organisation sous-régionale. L´organisation le 20 Décembre 2018 des élections législatives boycottées à 95% par les populations, et tout dernièrement la mascarade des locales n´ont résolu aucun problème.
Depuis ce crime de 1963 pour lequel le peuple togolais continue de payer sans en être responsable, en passant par les années ´90 avec tous les assassinats et disparitions d´opposants, sans oublier la mise en coupe réglée des ressources du pays par les profiteurs du clan, la mauvaise foi légendaire du pouvoir, l´orateur estime que rien n´a absolument changé pour le quotidien du Togolais. Maintenant que faire? S´est interrogé Dr Kossi Samah.
Si nous arrivons à la conclusion que notre pays est malade et que nous sommes tous togolais, donc c´est un devoir pour nous tous, où que nous soyions, de nous organiser pour venir une fois pour toutes à bout du drame qui tire le Togo depuis un demi-siècle vers le bas. Le conférencier, en poursuivant son propos, lance le slogan qui devrait désormais être celui de tout Togolais digne de ce nom: « Pas de quatrième mandat pour Faure Gnassingbé ». Fidèle à la philosophie de non-violence de son parti PNP, Kossi Samah compte sur la sensibilisation et la mobilisation des populations pour faire courber l´échine à Faure Gnassingbé. Mais si malgré tous les efforts « l´homme simple » continue à s´entêter et annonce sa candidature pour 2020, alors les Togolais, du nord au sud, de l´est à l´ouest, devraient se soulever comme un seul homme pour le faire partir.
Pour terminer, la chance est donnée aux participants de poser leurs questions. Beaucoup sont intervenus pour savoir par exemple la relation actuelle du PNP avec ses anciens camarades de la C14, ou pour s´étonner du lourd silence que gardent certains leaders de partis politiques de l´opposition, alors que 2020 approche à grands pas.
Notons que l´éclat du meeting fut rehaussé par la présence de M. Martin Dolzer, député du parti la Gauche au parlement de Hambourg, et de M. Mathias Malner, un politicien engagé, sympathisant et admirateur du PNP.
C´est par des plats typiquement togolais servis à l´assistance que la rencontre prit fin aux environs de 18h30.
Reportage réalisé par Samari Tchadjobo
27Avril.com