Le parcours d´une combattante qui ne mâche pas ses mots
» Je tiens à manifester ma gratitude à tous ceux qui m’ont permis d’avoir un si agréable séjour ici en Allemagne. Je salue toutes ces braves femmes, les Amazones qui étaient venues en nombre m’acceuillir et me témoigner leur amitié. Je n’oublierai jamais l’ambiance de Brême, de Hambourg et surtout celle de Munich. Merci à mes camarades d’Atlanta et de toute la diaspora togolaise. Je reste convaincue que nous nous retrouverons bientôt et cette fois ci, ce sera pour fêter notre victoire sur la dictature ».
Voilà l´impression qu´emporte Fousséna Djagba de sa tournée au pays d´Angela Merkel du 08 au 16 juin 2018. Une semaine, c´est court, diront certains. Mais une semaine pas de tout repos, pleine d´activités et surtout d´enseignements.
Dès le 08 juin 2018, à peine arrivée, la coordinatrice du Parti National Panafricain (PNP) au Ghana, a tenu à rencontrer la diaspora togolaise dans la ville de Brême pour informer, s´informer et surtout échanger des idées sur les meilleures méthodes pour que la lutte que mène le peuple togolais aboutisse dans les meilleurs délais. Le petit monde des togolais de Brême ne s´est pas fait prier pour venir voir, connaître, et écouter la désormais „dame de fer“ du Parti National Panafricain et de l´opposition togolaise.
Que ce soit à la marche des Togolais contre la dictature le samedi 09 juin à Hambourg, au meeting le 10 juin dans la même ville, ou à la conférence-débat de Munich le 16 juin 2018, Fousséna Djagba se singularisera et fera boucler le bec aux mauvaises langues qui pensent que la femme togolaise serait trop discrète dans son engagement en politique. La native de Tône est pleine d´idées quant à la façon de venir à bout de la dictature des Gnassingbé, devenue une véritable gangrène pour les togolais. C ´est d´une voix convaicue et convaincante que Fousséna assurera toutes ces femmes et tous ces hommes venus l´écouter que la victoire est proche, que la dictature, incarnée aujourd´hui par Faure Gnassingbé, n´est en fait qu´un géant aux pieds d´argile. Il suffit de savoir s´attaquer intelligemment aux quelques piliers grâce auxquels ce régime semble encore tenir. Et sur ce plan la coalition de l´opposition, soutenue par une grande partie des togolais, serait sur la bonne voie.
Courage, persévérance, confiance en soi et un peu plus d´efforts, la victoire est presqu´à portée de main! Tel est le message laissé par Fousséna Djagba aux togolais d´Allemagne partout où elle a passé.
Rappelons qu´avant d´arriver en Allemagne la « dame de fer » avait rencontré nos compatriotes aux États-Unis et en France.
Qui est Fousséna Djagba?
L´histoire de Fousséna ne peut être comprise sans celle de son père Laurent Djagba. D´après le livre noir contre l´impunité au Togo publié par le Parti des Travailleurs du Togo, Laurent Djagba était greffier, syndicaliste et député du CUT, arrêté avec d´autres anciens militants du CUT dans l´affaire du « complot du 8 août 1970 », et assassiné en détention au camp RIT dans la nuit du 31 décembre 1970 au 1er janvier 1971.
Après son accession au pouvoir, Eyadéma tenta d´en faire un ami… et lui proposa d’entrer dans son gouvernement, mais essuya un refus catégorique qui fut assorti d’une téméraire explication. “Je ne sais pas trahir. Et puis, vous aviez des solutions spéciales pour faire mieux que nous. Mettez-les en oeuvre pour que nous voyions à quoi elles ressemblent. Et quels en seront les résultats. En tout cas, ne comptez pas sur moi pour m’associer à vous pour qu’en cas de difficulté, je sois le bouc émissaire.” dira-t-il en substance au président Éyadema. Il venait de signer son arrêt de mort.
Certains de ses amis de l’époque à qui il raconta cette rencontre lui conseillèrent de quitter le pays. Ce qu’il ne fit pas.
Laurent Djagba laisse derrière de nombreux enfants dont Fousséna est la benjamine. Et puisque depuis plus de 48 ans le corps n´a jamais été remis à la famille, Fousséna nous confiera en aparté à Brême que sa maman nourrit jusqu´à ce jour le secret espoir que son mari Laurent Djagba serait encore en vie et croupirait quelque part dans une prison secrète au Togo.
Mais c´est sans colère, ni rancune, ni esprit de vengeance qu´elle s´est engagée auprès du PNP pour apporter sa part à la lutte pour l´alternance et la démocratie dans son pays le Togo. Celle qui était inconnue des Togolais il y a peu, est apparue sur la scène politique dans la foulée des manifestations du 19 août 2017 en se faisant remarquer par des prises de position courageuses en formes d´audios et de vidéos postés sur les réseaux sociaux. Le 28 octobre 2017 quand nos compatriotes résidant au Ghana se font arrêter pour manifestations non autorisées, Fousséna n´avait pas ménagé sa peine, et s´était démenée jusqu´à leur libération. Une femme hors du commun, une amazone venait de naître. À la voir, à l´entendre parler, on sait qu´on a en face quelqu´une qui n´est pas prête de s´arrêter à mi-chemin.
Pour le moment, puisque les tentacules du crime et de l´impunité qui se sont emparés de notre pays depuis les années ´70, tiennent encore, Fousséna Djagba, Tikpi Atchadam, Farida Nabouréma, Amouzou Ricardo et beaucoup d´autres au pays et dans la diaspora sont obligés de se faire encore discrets pour sauver leur peau en attendant le jour de la libération qui n´est plus loin.
Samari Tchadjobo
Source : www.icilome.com