Nous assistons à une aberration de la part de Togocom dans cette affaire de Wifi zone. Ce type de connexion qui permet aux jeunes et aux moins nantis de rester connecter, développer leurs activités et subvenir à leurs besoins élémentaires, nous disons bien « besoins élémentaires ». Parce qu’il faut être un « dieu » pour satisfaire ses besoins dans ce pays où « ses propriétaires », eux, amassent des milliards.
Aberration à Togocom, disions-nous donc. Un client qui se déclare comme wifi zone fait la souscription à 75.000 FCFA et paie ensuite un volume, par exemple, de 500Go à 75.000 FCFA. Si dans une semaine, les 500Go sont épuisés, il est obligé d’aller payer encore un nouveau forfait, ainsi de suite. Alors qu’avant, les 30.000 FCFA que le même client payait est un forfait qui couvrait tout le mois. Ce n’était pas un forfait au volume.
L’autre chose, Togocom demande à ses clients-là de ne pas faire le porte à porte, c’est-à-dire ne pas partager la connexion. Supposons quelqu’un qui a une maison de 3 chambres et qui installe un routeur dans une chambre dans la maison. Togocom interdit à ce client de mettre un répéteur wifi ou un autre routeur dans une autre chambre pour partager la connexion d’une chambre A à une chambre B. si ce client a une boutique, il lui est interdit de partager la connexion de la maison dans la boutique qui se trouve chez lui, dans la même maison. Une connexion que lui-même a payée à un coût exorbitant.
Voilà quelques-unes des aberrations que Togocom met dans ses offres et qui pénalisent les petites et moyennes entreprises (PME) pour qui le Premier ministre appelle les banques (que le Togo ne détient d’ailleurs plus) à soutenir. Les banques vont soutenir les PME qui ne disposeront pas assez de connexion pour leurs activités. Conséquences : incapacité à rembourser les crédits, poursuites judiciaires, etc. Passons ! Actuellement, c’est l’inquiétude chez certains opérateurs économiques à Lomé, surtout ces jeunes qui se battent nuit et jour pour trouver une place sous le soleil.
Ce qui est plus surprenant, c’est le silence de presse togolaise sur ces aberrations, elle qui est aussi un grand consommateur de la connexion. En réalité, cela ne devrait pas être une surprise quand on sait que cette presse s’est fait lier les mains du moment où elle mange à la table de la société Togocom. En effet, la plupart des médias togolais sont aujourd’hui partenaires avec Togocom avec qui ils ont signé un contrat de prestation. Les bannières et autres communiqués de la société défilent dans les organes de presse, sur les radios et télévisions. Une partie du contrat demande aux prestataires de ne rien écrire ou dire de mal de Togocom même si ce dernier décide de saigner les Togolais pour renflouer ses caisses. C’est de bonne guerre.
Si un organe qui ne fait pas partie des prestataires « tire » sur Togocom, la société l’appelle, discute avec lui et lui propose le contrat avec un bon de commande de quelques centaines de milles. L’organe accepte, oublie le reste et même va réécrire un autre « article généreux » en faveur de Togocom qui s’en délecte. Cela s’est encore passé la semaine dernière avec un organe de presse dont nous taisons volontairement le nom. Le confrère a empoché son premier million après être entré en discussion avec les responsables de la société, suite à un article critique qu’il avait écrit contre Togocom.
La presse togolaise, visiblement, a démissionné (nous reviendrons dans une autre publication sur ce qui se passe dans le secteur et ce que pensent des institutions et organismes de la sous-région de la presse togolaise). Il faut le dire. Et c’est fait aussi à dessein par le régime en place pour l’anéantir. Il réussit bien avec la complicité de certains confrères dont la seule ambition est de plaire aux prédateurs de cette presse pour espérer avoir un poste un jour.
Aujourd’hui, la digitalisation oblige la presse traditionnelle à avoir une extension numérique. Avec android, la population peut s’informer en temps réel à travers les sites d’information. C’est un grand atout pour la presse qui, malheureusement, ne se gêne pas pour défendre cette pauvre population à qui on enlève ce droit de s’informer en la privant de connexion. Après c’est pour dire que la presse ne vend plus. Mais nous sommes incapables de créer des modèles économiques pour viabiliser les entreprises de presse. Dommage !
Les opérateurs économiques redoutent l’interdiction de leurs activités à cause des aberrations contenues dans les offres de Togocom. Mais personne pour les défendre, puisque ceux qui sont censés le faire sont assis à la même table que la société. Il faut noter par ailleurs que cette situation touche aussi des ménages qui consomment beaucoup l’internet, et donc la connexion. On imagine un peu le drame que va causer ces décisions de la société.
« La presse est le seul rempart contre la tyrannie », disait Georges Washington. Notre presse l’est-elle aussi réellement ?
Source : icilome.com