Le grand reportage intitulé ‘’ « Si tu me laisses ici, je vais mourir » : la Turquie, l’enfer caché des étudiants africains’’ publié le 16 juin 2023 par Jeune Afrique, et au cœur duquel se trouvent des étudiants africains victimes d’agressions, de prostitution et de viols, fait littéralement froid dans le dos.
De l’assassinat de Jeannah Danys Dina Bongho Ibouanga, 17 ans à qui on avait refusé de remettre son téléphone parce que noire à l’étudiant ivoirien (à Istanbul) qui dit avoir « rencontré des gens qui n’avaient jamais vu de Noirs auparavant. Ils étaient choqués de me voir » ; du Camerounais Emmanuel Chedjou que les autorités turques avaient emballé dans du plastique pour le renvoyer, « tel un bagage en soute », vers Yaoundé, via la compagnie Turkish Airlines, au motif qu’il détenait un faux-visa, au viol collectif subi par les étudiantes africaines, difficile d’inventorier les horreurs vécues par les étudiants noirs dans une Turquie qui, du fait de ses relations diplomatiques sur le continent noir, accueille pourtant un peu plus de 61 000 étudiants ressortissants d’Afrique dans ses universités, si l’on en croit les chiffres du gouvernement turc.
Mais face à la fréquence de ces actes teintés de barbarie, bien des étudiants africains ont tellement déchanté qu’ils donneraient tout pour reprendre leurs études ailleurs que dans ce pays. Ce qui choque dans cette affaire, c’est le silence monacal des leaders du continent pourtant chantres du panafricanisme autoproclamé face à ces attitudes qui ne relèvent de fait que du racisme pur et simple. Qu’il s’agisse du Liban champion de la maltraitance des domestiques africaines, de la Tunisie d’un Kaïs Saïed ouvertement raciste et xénophobe, ou encore de la mystérieuse disparition ailleurs qu’en Afrique d’un ressortissant africain, les réactions n’ont jamais été à la hauteur des préjudices subis. Un silence synonyme de lâcheté et de bassesse.
Malgré ces manquements, les grands rabbins du panafricanisme continuent de parler pour ne rien dire. Comment comprendre que les autorités africaines au rang desquels Robert Dussey, le ministre togolais des Affaires étrangères, qui fait le prêche du retour en grâce de l’Afrique des Patrice Lumumba, Thomas Sankara, Cheikh Anta Diop et autres Kwame Nkrumah, soient toujours de marbre lors même qu’un Africain est humilié dans la diaspora ? « Le panafricanisme repose d’abord sur notre capacité à nous retrouver autour de valeurs communes dans la recherche de solutions aux problèmes et aux défis actuels du continent et des Africains dans le monde.
Il s’agit avant tout d’une question d’affirmation de soi, en veillant à trouver des solutions africaines aux problèmes africains », déclarait-il en mai dernier, lors d’une interview accordée en prélude au 9e Congrès panafricain annoncé en 2024 à Lomé et dont le thème est : « Renouveau du panafricanisme et rôle de l’Afrique dans la réforme des institutions multilatérales : mobiliser les ressources et se réinventer pour agir ». Les actes xénophobes dont sont victimes les Africains dans le monde font justement partie des problèmes et défis actuels du continent et des Africains dans le monde. Et travailler à imposer le respect vis-à-vis des autres nations doit faire partie de l’organigramme de ce panafricanisme qui n’a de panafricanisme que le nom.
Robert Dussey a beau estimer dans la même interview que « le panafricanisme (…) est une arme solide de combat contre le racisme et il peut jouer un grand rôle dans la délégitimation des comportements et des dérives racistes », les Africains n’en continuent pas moins d’être passés sous les fourches caudines des racistes bons teints. Il faut être dans l’action. Le disque des discours est rayé il y a beau temps.
Source : Le Correcteur
Avec Togoactualité.com
Source : Togoweb.net