Alors que l’opposition politique a appelé à des manifestations gigantesques ces 4 et 5 octobre, le ton monte déjà entre les autorités et les organisateurs. La pomme de la discorde concerne l’itinéraire de la marche. Pendant ce temps, l’opposition dénonce une augmentation suspecte de leurs indemnités de 410 000 Fcfa.
Les manifestations prévues sur toute l’étendue du territoire togolais les 4 et 5 octobre 2017 par la coalition des partis politiques de l’opposition au Togo risquent de dégénérer encore. A quelques heures du lancement, le climat est déjà très tendu entre les organisateurs et les autorités. Ces dernières se sont inscrites en faux vis-à-vis de l’itinéraire choisi.
Alors que l’opposition avait choisi à Lomé dans la capitale trois points de rassemblement pour un seul point de chute, chacun incluant un itinéraire différent, dans un courrier adressé à la coalition des partis, le ministère de l’Administration territoriale, de la décentralisation et des collectivités locales a partagé ses inquiétudes et a jugé que l’un des itinéraires est inapproprié. Celui-ci part de Tokoin-Doumassessé pour aboutir à la Plage face hôtel Sancta Maria en passant par Deckon.
Pour l’opposition, les manifestations permettront, pour celles du 4 octobre, de donner un «ultime avertissement» au chef de l’Etat Faure Gnassingbé, alors que celles du 5 octobre sont destinées à «démontrer le ras-le-bol et la colère» du peuple togolais.
Les revendications de l’opposition n’ont pas changé et restent les mêmes depuis les manifestations des 6 et 7 septembre 2017. Elle réclame le retour à la Constitution de 1992 dans sa version originelle, l’effectivité du droit de vote de la diaspora togolaise, la révision du cadre électoral, la libération des personnes arrêtées lors des manifestations précédentes, etc.
Actuellement à Lomé, le climat social est tendu. Alors que les syndicats des enseignants ont aussi lancé un mot d’ordre de grève de deux jours à peine la rentrée effectuée et que les commerçants du grand marché ont connu un braquage armé cet après-midi qui a fait plusieurs blessés parmi les passants et deux morts parmi les braqueurs, une autre polémique vient de s’ajouter, portant sur des indemnités versées aux parlementaires sans explications.
Une polémique d’augmentation d’indemnités au Parlement
Les députés de l’opposition ont dénoncé dans une déclaration rendue publique une augmentation de leurs indemnités sans raison et de manière unilatérale. «Les députés à l’Assemblée nationale, tous membres de l’opposition parlementaire, constatent avec surprise, à la fin du mois de septembre 2017 que les indemnités parlementaires que le Trésor public vient de virer directement sur leurs comptes bancaires respectifs, ont augmenté d’une somme de quatre cent dix mille francs CFA », a indiqué Me Isabelle Ameganvi, présidente du groupe parlementaire de l’Alliance nationale pour le changement, de Jean-Pierre Fabre, signataire de la déclaration.
Elle soulignera ensuite que cela a été fait «sans qu’aucune explication ne soit donnée pour justifier un tel changement qui, au demeurant, n’a fait l’objet au préalable d’aucune information, ni d’une décision, ni d’un débat».
L’opposition ajoutera qu’en attendant les précisions sur «les intentions réelles liées à cette augmentation», chacun des députés affectera ces fonds au soutien des victimes de diverses manières lors des dernières manifestations. L’information a provoqué des réactions virales sur les réseaux sociaux. Des observateurs et des citoyens, avisés ou non, se sont déchirés sur la question, les uns pointant du doigt une tentative de corruption du gouvernement, les autres dénonçant une irresponsabilité de l’opposition qui dispose de fonds dont elle dit elle-même ignorer la source intrinsèque.
Les autorités ne tarderont pas à répondre. Des informations également relayées abondamment par les réseaux sociaux, même si un peu moins que la première, ont fait connaître la position de la direction de la questure du Parlement. Il est relevé que les virements correspondent à la ligne du budget qui concerne les déplacements des députés dans leurs zones.
Ainsi cette ligne en question correspond globalement à un plus de 40 000 francs CFA par mois pour chaque élu. «Il y a eu des retards depuis janvier. Le ministère de l’économie vient à peine de débloquer les fonds. Et eux ils veulent parler de ça comme une affaire politique», déplore une source proche du gouvernement qui indiquera que l’opposition veut se servir pour intensifier ses manifestations des 4 et 5 octobre.
Mais peu importe, le mal est fait. Et ce serait un miracle si l’affaire ne fait pas grand bruit lors des manifestations, vu la polémique à Lomé.
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