« Ce sont eux qui, médians avec impunité, protecteurs de la fraude et de l’iniquité, infectent tous les coeurs de leurs lâches maximes: Et l’abus du pouvoir enfante tous les crimes » (Jean-François Delaharpe)
Il est vrai, comme le soutenait Yark Damehame que le Togo, c’est le Togo. Ce qui se fait ailleurs de bien ne peut être transposé au Togo des Gnassingbé. Voilà, l’une des raisons pour lesquelles notre pays est si atypique, si singulier en Afrique et dans l’espace CEDEAO. Il est une curiosité sur le continent. Un pays « entièrement à part » qui nage à contre-courant du vaste mouvement démocratique dans la région ouest-africaine. Le seul à ne pas connaître l’alternance.
Sur le plan économique, la situation est tout aussi dramatique. Le pays collectionne les Prix Nobel dont celui de la corruption, des détournements et de l’impunité. Depuis l’avènement de Faure Gnassingbé au pouvoir, surtout ses premières années au trône étaient marquées par une course effrénée au détournement. Le pillage, les malversations financières, la prévarication, etc. avaient pignon sur rue. C’était à qui détournerait le plus. Le Togo était à la tête des hit-parades des pays les plus affectés par l’évasion fiscale sur le continent.
Les crimes économiques étaient tels qu’en 2012, Faure Gnassingbé a été obligé de jeter un pavé dans la mare. Il reconnaît qu’une minorité dont il est lui-même la figure de proue/ a fait main basse sur les richesses du pays. « Lorsque le plus petit nombre accapare les ressources au détriment du plus grand nombre, alors s’instaure un déséquilibre nuisible qui menace jusqu’en ses tréfonds la démocratie et le progrès», avait-il avoué.
« Il est véritablement choquant de constater que dans un Etat, les biens soient accaparés par quelques riches qui deviennent davantage riches au détriment des plus pauvres qui deviennent davantage pauvres : il ne s’agit ni plus ni moins que d’une inversion de la fonction politique elle-même. Le scandale n’est pas qu’il y ait des riches et des pauvres ; le scandale est dans le fait que les institutions qui doivent instaurer un minimum d’équilibre se murent dans l’indifférence ou choisissent un camp, celui des riches, paradoxalement, et s’y cantonnent », avaient dénoncé à leur tour les prélats.
L’hémorragie ne s’est pourtant pas arrêtée pour autant. Au contraire, les scandales financiers continuent de plus belle à ce jour. Le dernier cas en date qui cristallise l’actualité, concerne Adjakly père et fils qui ont trempé jusqu’au cou dans un scandale de détournement de fonds publics à hauteur de 500 milliards de FCFA.
On connaît l’adage, les loups ne se mangent pas entre eux. En clair, les puissants ne cherchent jamais à se nuire l’un l’autre. C’est la triste situation que nous vivons dans l’ancienne Suisse de l’Afrique. Du coup, la brute dictature cinquantenaire est un terreau très fertile pour l’impunité.
La RDC a donné un signal « faure » au Togo. Après plus d’un mois d’une procédure inédite, retransmise en direct à la télévision congolaise, le directeur de cabinet de Félix Tshisekedi, Vital Kamerhe, vient d’être condamné à 20 ans de travaux forcés. Il est accusé d’avoir détourné plus de 50 millions de dollars d’argent public, mais aussi de blanchiment et de corruption, dans le cadre de la gestion de ce programme d’urgence initié par son patron. Vital Kamerhe a beau être le bras droit du chef de l’Etat, force est restée à la loi.
Au Togo des Gnassingbé, ceux qui ont détourné les 26 milliards de la route Lomé-Vogan-Anfoin, ou les 600 millions FCFA de la CAN 2017 ou encore ceux qui ont siphonné et mis en genou les sociétés étatiques et d’autres scandales encore, ne sont nullement inquiétés, au contraire, ils sont propulsés ailleurs par la magie de l’impunité et de la concussion. Et c’est ici qu’on donne raison à Yark Damehame, « le Togo, cest le Togo. »
Médard Ametepe
Source : Liberté
Source : 27Avril.com