Togo : Vive la compromission du Conseil Chrétien dans des rites anti-bibliques !

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Une bien curieuse opération de purification est en cours dans le pays depuis quelques jours. A l’initiative du gouvernement, sous la supervision du Haut-Commissariat à la réconciliation et au renforcement de l’unité nationale (HCCRUN), l’opération semble plus emballer quelques prêtres vodou et chefs traditionnels particulièrement enthousiastes et dont les agitations rythment avec le résonnement cauris (suivez mon regard). Ceux qui sont à plaindre dans ce syncrétisme sont les chrétiens du Conseil Chrétien du Togo, représentant les évangéliques et pentecôtistes.

Togo : Vive la compromission du Conseil Chrétien dans des rites anti-bibliques !

Dans Apocalypse, la Bible lance un avertissement aux chrétiens en ces termes : « Babylone la grande ! Elle est devenue une habitation de démons, un repaire de tout esprit impur, un repaire de tout oiseau impur et odieux, parce que toutes les nations ont bu du vin de la fureur de son impudicité, et que les rois de la terre se sont livrés avec elle à l’impudicité, et que les marchands de la terre se sont enrichis par la puissance de son luxe. Et j’entendis du ciel une autre voix qui disait : Sortez du milieu d’elle, mon peuple, afin que vous ne participiez point à ses péchés, et que vous n’ayez point de part à ses fléaux. Car ses péchés se sont accumulés jusqu’au ciel, et Dieu s’est souvenu de ses iniquités ». Cet avertissement semble correspondre à la situation qui prévaut au Togo et de laquelle devraient se démarquer les églises. Ce qui ne semble pas être le cas.

Le mardi 04 juillet dernier, sur la Plateau de la télévision nationale, un pasteur représentant le Conseil chrétien a pris le risque de défendre ce qui correspond aux principes de l’église. «Notre compréhension de purification, de la sanctification: des gens ont posé des actes ; qu’ils aillent vers les victimes…demander pardon. Et là, quand ils reconnaissent que j’ai péché contre toi, j’ai fait du mal, je reconnais et je te demande pardon, je ne le ferai plus…c’est la conversion», s’est-il évertué à faire entendre au gouvernement et au HCRRUN. Cette position divergente, visiblement inattendue sur le plateau, a été pendant le reste de l’émission réprimandée par les autres, et particulièrement par le Directeur des cultes, le Commandant Blaise Belei.

« Je pense que nous avons eu à longuement discuter et expliquer l’esprit de la recommandation 47 de la CVJR (Ndlr- recommandation portant nécessité de purification du Togo)… En tout cas, la position officielle du Conseil Chrétien que je connais très bien est qu’il souscrit à la recommandation de la CVJR, et donc à la mise en œuvre que fait le HCRRUN. Et que le dimanche dans tous les temples du Togo, des célébrations seront faites », a contesté l’officier, non sans préciser qu’il prendrait personnellement attache avec le Révérend Mitré Djakouti, président du Conseil Chrétien du Togo.

La trop grande confiance que dégageait le Commandant Béléi peut trahir deux choses : soit les premiers responsables du Conseil Chrétien lui ont effectivement donné l’accord que des rites de purification se feront dans les églises, soit il a eu une équivoque qui lui a permis de faire ses propres interprétation et de conclure que les églises seront engagées dans l’opération de purification.

Sans jeu de mot, cette semaine est bel et bien consacrée à la « purification » et les célébrations religieuses qui seront faites dans ce cadre devront être considérées telles. L’argument évoqué et largement repris pendant l’émission de mardi est que, sans ces rites, les âmes des disparus continueront d’errer et d’attirer malheur sur le pays. Si cette approche contente les traditionnalistes, qui ne s’en cachent pas, elle ne devrait pas mobiliser les églises. Puisque le principe est carrément à l’opposé de ce que prêchent les églises évangéliques et pentecôtistes. Par exemple, ces dernières ne prient pas pour les morts, sur la base du principe que nulle autre personne ne peut obtenir le pardon pour celui-là même qui est à l’origine de l’offense. Par conséquent, si la personne a pu se repentir de ses mauvais actes de son vivant, elle n’a plus besoin d’une quelconque prière pour le repos de son âme. Au cas contraire, elle devra attendre fatalement que ses actes l’accompagnent. D’où l’insistance des églises dites réveillées pour appeler les hommes à se repentir avant la mort. Parce qu’il n’y a qu’eux-mêmes pour demander la rémission de leurs péchés. L’une des plus célèbres répentances dans la Bible, celle de David qui a tué le mari de la dame qui sera devenue sa femme, a justement commencé par la demande solennelle de pardon, avant que lui-même ne demande au Ciel de le purifier. Chez les chrétiens, la demande de pardon par l’offenseur est sacrée. Car pas de pardon, en dehors de la confession de ce dernier. Pas de pardon, pas de purification. Et c’est le coupable qui se purifie. Pas avec sa victime, encore moins la victime seule. « L`âme qui pèche, c`est celle qui mourra. Le fils ne portera pas l`iniquité de son père, et le père ne portera pas l`iniquité de son fils. La justice du juste sera sur lui, et la méchanceté du méchant sera sur lui », rappelle la Bible dans Ézéchiel, 18:20.

Chez les chrétiens évangéliques et pentecôtistes, il n’y a pas de concept d’âme errante qui doit être délivrée par une quelconque cérémonie de purification. Car, croient-ils, après la mort, l’âme n’attend que le jugement. Ils ne croient justement pas non plus à des revenants.

Que cherchent donc le fameux Conseil Chrétien dans un programme qui a pour objectif de délivrer des âmes qui seraient pris au piège dans notre pays ? Rien dans cette opération dite de purification ne correspond au moindre principe des églises membres du Conseil Chrétien. Ce dernier n’a donc pas sa place dans cette campagne. Mais qu’on le cite avec insistance et qu’on envisage même des cultes d’apothéose dans les églises, c’est le monde qui est l’envers. L’église ne peut pas continuellement harceler les fidèles de se confesser et surtout d’aller faire la paix avec ceux qu’ils auront offensés avant d’adresser toute prière à Dieu, et venir s’associer à une initiative qui va en contradiction carrément avec ce même principe.

Il apparaît clairement que ce fameux Conseil n’est plus capable de dire non aux moindres caprices du pouvoir, y compris si ces derniers vont en contradiction avec ses propres principes fondamentaux. A force de faire la compagnie du porc, on finit par manger la merde, dit-on. A force de trainer partout avec le pouvoir, sans la moindre pudeur, les églises dites réveillées se sont-elles laissé endormir ? C’est tout ce qui semble se dessiner.

On est bien loin de ce que recommande ce passage biblique pourtant souvent répété aux fidèles : « Ne vous mettez pas avec les infidèles sous un joug étranger. Car quel rapport y a-t-il entre la justice et l’iniquité? Ou qu’y a-t-il de commun entre la lumière et les ténèbres? Quel accord y a-t-il entre Christ et Bélial? Ou quelle part a le fidèle avec l’infidèle? Quel rapport y a-t-il entre le temple de Dieu et les idoles? Car nous sommes le temple du Dieu vivant, comme Dieu l’a dit: J’habiterai et je marcherai au milieu d’eux; je serai leur Dieu, et ils seront mon peuple. C’est pourquoi, Sortez du milieu d’eux, Et séparez-vous, dit le Seigneur; Ne touchez pas à ce qui est impur».

A quoi correspondent des prières syncrétistes adressées par une foule de croyances souvent incompatibles? Que vaut un culte chrétien formulé sur un même sujet pour lequel d’autres confessions ont déjà fait de mystérieux sacrifices dont on ignore les contours?

Sur le fond même de ce pour quoi on fait tant de bruits, qu’ont fait lesdites églises pour empêcher la commission des crimes dont il faut maintenant se purifier ? Que font les églises aujourd’hui pour éviter que de nouveaux crimes ne soient commis ? Rien ! De 2005 à aujourd’hui, des citoyens innocents ont vu leurs vies abrégées par d’autres Togolais, les mêmes qui avant 2005, ont supplicié le peuple. On peut citer les Jeunes de Dapaong fusillés ; ceux de Mango (eux aussi fusillés) ; les pauvres revendeurs de produits pétroliers à Lomé, Aképé, Aného…dont plusieurs sont tombés sous le coup des balles ; Etienne Yakanou, mort en détention, etc. Les exemples sont légion. La cruauté humaine a eu le temps de s’installer dans notre pays et le Conseil chrétien n’a jamais eu l’occasion d’agir contre le phénomène. Au contraire, il s’est taillé une bonne place aux côtés des bourreaux, mangeant, buvant, chantant et dansant aux yeux du peuple, laissant croire qu’il a choisi le camps des gros donneurs de dîmes et d’offrandes. Leur Dieu devra aussi en tenir compte, un jour.

Source : L’Alternative No.626 du 07 Juillet 2017

27Avril.com