Togo : Victoire Dogbé et la reddition des comptes

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« Lorsque les classes supérieures donneront l’exemple, les classes inférieures le suivront. Quand vous verrez du vin dans le haut de la bouteille, soyez assuré qu’il y en a au fond » (Alexandre Dumas, fils)

Le Togo est seul pays (démocratique) au monde -du moins le seul que nous connaissons pour le moment- où les dirigeants ne rendent jamais compte aux populations des charges publiques qu’ils conduisent en leur nom. La résultante de ce dysfonctionnement tropical, les crimes économiques et détournements de fonds publics ne cessent de défrayer la chronique dans le pays.

Des sociétés et entreprises publiques, des structures bancaires, gérées en toute opacité des années durant, toutes ont été plombées sans que les responsables ne soient contraints à rendre compte. Et en 2012, comme s’il était brutalement sorti d’un cauchemar, Faure Gnassingbé fit la confession selon laquelle une minorité dans ses propres rangs ont fait mains basses sur les richesses et ressources du pays. Mais depuis cet aveu il y a bientôt dix ans, les Togolais attendent toujours la suite.

A l’occasion de la célébration du 61ème anniversaire de l’accession du Togo à la souveraineté internationale, le Premier ministre Victoire Tomegah-Dogbé, dite Madame « Gouverner Autrement » s’est longuement épanchée dans le journal français Le Point où elle se dit séduite par le modèle de gouvernance rwandais et singapourien et a affiché sa détermination à poursuivre l’amélioration de la gouvernance à travers la reddition des comptes.

« Ce qui m’intéresse, c’est le côté pragmatique, notamment sur la reddition des comptes. Ce n’est pas seulement au niveau du chef de l’État ou du Premier ministre, l’idée c’est vraiment de descendre au plus bas pour que même le responsable au niveau de la communauté rende compte à sa population », a-t-elle déclaré.

« Reddition des comptes », l’expression est lâchée. Tous les hommes sont égaux devant la loi. Si tout le monde doit rendre compte comme le recommande Madame « Gouverner autrement », les convenances auraient voulu que les dirigeants montrent la voie pour servir de modèles. Ne dit-on pas aussi que la charité bien ordonnée commence par soi?

Lorsque pendant dix longues années, Madame « Gouverner Autrement » était ministre du Développement à la base, de l’artisanat, de la jeunesse et de l’emploi des jeunes, poste qu’elle cumulait avec celui de Directrice de cabinet de la présidence de la République, elle a incubé une multitude de projets et programmes. Du FNFI au PDC en passant par PROVONAT, FAIEJ, ANADEB, PRADEB, PNDB, AIDE, GIPATO, PSMICO, PAIPJA, PEJ, PSAEG, CJE, PTFM, PRT, , etc, pas moins d’une trentaine d’initiatives avaient été lancées, avec pour objectif de combattre la pauvreté et de lutter contre le chômage et le sous-emploi.

Mais dix ans après, les populations sont encore plus pauvres et miséreuses qu’elles ne l’étaient. Alors la reddition des comptes ne commande-t-elle pas à Mme le Premier ministre, transparence oblige, de faire un audit de tous ces projets et programmes pour montrer qu’elle est au-dessus de tout soupçon?

De plus, pour l’intérêt des finances publiques et de leur bonne gestion, une obligation constitutionnelle commande aux gouvernants de faire la déclaration de leurs biens. Dans cette logique, le parlement avait voté en 2020 la loi sur la déclaration déterminant les conditions de mise en œuvre. Cette loi est entrée en application depuis plusieurs mois. Qu’attend Madame « Gouverner Autrement » pour s’y conformer afin d’inciter les moins puissants aussi à montrer patte blanche ?

Médard Ametepe

Source : Liberté / libertetogo.info

Source : 27Avril.com