Togo, Urbanisation Anachronique : Tout Manque dans les Quartiers Périurbains de Lomé.

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Togo, Urbanisation Anachronique : Tout Manque dans les Quartiers Périurbains de Lomé.

Les quartiers périurbains autour de Lomé se développent à une vitesse exponentielle. Attiégou, Adidogomé, Ségbé, Djagblé, Légbassito, Amadahomé sont entre autres les nouveaux quartiers qui s’incrustent autour de la capitale. Le développement que connaissent ces quartiers n’est pas suivi par les services socio-économiques de base. Tous ces quartiers ont des traits en commun : route, eau potable, structures médico-sociales, tout manque cruellement, à part les projets d’électricité qu’on voit déployés depuis quelques mois.

La population urbaine en Afrique s’élève actuellement à 472 millions d’habitants, mais elle va doubler au cours des vingt-cinq prochaines années, pour atteindre un milliard d’habitants en 2040. Et, dès 2025, les villes africaines abriteront 187 millions d’habitants supplémentaires, soit l’équivalent de la population actuelle du Nigéria.

Au Togo, selon le 4ème recensement de la population et de l’habitat (RGPH) 37% de la population togolaise vivent dans des zones urbaines. Lomé, la capitale compte rien que dans la commune plus de 800.000 habitants. Pour de multiple raisons dont notamment le foncier, certains habitants de la capitale ont décidé d’élire domicile dans les quartiers périphériques. Ce qui fait désormais parler du grand Lomé dont la population cumulée s’élève à près de 2 000 0000 de personnes. La rapidité du développement de ces quartiers a vite abouti à une inadéquation entre les structures d’accueil et les besoins des populations dont beaucoup n’ont pas accès à l’eau potable, l’électricité et les services de santé de bases.

Les nouveaux quartiers, la croix et la bannière…

Le premier problème auquel sont confrontés les habitants des quartiers périurbains est l’eau. L’accès à l’eau potable est un problème qui se pose avec acuité dans ces quartiers. Pour s’approvisionner, les populations font recours à l’eau de pluie et aux forages de fortune. La Togolaise des Eaux (TdE) étant pratiquement absent ou du moins seulement présent dans les maisons où les propriétaires sont des nantis. Ce problème inquiète les populations d’autant plus que ces quartiers sont très peuplés.

Dans un quartier comme Amadahomé, la pénurie d’eau potable s’avère être un problème capital. Les populations qui en souffrent sérieusement, ont notamment lancé un appel pour intervention de la TDE afin de pouvoir y remédier.

L’autre problème de plus en plus récurrent que rencontre les habitants des quartiers périphériques de la capitale est celui lié à la fourniture de l’électricité. Certains quartiers ne bénéficient pas forcément des services de la compagnie d’Energie Electrique du Togo (CEET). Et pour parer au manque de courant électrique, la solution est très simple : acheter quelques mètres de fil téléphonique ou de fil électrique plus une petite tige servant de poteau et piquer le courant chez le voisin qui l’a aussi piqué chez un autre voisin d’à côté et ainsi de suite. C’est ainsi que s’est développé le phénomène communément appelé « toile d’araignée » avec tous les dangers que cela comporte. Toutefois, il faut souligner que la CEET quand à elle s’évertue depuis quelques mois à apporter des solutions idoines aux problèmes d’accès à la lumière de ces loméens de la périphérie. Il se rapporte que les populations de plus en plus conscientes du danger des toiles d’araignée s’associent de plus en plus à la compagnie nationale pour leur démentellement. Dans la foulée la Ceet a mis en place un vaste projet d’extension de son réseau financé par la Banque Mondiale avec en appui des branchements sociaux pour faciliter l’accès à tous au courant électrique. De ce fait, on espère que toutes les maisons de la périphérie qui sollicitent l’électricité pourront bientôt être servies.

En ce qui concerne les routes, elles n’existent tout simplement pas. La politique des grands travaux lancée par le gouvernement togolais semble ne pas prendre en considération ces localités qui pourtant concentrent une forte population. A part Agoè, préfecture nouvelle créée où on a concentré tous les projets d’urbanisation depuis 8 ans il est quasi impossible de circuler aisements dans ces quartiers avec des auto. En temps de pluie, certaines habitations sont isolées.

A tout cela, il faut ajouter l’insuffisance des services de santé. Aucun hôpital digne de ce nom dans les quartiers périurbains. Tous les malades doivent converger vers le centre-ville ou à défaut dans des cliniques de fortune qui occupent le vide en attendant. Mais ces derniers ne disposent toujours pas de moyens pour une prise en charge adéquate. Il y a ici l’exemple, des quartiers comme Sagbado, Ségbé, Adidogomé qui devraient disposer d’un centre hospitalier capable de répondre aux besoins des populations de cette zone.

Alors la question est de savoir si les autorités n’ont-elles pas prévues l’élargissement de la capitale et actions que cela impliquent.

Quand le laxisme rattrape

Les problèmes qui se présentent dans les nouveaux quartiers montrent qu’il y a un déficit dans la planification de l’élargissement de la capitale. Même si un plan de développement existe, une application rigoureuse n’a pas été faite. Lors d’une réunion organisée en mars 2014 en Éthiopie par ONU-Habitat et la Commission économique pour l’Afrique (CEA) et qui avait pour thème « Le rôle de l’urbanisation dans la transformation structurelle de l’Afrique », le directeur des affaires politiques à la Commission de l’Union africaine, Khabele Matlosa, a déclaré que les pays africains doivent adopter de nouveaux modèles de développement conçus pour tirer profit de l’urbanisation en facilitant la transformation structurelle, en créant des emplois et en répondant aux inégalités sociales et à la pauvreté tout en créant des établissements habitables avec l’égalité des chances pour tous. Il ressort qu’une urbanisation bien planifiée profite à l’industrialisation et à la croissance économique. « Nous devons planifier les villes en fonction de leur situation particulière et des besoins de la population locale, afin que tout le monde soit pris en compte et que les pauvres ne soient pas marginalisés en ce qui concerne l’accès à tous les services que peut offrir une ville », explique un urbaniste.

Aujourd’hui, il est clairement établi que les autorités ont montré un peu trop de laisser faire dans la planification du développement de la capitale. Conséquence, ce laxisme les rattrape. Maintenant, les bonnes décisions doivent être prises pour permettre aux habitants de ces quartiers de ne pas se considérer comme des laissés pour compte.

Koffi Miboussomékpo

Source : Fraternité

27Avril.com