Son arrogance et ses décisions semblent indisposer ses collègues. Son autisme parfois ravive la crise universitaire. Jeune agrégé en Droit public, il n’a pas hésité à mettre son intelligence au service du pouvoir dictatorial de Lomé. Lui, c’est Prof Dodzi Kokoroko.
Depuis qu’il est nommé à la tête de l’Université de Lomé, le « chouchou » du prince a laissé découvrir son vrai visage. Dans ses prises de position, visiblement, il ne fait pas bonne figure. A qui veut l’entendre, il clame haut que la Constitution de 1992 ou la rétroactivité de la loi n’est juridiquement pas tenable. Roulerait-il pour Faure Gnassingbé, qui est secoué par la rue depuis le 19 août ? Tout porte à le croire. Tout compte fait, l’homme s’est illustré à plusieurs occasions, notamment lors d’un récent colloque organisé par l’Université de Lomé sur la Constitution de 1992 et un déjeuner de presse récemment à l’intention des journalistes.
Le site d’information Thisisafrica, dans l’une de ses livraisons, révélait la mésaventure du compatriote malvoyant Yaovi Madou qui avait soutenu sa thèse de doctorat en 2016 à Poitiers en France. « Les critiques apportées dans sa thèse semblent déranger les courtisans des dictateurs de l’Afrique francophone. C’était son mal. Dans ses recherches, sa plume a été tranchante. Il a su dénoncer les velléités de conservation à vie de pouvoir de certains chefs d’État africains par les fraudes électorales. « De plus, on verra désormais certains présidents des Républiques africaines utiliser le droit contre le droit (des révisions constitutionnelles pour faire sauter le verrou de la limitation du nombre de mandats, la permanence des élections dirigées) pour conserver leur fauteuil ; et les militaires, recourir encore à la force contre le droit (la perpétration de coups d’État) pour prendre le pouvoir. Cet état de chose s’expliquera par le fait qu’en Afrique, la fonction présidentielle se révèle être une fonction à appréhension politique et sociologique aux antipodes de la démocratie libérale » », informait le site qui ajoutait que, lors de la soutenance, le président de l’Université de Lomé, avec « de virulentes et arrogantes critiques », avait soumis l’impétrant qu’il a qualifié de « militant politique », à un véritable calvaire.
Alors que sa manière de gouverner l’Université ne semble pas faire l’unanimité, même si de visu certaines réalisations se font voir sur le campus, une décision impopulaire qualifiée d’ « unilatérale » par certaines sources suscite des inquiétudes. Désormais, l’inscription à la thèse de doctorat s’élève à 321.000 contre 101.000 F CFA auparavant. Cette mesure prise à la veille de la rentrée universitaires avec effet immédiat cette année, a surpris les postulants. « Comment peut-on dire qu’une telle décision entre en vigueur immédiatement à partir de cette rentrée ? Vue le niveau de vie des populations, il est inopportun d’augmenter les frais d’inscription à ce niveau alors qu’ailleurs ce n’est pas ça. Pour la thèse, c’est trois (03) ans. Donc imaginez qu’on va payer 321.000 FCFA, trois fois. C’est une fortune pour un pauvre Togolais. Moi je pense que c’est une mesure prise pour décourager les gens d’étudier », déplore un étudiant qui postule pour la thèse. Et d’ajouter que « ceux qui sont déjà inscrits depuis les années antérieures ne sont pas concernés, ils continuent à payer normalement les 101.000 F CFA ».
Dans les coulisses, ce sont des grincements de dents, même jusqu’aux professeurs et responsables de laboratoires qui ne sont pas associés à une telle décision dont ils n’auraient pas maîtrisé tout le contour. En tout cas, il n’est pas exclu que cette décision entraîne d’éventuels mouvements de colère de la part des étudiants.
Source : L’Alternative No.665 du 12 décembre 2017
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