Togo, Université de Kara : Un marché gré à gré de 177 millions FCFA fait grand bruit

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Universite de Kara Pr Komlan Sanda

Le processus d’acquisition d’un logiciel de gestion efficace et efficiente des activités de la DAAS de l’Université de Kara est presque bouclé. Une société proche du président vient d’obtenir de gré à gré le marché de 177 millions. Ce qui indigne nombre d’enseignants surtout que les amphis et salles de cours demeurent insuffisants. Accusé de dilapidation et de gestion clanique, le président de l’Université de Kara (UK), Prof Komla Sanda, réfute ces allégations.

Créée par décret n°99-011/PR du 21 janvier 1999, plus de 21 ans après, la deuxième grande université publique du Togo peine à se hisser hors des buissons des terres de Niamtougou. Quand bien même elle s’appelle Université de Kara, il faut avoir à l’esprit qu’elle est implantée sur les sols naoudeba. Cette initiative louable que les pionniers avaient voulu prendre comme référence pour être la première université des pays de l’hinterland n’a rien de moderne à ce jour. Les sites qui accueillent les apprenants sont dispersés dans la ville de Kara et ses environs. La jolie maquette sortie des logiciels d’architecture et qui décline l’ambition du pays est toujours demeurée un fantasme.

Aujourd’hui, l’UK accueille 18.000 étudiants derrière Lomé qui enregistre 58.000 étudiants pour l’année académique 2018-2019.

Ce qui se passe ces dernier temps à l’UK suscite beaucoup d’indignation dans le corps enseignant et au niveau des étudiants. Ça fait déjà du bruit en ville. Car Kara comme toutes les autres villes du Togo est un « gros village » où l’arbre à palabre véhicule plus vite les informations que les réseaux sociaux. C’est la localité caractéristique d’une économie de garnison (militaire) avec une cherté de vie sans précédent et où tous les brassages sociaux foisonnent. Tous les produits vivriers comme manufacturés sont importés. Quoique certains Togolais reprochent à la famille Gnassingbé et à ses fils milliardaires de n’avoir pas modernisé la ville de Kara, il faut tout de même mettre un peu de bémol car cette ville est la seule de l’intérieur du Togo la mieux garnie en infrastructures : bâtiments étatiques, services publics et paraétatiques, conforts hôteliers voire des domiciles privés. Ici, le couple étudiant (e) et fonctionnaire, soldat de tout rang, cultivateur, conducteur de taxi-moto, artisan … marchent comme une lettre à la poste. Pourvu que la pitance de la petite soit assurée et que le ventre ne souffre pas de faim.

L’événement qui défraie la chronique en cette fin du mois de juin 2020, n’est autre que l’« Attribution du marché relatif à l’acquisition d’un logiciel de gestion efficace et efficiente des activités de la DAAS ». Et pour parachever l’œuvre de l’attribution sans appel d’offres d’un marché public de 177 millions de Francs CFA, les auteurs de l’avis de publication ont pris la précaution de préciser « Entente directe autorisée par lettre n°1179/MEFIDNCMP/DDCI&DAJ du 22/04/20 ». C’est-à-dire qu’il ne s’agirait pas d’une décision unilatérale de l’UK, mais avec la bénédiction de la Direction nationale du contrôle des marchés publics (DNCMP). Cet avis parait être un montage très bien huilé en ces temps d’Etat d’urgence sanitaire à la Covid-19. Pendant que les ingénieurs asiatiques (chinois et indiens), américains et occidentaux s’activent dans les sous-sols des laboratoires pour inventer l’après-Coronavirus, les opportunistes togolais sont à l’assaut des deniers publics. On dirait que tous les secteurs de l’administration publique et paraétatique ont mis en branle des techniques de détournement comme si l’on s’approchait du déluge. Le chef de l’Etat Faure Gnassingbé qui reste muet depuis sa « nomination » pour un 4e mandat par la CENI et confirmée par Aboudou Assouma et sa Cour constitutionnelle semble dépassé par le génie de ces pilleurs de la République.

Ceux de l’université de Kara particulièrement viennent de décrocher un jackpot pour l’acquisition d’un nouveau logiciel pour remplacer un ancien qui fonctionne encore bien et dont plusieurs fonctions sont inexploitées à ce jour. En effet, le logiciel métier actuellement mis en cause sans diagnostic préalable a été édité par un Togolais du nom d’Azanlekor. Il permettait de faire la saisie des notes, l’impression des relevés, attestations et diplômes, de même que l’inscription des étudiants en ligne. Ce logiciel est conçu de façon évolutionniste avec des mises à jour et comporte encore beaucoup de fonctionnalités qui ne sont pas toutes utilisées. La faute est aux fonctionnaires de l’université du septentrion qui n’ont que des idées claniques et tribalistes du bien public. Un peu bien avant cette publication d’avis qui suscite beaucoup d’étonnement au sein de l’administration de ladite université, l’ETI (Équipe de techniciens en informatique) avait proposé un autre logiciel d’anonymat qui était même prêt à être utilisé. Mais à la dernière minute, personne ne comprend pourquoi il a été abandonné pour celui de l’entreprise PALMARES TECH-SECUDOC qui se trouve être le nouveau attributaire provisoire du marché relatif à l’acquisition du logiciel « ANONYMUS ».

Comment en est-on arrivé là ? Au départ, les installations de l’UK étaient assurées par le CIC de l’Université de Lomé. Peu après Kara a voulu prendre son autonomie. C’est ainsi qu’elle a travaillé avec le sieur Azanlekor. Puis le contrat a été résilié il y a quelques années sous prétexte que la maintenance revenait cher, soit 10 millions à peu près l’an. L’UK met en place une équipe dénommée ETI avec deux informaticiens pour piloter l’informatisation de l’université. Ceux-ci, sans gros bagages en progiciel, avaient simplement plagié le logiciel d’Azanlekor pour en faire un logiciel hybride qui fonctionne bon an mal an jusqu’à la passation du présent marché.

Cet engouement des services étatiques sur les logiciels devient une pandémie. C’était pratiquement le même reproche de folles dépenses dans les applications qui était fait à l’endroit de la DG de l’INAM qui faisait évaporer l’argent du pauvre contribuable dans les logiciels conçus depuis la République de Côte d’Ivoire et non adaptés, selon un rapport d’audit. A ce jour, Mme Myriam Dossou d’Almeida a fait volatiliser plus d’un demi-milliard de FCFA sans que l’INAM n’arrive à enrôler les artisans et étudiants comme annoncé tambour battant sur les médias. Ces fonds qui sont dilapidés pouvaient servir à financer le plateau technique des centres de santé ou même augmenter le taux de prise en charge des médicaments sensibles comme ceux des yeux.

C’est une bonne chose l’autonomie, mais elle nécessite un minimum de management. Sinon, ça fait deux ans que l’Université de Lomé a rompu avec les problèmes de logiciels qui étaient achetés ci et là à des coûts exorbitants. Pour y arriver l’autorité universitaire a dû faire un lobbying. Il fallait d’abord convaincre le ministre de l’Enseignement Supérieur de l’époque, le Professeur Octave Nicoué Broohm qui avait accepté que l’UL embauche certains meilleurs étudiants qui sortent du CIC (Centre informatique et de calcul) pour intégrer le personnel de l’Université avec des rémunérations acceptables. C’était la seule condition pour maintenir les talents sur place. Certes tout ne marche pas comme sur des roulettes, mais il y a une nette amélioration et les perspectives sont bonnes. Les dépenses en logiciel (licences et redevances) qui coûtaient plus de 100 millions l’an ont été totalement supprimées. Ces ingénieurs togolais travaillent à l’université et apportent la maintenance et les mises à jour à chaque fois que le besoin se fait sentir. Comment l’UL qui a plus du triple de l’effectif des étudiants arrive à gérer les applications autochtones alors que l’UK recourt à PALMARES TECH-SECUDOC qui visiblement risque d’être une application importée ?

En France, Neoptec, actif depuis 1994, est un éditeur français de logiciels destinés aux établissements d’enseignement publics et privés pour les évaluations, examens ou concours. Cette société est connue pour avoir simplifié, modernisé et rationalisé les coûts de la logistique dans l’éducation, en proposant des outils favorisant l’objectivité et l’égalité des traitements dans l’évaluation des connaissances des élèves et candidats.

Pourquoi au Togo les décideurs n’arrivent pas à standardiser et stabiliser cet outil très fondamental pour la gestion permanente et durable de l’enseignement comme cela se fait en Occident ? C’est cette façon hasardeuse de gérer le fichier de l’enseignement au Togo qui favorise la délivrance des faux diplômes.

Qui sont ces acteurs derrière la société PALMARES TECH-SECUDOC ? Cette nouvelle société attributaire du nouveau « ANONYMUS » appartiendrait à un certain Assih qui aurait déjà exécuté un marché de diplômes sécurisés en 2019, pratiquement dans les conditions obscures pour une valeur de plus de 37 millions FCFA. Quand on évoque le nom Assih au Togo, on pense en même temps à la plus grande famille de Pya. Passons.

Selon les informations, la machine à brasser de l’UK serait gouvernée par des hommes de main du Président. « Le sieur Mathey Houtina est nommé Personne Responsable des Marches Publics à l’Université de Kara. Cet homme de main du Président qui attribue les marchés gré à gré n’est autre que son neveu. Le jeune boulotait chez Bolloré au Port Autonome de Lomé avant d’être rappelé par ses oncles pour une place à la mangeoire. Un poste de passation des marchés plus stable et mieux rémunérateur que le stress de travail imprimé par le groupe français. C’est d’ailleurs après son recrutement à l’Université de Kara qu’il s’est arrangé pour avoir d’autres diplômes … Sa mère est de Yadè, du même village que le président Sanda », confie un enseignant.

M Houtina est aidé dans cette entreprise mafieuse par un certain Michael Bodjona. Lui aussi nanti d’un BTS en analyse et programmation informatiques obtenu à l’Institut Africain d’Administration et d’Etudes Commerciales (IAEC) des Kagbara Père et Fils. Le sieur Bodjona a été propulsé « Chef du Service Financier de l’ordonnateur » depuis avril 2016. Comme quoi, au pays de la dynastie des Gnassingbé, il faut un programmeur analyste en lieu et place d’un comptable-financier pour mieux programmer les évasions de fonds. Dire que parmi les nombreux gestionnaires que produisent chaque année les universités du Togo, aucun n’a le bagage suffisant pour tenir ce poste. Et qu’il faille forger un diplômé en Informatique pour gérer des dossiers comptables. C’est presque lui (Bodjona) le fondé de pouvoirs de l’UK. Il dispose presque d’un droit de veto sur les finances de toute l’Université. C’est d’ailleurs lui qui achèterait tout et qui connaît la qualité de tous les produits nécessaires à cette université : du matériel informatique aux extincteurs en passant par les portes métalliques, les matériaux de construction et les générateurs. Dans ce cas, le risque d’une société prête-nom n’est pas à exclure.

De fait, certains cadres parlent de « Yadèïsation » de l’UK. « Le président est de Yadè (Canton de Kozah), de même que le chargé des attributions du Secrétaire général, l’agent comptable, le directeur des affaires académiques et de la scolarité (ancien député et président de la commission défense et sécurité), le directeur du centre des œuvres universitaires de Kara et la directrice de la bibliothèque universitaire de Kara sont eux aussi du même canton que le président », accuse un agent.

Cette situation créée des frustrations, alimente des commentaires et conduit à une certaine démotivation du personnel technique et administratif, ainsi que des enseignants. C’est surtout l’opacité dans la gestion financière qui est le plus critiquée…

Lors d’une rencontre tenue au cours de ce mois, il a été fait cas de la situation critique des finances de l’institution. On note une explosion des dépenses de fonctionnement, surtout la masse salariale, due au recrutement des enseignants chercheurs à l’improviste et de certains fonctionnaires. Là encore il y a eu beaucoup de favoritisme et d’arbitraire parce qu’il y a ces assistants temporaires (ATER) qui ont soutenu leur thèse depuis des années sans être recrutés alors que des « docteurs » recommandés par les politiques et généraux influents sont automatiquement recrutés. Or la majorité des ATER méritent d’être intégrés, car remplissant leurs volumes horaires statutaires. Cette situation des ATER qui empoisonnait la vie du Président Kokoroko a été pratiquement soldée par le dernier recrutement des enseignants chercheurs à l’UL.

Pourquoi le Professeur Komlan Sanda dont l’université était prise comme exemple, tombe-t-il subitement dans les travers ? Comme quoi, pour se faire recruter au Togo, plus besoin de compétence, mais il suffit d’avoir un capital social suffisant.

Les universités du Togo ne sont pas encore construites. Les amphis et salles de cours sont encore très insuffisants. Alors il est temps de stopper cette gabegie qui n’alimente que les poches d’une minorité.

Pour avoir sa version des faits, le journal a joint le président de l’UK, Komlan Sanda, et lui a soumis quelques questions. Voici in extenso ses réponses. A chacun d’apprécier.

La version du président de l’UK, Komlan Sanda

Pourquoi le marché relatif à l’acquisition d’un logiciel de gestion efficace et efficiente des activités de la DAAS n’a pas fait l’objet d’un appel d’offres et ils ont opté pour le gré à gré ?

L’université de Kara, dans le cadre de l’internalisation du Plan national de développement au sein de l’institution, s’est dotée d’un document de stratégie dénommé PND-UK, validé le 20 janvier 2020 par les parties prenantes. Ce document comporte entre autres projets, en lien avec l’Axe 1 et l’Axe 3 du PND, un projet sur la mise en place d’un environnement numérique de travail à l’UK. C’est dans le cadre de ce projet que se situe l’acquisition d’un logiciel destiné à faciliter le travail de la DAAS pour une semestrialisation effective de l’année académique, conformément aux standards LMD, à travers une automatisation du traitement des copies d’évaluation qui, à ce jour, reste un goulot d’étranglement majeur dans le processus car très chronophage.

Vous convenez avec moi qu’un logiciel n’est pas un produit de consommation courante que n’importe qui achète ou fabrique et revend ou vend. C’est toujours du « sur-mesure millimétré » par rapport à des besoins très spécifiques exprimés par le client. Acquérir un logiciel est un exercice délicat car l’investissement est souvent lourd et le produit doit immanquablement répondre aux attentes. Il faut avoir la certitude totale et non une quasicertitude que le produit est fiable et sécurisé. Ici, qui plus est, il s’agit d’une activité hautement sensible qui est en lien direct avec la délivrance de diplômes d’une institution universitaire de l’État. On n’a pas le droit de « faire n’importe quoi » si vous me permettez l’expression.

Le logiciel Anonymous a été testé avec succès par l’office du Baccalauréat qui en a fait acquisition tout récemment pour la gestion des copies de l’examen du Baccalauréat au Togo. Un enseignant chercheur de l’UK l’a testé au Bac à la session de juin 2019 et nous a rapporté tout le bénéfice que nous pourrions tirer de l’acquisition d’un tel outil de travail.

Vous vous doutez bien que l’inventeur du logiciel en a l’exclusivité. Au besoin vous pourriez le vérifier au BUTODRA. Dès lors qu’il s’agit de propriété intellectuelle, les lois et règlements de la République ont ménagé, entre autres, une voie d’achat basée sur la preuve de la détention de l’exclusivité. C’est pour cette approche de marché rapide que l’UK a opté et qui, en outre, a été totalement régulière, transparente et légale. Rien à voir avec le gré à gré que vous évoquez, qui est par ailleurs monnaie courante dans notre pays et dans le monde, mais qui n’est pas la pratique usuelle à l’UK.

Les universités publiques, avec leur lot de faiblesses en tous genres en lien avec des budgets étriqués, sont toujours dans la gestion de l’urgence. Mais nous faisons toujours de notre mieux pour respecter les procédures. Toutefois, entre le respect des procédures et le risque de mort d’homme, de menace de troubles à l’ordre public ou de paralysie institutionnelle grave nous sommes parfois amenés à prendre courageusement nos responsabilités et nous assumons stoïquement.

Je résume en vous rassurant que la procédure d’achat a été légale et vous avez tout loisir d’aller vérifier à la DNCMP et à l’ARMP aussi bien si cela vous chante.

Pour terminer, je vais vous faire une confidence : si j’ai un compatriote qui a une marchandise de qualité dans le cadre de son activité qui génère de l’emploi chez nous et de laquelle l’État tire des taxes pour mon salaire, et que je dois choisir entre cette marchandise de qualité et une autre de qualité identique ou comparable proposée par un étranger, moi, Komla SANDA, je ferai du gré à gré pour faire fonctionner la préférence nationale. Vous voyez que je n’ai rien contre le gré à gré, mais je n’en abuse pas chaque fois que je peux m’en passer et depuis mars 2016 que je suis président à l’UK je réussis plutôt bien à m’en passer.

Pourquoi le logiciel proposé par l’ETI (Équipe des techniciens en informatique) n’a plus été utilisé ?

Ici, votre informateur est passé totalement à côté. C’est moi qui ai mis en place depuis 2016, et sous ma responsabilité directe, cette Équipe technique très compétente, dynamique et qui depuis vole de succès en succès et dont je suis fier comme rarement cela m’arrive. Elle a nettoyé en un temps record toute la « merde » du système de gestion du cycle de vie de l’étudiant que je suis venu trouver à l’UK. Initialement dépendante de l’université de Lomé en matière d’informatique, l’UK est devenue totalement autonome grâce ces jeunes très enthousiastes et dévoués. Le système que l’équipe a mis en place est le dispositif central de la gestion du cycle de vie de l’étudiant à l’UK (pré-inscription, inscription, payement des frais de scolarité, tout se fait en ligne). Sur ce dispositif central viennent s’arrimer des modules qui nous apportent de nouvelles fonctionnalités. Cela a été le cas pour le module de paiement en ligne avec TMoney que nous avons développé avec Togocel à l’époque. C’est encore le cas avec Anonymous que nous venons d’acquérir. Voilà comment cela fonctionne. Nous sommes tellement jaloux de notre autonomie, ici au village, que nous faisons le maximum par nous-mêmes en matière de numérique à l’UK. Mais quand on veut aller plus vite ou qu’on n’a pas toujours l’expertise à côté, on recourt au tiers comme c’est le cas pour Anonymous. Ce logiciel ne vient pas remplacer celui de mon équipe comme s’y méprend votre informateur, mais bien au contraire lui donner une nouvelle fonctionnalité. Ce garçon ou cette fille aurait dû avoir la courtoisie de venir discuter avec l’équipe informatique au lieu de venir vous raconter des sornettes comme on dit. N’est-ce pas une volonté délibérée de nuire… Mais à l’UK tout le monde étant spécialiste de tout et surtout de ce qu’on ignore le plus, je ne suis guère surpris.

Mais soyez rassuré, le système SIE est le cœur du dispositif de gestion du cycle de vie de l’étudiant à l’UK. Il va s’étoffer de plus en plus avec de nouvelles fonctionnalités développées par mon équipe ou achetées à un tiers pour aller vers la réalisation de notre vision en matière de mise en place d’un environnement de travail intelligent à l’université de Kara.

Quelles relations entretenez-vous avec la société PALMARES-SECUDOC ? Et-elle proche de vous ?

Pour faire simple, je vous suggère de voir si parmi les actionnaires de PALMARES-SECUDOC figure un certain Komla SANDA, Docteur en chimie et professeur titulaire des universités. Si vous cherchez bien et honnêtement, je vous garantis que vous n’allez pas trouver. Mais vous allez croire que j’ai botté en touche comme on dit. Alors je vais vous dire comment je suis entré en contact avec PALMARES-SECUDOC. Je suppose que vous savez que l’UK a sécurisé sur papier fiduciaire depuis 2019 ses attestations et diplômes en vertu de sa politique de management par la qualité pour garantir l’authenticité et l’intégrité des papiers de fin de formation que sont les attestations, certificats et diplômes. C’est en recherchant sur internet un fournisseur que nous avions à l’époque contacté une société en France pour acquérir du papier fiduciaire. Trop faux papiers circulaient et nous en avions saisis. C’est alors qu’on nous a donné le contact de PALMARES-SECUDOC. J’étais aux anges car c’est un jeune togolais que nous avons retrouvé comme gérant. Nous n’allions donc pas jeter tous nos millions à l’étranger. Je suis un peu chauvin, mais justement je pense que c’est un trait de caractère que chaque togolais devrait développer davantage. Si on n’est pas un peu chauvin, si on n’est pas mu par la préférence nationale dans une certaine mesure, comment allons pousser les jeunes et femmes entrepreneurs pour qu’ils grandissent et deviennent des femmes et des hommes d’affaires prospères qui vont faire la richesse et la fierté de notre beau pays…

Vous l’auriez compris, entre Komla SANDA et PALMARES-SECUDOC c’est comme entre Komla SANDA et la CEET, la TDE ou Togocom, etc. Aucun conflit d’intérêt pour lâcher l’expression que vous avez élégamment évité d’employer mais qui motive votre question, surtout quand vous me demandez si elle est proche de moi. Mais, je peux vous garantir que je suis une des rares exceptions car ils sont légion ces gens-là avec des sociétés-écran…

Monsieur Houtina, Personne responsable des marchés publics à l’université de Kara est-il votre neveu ?

Monsieur Houtina est-il mon neveu ? Imaginez qu’il ait toutes les compétences requises pour être PRMP et qu’il soit par ailleurs mon neveu ; pourquoi ne devrais-je pas lui donner sa chance? Est-ce que dans ma famille c’est interdit d’avoir des PRMP ? Moi, je trouve qu’une telle question ne devrait pas vraiment vous préoccuper. Mais comme vous avez besoin d’une réponse, la voici. Monsieur Houtina n’a aucun lien de parenté avec les SANDA et je pense que si vous recherchez ses papiers de nationalité et d’état civil vous constaterez que sa mère n’est pas née SANDA pour qu’il soit moi, mon neveu. Le président de l’État le plus puissant au monde gère son pays avec sa famille ; si cela vous offusque que pouvez-vous y faire ?

Pourquoi c’est un détenteur d’un BTS en analyse et programmation en informatique que vous avez nommé comptable de l’université ?

Franchement, ici chapeau ! Vous avez très bien fait de venir à moi car votre informateur se met complètement le doigt dans l’œil sauf s’il est déjà borgne. Comme vous le savez certainement, l’université vit essentiellement sur une dotation du budget de l’état. Ce dernier, par l’intermédiaire du ministre de l’économie et des finances, nomme un haut fonctionnaire comme agent comptable pour s’assurer de la bonne utilisation de l’argent public. S’il nous envoie un analyste programmeur, que voulez que j’y fasse puisque qu’il ne me demande même pas mon avis. Le président de l’université constate donc purement et simplement qu’un tel ou un telle est nommé (e) agent comptable de l’institution et il travaille avec lui en bonne intelligence pour le bon fonctionnement du service public. Le président n’a pas encore dans ses prérogatives de nommer un agent comptable. Mais, soyez sûr un président d’université, s’il avait le pouvoir de nommer un agent comptable, et que moi, Komla SANDA, j’aie ce pouvoir je puis vous garantir qu’il y a tellement de comptables compétents dans notre pays que ce n’est pas informaticien que je mettrai à ce poste, fut-il mon neveu.

En 2016, j’avais trouvé dans une institution un spécialiste des sciences langage au poste de comptable-matières. Je crois que votre informateur n’avait eu connaissance de cette incongruité ou que celle-ci lui plaisait bien ou encore qu’il ne s’intéresse qu’aux affaires concernant le professeur Komla SANDA qui semble visiblement ne pas beaucoup lui plaire. Mais je suis là, là où je suis et il devra malheureusement patienter le temps qu’il faudra. Feu Gnassingbé Eyadéma aimait à dire : « nul ne peut échapper à son destin ». C’est écrit que Komla SANDA doit être président de l’UK pour temps et ce temps va s’écouler sans rien ni qui que ce soit puisse y mettre fin. C’est une loi de la nature. Ceux qui cherchent de manière un peu trop ostentatoire à laver plus blanc que blanc sont en réalité les pires magouilleurs. Observez-bien les gens autour de vous et suivez bien votre informateur sur sa trajectoire de vie si nos vies se prolongent suffisamment… Bon ce n’est que mon avis.

Une indiscrétion, je trouve ces rumeurs trop calculées par rapport à une certaine réalité dans notre pays ; il parait que le gouvernement de la République est en gestation ; on ne sait jamais, Komla SANDA pourrait… Alors si on lui collait cette belle casserole tonitruante de gouvernance calamiteuse à la tête de l’UK depuis 2016 le tour ne serait-il pas joué… Mais je peux vous rassurer que le Divin Créateur n’a pas mis sur le chemin de mon destin le poste de ministre. Le fétiche de notre maison ne se trompe jamais.

J’espère avoir répondu à vos questionnements et surtout espère que vous en ferez bon usage. Je vous félicite à nouveau pour votre sens du professionnalisme qui vous aura évité de publier ainsi des choses bizarres dans votre journal sur l’UK et son président. Cette université crée en 1999, ouverte en janvier 2004 n’a jamais été construite mais fait des efforts pour contribuer à la formation des talents dans notre pays. Nous sommes coriaces et, publicité négative ou pas, on avance sur le chemin de l’excellence n’en déplaise aux « antisystèmes ». Loin de moi la vaine prétention d’être nickel et sans tâche comme un ange. Je revendique d’ailleurs en ma qualité d’humain le droit congénital à l’erreur.

Autre confidence ; si c’est ainsi que vous travaillez tout le temps avec méthode, alors je deviens un de vos lecteurs assidus. Enfin, j’attends impatiemment que vous veniez vers nous pour nous découvrir dans nos succès et aussi nos échecs si tant est que ce genre de choses pas très croustillantes et qui ne font pas nécessairement vendre peuvent vous intéresser dans votre politique éditoriale. Nous sommes certes au village, à plus de 400 km de Lomé, mais en roulant sagement, en 6 heures de route, vous y arriverez vivant et un seul morceau. Et nous vous attendons les bras ouverts. Merci de vous être intéressé à nous.

Prof Komla SANDA, Président UK

Source : Douligna / Liberté

Source : 27Avril.com