Togo : Un Pays Totalement à l’Abandon. Pourquoi Faure Gnassingbé est-il encore Président ?

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L’État est une autorité souveraine s’exerçant sur l’ensemble d’un peuple et d’un territoire déterminé et un chef d’État est une personne qui exerce l’autorité souveraine dans un pays. Ce sont là des définitions classiques qui consacrent l’organisation d’un Etat pour une meilleure gestion. Mais quand on voit le Togo et son type de fonctionnement, on peut légitimement se demander si ce pays est vraiment un Etat avec toutes les structures afférentes. En dehors de la crise politique dont le bout du tunnel est bien invisible, la santé et l’éducation confortent ces dernières semaines que le Togo est un pays totalement à l’abandon.

Encore toute une semaine de grève

La Synergie des Travailleurs du Togo (STT) en Assemblée Générale jeudi 15 mars après quatre jours de grève annonce cinq (05) jours de grève à compter d’aujourd’hui. Tout en dénonçant le dilatoire et intimidations de tout genre du gouvernement, la Coordinatrice Nadou Lawson a exigé la libération de leurs camarades enseignants arrêtés à Kara ainsi que certains élèves, des élèves sortis mercredi 14 mars pour demander la libération de leurs enseignants arrêtés.

Ils sont cinq enseignants syndicalistes interpellés, violentés et d’autres intimidés et menacés. Il s’agit de Claude Pelelem, Essohanam Baho, Mme Simdjolo, Hemou et Assoukoulim. Si Claude Pelelem sérieusement molesté avec des blessures sur le corps a été relâché après avoir été interrogé au Service de Renseignement et d’Investigation à Lomé (SRI), ce n’est pas le cas pour les autres. L’Association des Victimes de Tortures au Togo (ASVITTO) dans des témoignages poignants des victimes grévistes révèle que « les militaires ont été envoyés sur le lieu de rassemblement pour nous tabasser et ont tenté de m’éliminer physiquement dans leur infirmerie… Nos camarades qui sont arrêtés sont torturés en prison, les parents qui ont tenté de visiter leurs proches ont été bastonnés par les forces de l’ordre. Nous vivons une situation de terreur pour avoir exécuté notre droit de grève », renseignent des victimes.

Pour avoir observé un mot d’ordre de grève, c’est le sort qui a été réservé aux enseignants de Kara. Pour la STT, si les enseignants et élèves « ne sont pas libérés jusqu’à lundi [aujourd’hui], personne ne travaillera de lundi jusqu’à vendredi prochain. Et si de lundi jusqu’aà vendredi, ils ne sont toujours pas libérés, la semaine prochaine, nous allons marcher pour réclamer leur libération », a annoncé Mme Dadou Lawson. Cette année scolaire se révèle la plus catastrophique. Depuis la rentrée forcée du 02 octobre 2017, que de grèves, peu de cours. Et tout tourne autour du Statut particulier des enseignants. A la fin de ce 2ème trimestre, comment les élèves peuvent-ils être évalués ? Le mouvement des enseignants a eu des échos favorables auprès de la STT qui est entré dans la danse depuis mi-février.
Pour la STT, il s’agit de la revalorisation de la valeur indiciaire, la réinstauration de l’indemnité de départ à la retraite et l’apurement du restant dû aux retraités y compris ceux qui sont partis à la retraite depuis le 1er avril 2011. Avec la STT, c’est toute l’administration publique qui est paralysée à nouveau toute cette semaine.

Bien avant la STT, le Syndicat National des Praticiens Hospitaliers du Togo (SYNPHOT) qui n’en pouvait plus d’assister impuissant à la mort des Togolais pour des maladies bénignes et banales, faute de matériels de soins et de manque d’effectif du personnel a brisé les amarres. Le Secrétaire Général du SYNPHOT Prof Atchi Walla et ses camarades après plus de cinq ans d’attente, montent à nouveau a voix. Depuis début février, rien n’a bougé comme d’habitude. Pis, la semaine dernière, il s’était agi d’une grève sèche avec des hôpitaux publics fermés et les conséquences désastreuses qu’on peut facilement imaginer.

Mais rien n’a changé. Cette semaine, c’est cinq jours de grève sèche annoncée à l’Assemblée Générale du vendredi dernier.

Face à la gravité de cette situation, la seule réponse est l’irruption du Directeur du CHU Sylvanus Olympio médecincolonel Adom Wiyaoo pour arracher les microphones aux grévistes en pleine Assemblée Générale.

Dans tout pays, les mouvements sociaux sont presque incontournables. Mais dans un pays qui se respecte comme au Bénin ou en Guinée actuellement, le chef de l’Etat se lève et discute directement avec les grévistes. Au Togo, en 13 ans de gestion, Faure Gnassingbé ne l’a jamais fait. Pis, les mouvements actuels qui touchent des secteurs assez sensibles de la vie de toute nation, en l’occurrence, l’éducation et surtout la santé, le silence est bien criminel. Combien de morts anonymes pour cause de grèves avec des hôpitaux fermés ?

Pourquoi finalement Faure Gnassingbé est-il président du Togo ? Pour assister dans l’indifférence à la mort en cascade de ses concitoyens qu’il est sensé diriger ?

Kokou Agbemebio

Source : Le Correcteur No.809 du 19 mars 2018

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