Kparatao, c´est le nom du village natal de Tikpi Atchadam dans la préfecture de Tchaoudjo. C´est aussi l´un des endroits à avoir déjà payé un lourd tribut en perdant un de ses fils lors des manifestations du PNP le 19 Août 2017 à Sokodé.
Kparatao ressemble aujourd´hui à un village assiégé. Militaires, policiers et gendarmes ont pris d´assaut cette localité ce mardi 19 Septembre dans la matinée, localité située 8 kilomètres à l´est de Sokodé sur la route de Tchamba.
Armes au poing, regard sévère et l´allure grave, des soldats de l´armée régulière de notre pays patrouillent et fouillent certaines maisons à la recherche d´hypothétiques armes de guerre prétendument subtilisées par des manifestants du 19 Août dernier. Ébahis, les villageois regardent passer des camions militaires remplis de soldats dans leurs quartiers et se demandent si le Togo en entré en guerre. Un éléphant dans un magasin de porcelaine, serait-on tenté de dire.
En dehors des militaires armés jusqu´aux dents postés aux principaux carrefours du village, des barrages sont érigés pour fouiller tous ceux qui entrent dans la localité, de même que ceux qui en sortent. La maison familiale du jeune défunt du 19 Août 2017 eut même droit à une visite militaire. Après avoir mis tout sens dessus-dessous sans rien trouver, nos soldats n´ont rien trouvé de mieux à faire qu´à vider leurs chargeurs sur un bœuf qui était attaché là et broutait tranquillement son herbe dans la cour d´un boucher. La bête meurt sur le coup; la fumée et les éclats des balles qui ont réussi à traverser la fenêtre d´une chambre causèrent une crise à l´épouse du boucher qui tomba en syncope.
Des témoins qui nous ont renseignés précisent qu´au moins deux militaires étaient cagoulés. Pourquoi n´ont-ils pas voulu montrer leur visage? Sont-ils peut-être originaires du milieu et ont-ils peur de se faire reconnaître? Tout Kparatao s´interroge.
Tout le monde sait qu´il s´agit d´actes de provocation et d´intimidation en prélude aux manifestations de l´opposition des 20 et 21 Septembre 2017. C´est pourquoi M. Tikpi Atcadam n´a pas manqué d´appeler au calme et à la prudence pour éviter de tomber dans le piège des ennemis de l´alternance politique. Le Chef du village et du Canton de Kparatao, après s´être déplacé pour constater la mort du bœuf et surtout pour soutenir moralement la femme qu´on amenait à l´hôpital, a tenu à calmer les jeunes afin qu´ils s´abstiennent de provoquer et d´insulter les militaires.
Pour être complet le village de Kparatao ne fut pas le seul lieu où Faure Gnassingbé a envoyé sa soldatesque pour terroriser les populations.
En effet, tout commença dans la matinée à Sokodé. Depuis les évènements du 19 Août 2017 les bérets rouges n´ont jamais quitté complètement cette ville. Mais il y eut très tôt aujourd´hui des renforts de militaires et les fouilles se sont concentrées dans les quartiers de la Barrière et Kossombio, sans mandat de perquisition.
Aux dernières nouvelles les camions militaires pleins à craquer ont quitté Kaparatao et le calme semble être revenu. Le chef du village et de canton se serait rendu à la Préfecture pour rendre compte au Préfet.
Au moment où nous écrivons ces lignes des militaires patrouilleraient encore dans les différents quartiers de Sokodé où règne un calme précaire.
De quoi sera fait demain?
Se demande tout le monde à Tchaoudjo, surtout que nous sommes à veille du premier jour des manifestations politiques organisées par la coalition de l´opposition sur toute l´étendue du territoire.
Article écrit grâce aux informations de nos correspondants à Kparatao et à Sokodé
Samari Tchadjobo
Allemagne
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