Le samedi 26 septembre dernier se sont produits dans la préfecture de Doufelgou, des affrontements entre populations des cantons de Niamtougou et Koka et Forces de l’Ordre de sécurité. Des heurts qui ont fait un mort, 13 blessés graves et des dégâts matériels importants. Un malheureux incident de plus sans conséquence pour le pouvoir cinquantenaire de Lomé.
Sant’n en sang !
Tout est parti de la célébration, par cette communauté le week-end dernier, de la fête traditionnelle Sant’n. Une célébration jugée illégale par l’autorité qui a interdit, depuis mars dernier, tout regroupement festif à travers le pays et édicté des mesures barrières édictées dans le cadre de la lutte contre la maladie à Coronavirus. Ainsi donc, considérant le choix des populations nawda de célébrer en foule cette fête comme une défiance à l’autorité de l’État, des forces de l’ordre ont été déployées pour la répression qui a comme d’habitude dégénéré.
La version de l’autorité
S’expliquant sur le sujet, le ministre de la Sécurité et de la protection civile, le Gal Yark Damehame a fait mention de la résistance d’une foule de plus de 3000 personnes pour continuer la célébration de la fête tout en posant des barricades pour empêcher toute nouvelle intervention de la force anti-Covid. «Dans la tentative de repousser les manifestants pour se dégager, une grenade lacrymogène a atteint accidentellement a l’abdomen une personne agée qui a été aussitôt évacuée à l’infirmerie de la Base Chasse de Niamtougou pour des soins où elle succomba quelques temps après » lit-on dans son communiqué du ministre.
La version des populations
Contrairement aux chiffres du général ministre, une source sur le terrain fait remarquer que toute la population du canton de koka ne fait pas 2000 personnes. Donc, on ne saurait parler d’une foule de 3000 personnes. Par ailleurs le ministre a choisi d’occulter les cas de maisons incendiées délibérément avec une déclaration au rabais du nombre de blessés.
Faure en souffrance avec sa base arrière
À l’analyse des faits, ajoutés aux derniers développements de l’actualité sociopolitique, il se dégage le constat selon lequel, le régime de Faure se met inexorablement à dos, sa base arrière. La région septemtrionale du pays prise, bon gré mal gré, comme le fief du pouvoir cinquantenaire du père au fils.
En effet, le dénominateur commun à toute la région nord du Togo, selon les statiques et indicateurs officiels reste la pauvreté. Laquelle est encore plus ambiante dans la région des Savanes où la majorité de la population est en proie à la précarité. Malheureusement, à ce phénomène social qui résulte de l’inégale répartition des ressources du pays, s’adjoignent des faits sociaux aux conséquences politiques graves pour le régime de Faure.
L’on se souvient que ces dernières années, les populations de l’Oti n’ont de cesse manifester, à grands bruits, leur désarroi face à ce qui s’apparente à l’humanisme du régime togolais qui semble privilégier la faune et la flore aux hommes. Ceci, avec à la clé, des villages menacés de disparition. Ensuite, ce sont celles de Tchaoudjo, de Tone et de Bafilo qui ont fait les frais de la crise sociopolitique de 2017 avec des violences inouïes, répressions, chasses à l’homme, morts d’hommes et des persécutions jusque dans les maisons. Trois ans après, même avec un score forcé de plus de 70% attribué à Faure Gnassingbé à la présidentielle de février dernier, les populations de ces contrées traînent toujours les séquelles et vivent dans la hantise permanente.
Mais dans un autre contexte, ce sont les populations de Niamtougou, toujours de la préfecture de Doufelgou, qui ont été violemment réprimées dans le sang, il y a quelques mois. Le seul crime est d’avoir manifesté dans la rue pour dénoncer le meurtre et exigé le corps de leur frère, le Colonel Madjoulba Bitala, Chef corps Bir assassiné le 4 mai dernier, dans son bureau, et dans des conditions encore non élucidées. Une succession de faits qui tirent sur le pont de la confiance entre le régime de Lomé et ces populations que l’on a pourtant toujours décrites comme étant sa base arrière. C’est donc clair qu’au fil des années, dans sa course effrénée pour la conservation du pouvoir, le régime de Faure ne fait que des malheureux, frustrés remerciant donc par le revers de la main ceux qui avaient jusque-là fait le dos rond pour supporter les injustices deshumanisantes que le pouvoir cinquantenaire leur a fait subir tout le long.
Instrumentalisation de la Covid…l’autre mal
Ce sentiment de marginalisation se généralise encore plus par l’instrumentalisation de la Covid dans le pays. En effet, on se souvient que faute de regain de la maladie à Coronavirus, c’est tout Sokode et ses environs qui sont mis en quarantaine depuis quelques semaines déjà. Non sans alanguissements des populations qui ont l’impression d’être victimes d’un harcèlement politique pour s’être démarqués ouvertement du régime depuis 2017. Aujourd’hui, ce sont les populations de Agbodrafo, dans les lacs qui, voulant aussi célébrer leur rituels annuels, ont violemment essuyé des tirs de gaz lacrymogène. Une répression qui vient à la suite de l’annulation problématique de Ekpessosso, pourtant la plus vieille tradition du Togo.
Plus rien ne surprend au Togo. Pour conserver, de façon dogmatique le pouvoir, tous les moyens paraissent bons pour Faure et son régime qui, se faisant, font retourner le Togo au temps du parti unique. Bien lamentable pour un Président qui se veut moderne mais dont la gouvernance rime avec l’autocratie et la pensée unique.
Source : Fraternité
Source : 27Avril.com