L’Office Togolais des Recettes, OTR, on ne le dira jamais assez, traverse des zones de turbulence. La structure est mise en mal par ses outils de travail. Il vous souvient que nous avions déjà publié des dossiers dans ce sens. Les recettes fiscales et douanières sont au plus bas de leur forme. Les raisons, elles sont toutes évidentes.
L’OTR travaille dans un environnement limité par la mauvaise foi d’une race de partenaires plus soucieux des chiffres d’affaires que de la bonne santé de l’économie nationale, par l’engagement de l’Etat dans des chartes régionaux ou sous régionaux en déphasage avec les réalités du pays. Exemple du cas du Règlement 14 sur lequel nous avions abondé. Pire, la gestion du Port Autonome de Lomé reste encore tétraplégique. Pour 2017 par exemple, le port en eau profonde de Lomé ne pourra rien verser au trésor public à la lecture des prévisions budgétaires qui viennent d’être votées.
Dans un monde de plus en plus concurrentiel, rien ne sert d’avoir un port en eau profonde, ni de construire des infrastructures portuaires de dernière génération si l’on n’est pas en mesure d’un marketing à la hauteur des attentes des partenaires souvent embarrassés par une multitude de choix. En tout cas, un des deux poumons de l’économie togolaise, le PAL, est atteint d’une infection qui s’appelle la mauvaise gestion, l’approximation, l’absence de vision. De l’absence de routes et chemin de fer de qualité pour désenclaver le pays vers ses partenaires, en passant par l’image de plus en plus grabataire du port pour aboutir aux dispositions sous régionales hémiplégiques, tout est réuni pour que les recettes de la douane du port, plus de 80% des recettes douanière nationales, plongent. Même dans l’explication de la situation du Port Autonome de Lomé au vote du budget national, les gens s’accordent à reconnaître qu’il y a un mal, même si certains s’échinent à l’attribuer à une certaine chute de la monnaie au Nigeria.
L’OTR, si son environnement ne permet pas encore de répondre aux attentes, a déjà le mérite de combattre le régionalisme et le favoritisme dans le choix des employés des deux plus grandes régies fiscales du pays. Actuellement, l’office est la première structure de la république qui est parvenue à imposer, bon gré mal gré, à ses agents, la déclaration des biens. Ceci est une avancée à rééditer dans les autres sociétés étatiques si l’on veut réhabiliter les bonnes mœurs dans la gestion de la chose publique. C’est vrai, en termes de résultat, le miracle se fait encore désirer. Mais nous sommes de ceux qui continuent par croire que, l’Etat n’a pas fait un mauvais choix en créant l’Office. Aucune œuvre humaine n’étant parfaite, beaucoup reste à faire. Inutile de rappeler que pour lutter efficacement contre la corruption, le salaire des agents ayant pu résister au redéploiement a été revue pour qu’ils ne soient pas éprouvés par la tentation. Si les employés ont donc une situation quelque peu enviable, à moins que les textes et la réalité qu’ils vivent soient deux choses bien différentes, on est en droit donc de se demander ‘‘qui a intérêt à interdire le syndicalisme dans cet environnement où la grogne sociale n’a aucune chance de prospérer’’.
En tout cas, d’après les indiscrétions, les regroupements syndicaux ne sont pas les bienvenues avec la naissance de l’Office. Et pourtant, aucun avantage, aucun statut particulier des employés ne justifie le fait qu’on les interdît l’appartenance à des regroupements syndicaux. A la lecture des textes du BIT, Bureau International du Travail, il faut juste 11 personnes dans une entreprise pour avoir un syndicat. De 1400 agents prévus, l’OTR en compte présentement plus de 1450. A l’OTR, on ne parle pas de délégué du personnel, ni de mutuel, les avantages, c’est encore un autre vocabulaire qui n’est pas le bienvenu. Il n’en faut pas plus pour que des agents prennent sur eux de franchir cette barrière que rien n’explique. Le Syndicat National des Agents de l’OTR, c’est pour bientôt et la mobilisation est forte derrière les porteurs de l’initiative. Nous estimons que les responsables de l’Office ne tenteront pas de cacher le soleil avec la main encore que, surtout que, s’il existe une structure où les regroupements syndicaux ne devaient pas être acceptés, ça ne devait pas être la famille professionnelle du Rwandais Unilingue Anglophone Henry Gaperi. Bon à suivre.
Source : Abi-Alfa, Le Rendez-Vous N° 292 du vendredi 13 janvier 2017
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