Togo – Syndicalisme dans une dictature

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Par Nathaniel Olympio

Togo : Syndicalisme dans une dictature

Lorsque les grandes manifestations de 2017 ébranlaient le régime, d’une manière générale les syndicats n’avaient pas voulu y participer. L’une des raisons avancées était que le gouvernement leur avait fait des promesses. De ce fait, leur participation aux contestations risquait de servir de prétexte à l’Exécutif pour ne pas respecter ses engagements. Les syndicalistes étaient sincères et croyaient à la bonne foi du régime. On pouvait les comprendre.

En 2022, soit cinq années plus tard, les promesses faites n’ont pas été tenues. Le gouvernement a trouvé d’autres raisons pour ne pas respecter ses engagements, et, en affirmant même que les syndicats n’avaient pas compris le sens de ces promesses. Une absence totale de bonne foi doublée d’un mépris. C’est de la prestidigitation politique !

Ce fonctionnement du régime est compréhensible dans sa logique dictatoriale.

C’est le lieu de rappeler que le syndicalisme est un instrument de démocratie qui permet, sur la base de négociations sincères, avec des manifestations pacifiques publiques si nécessaires, de faire avancer la situation socioprofessionnelle d’une corporation.

Dans une dictature, le régime se sert des négociations et des promesses pour duper, gagner du temps, opposer les dirigeants des syndicats à leurs membres, créer des conditions de scissions, pour au final, affaiblir les organisations syndicales. Au Togo cette pratique fonctionne à fond au bénéfice du régime et, bien sûr, au détriment des travailleurs.

Aujourd’hui, les syndicats ont compris que leur lutte corporatiste ne produit pas les résultats à la hauteur de leurs efforts et de leurs droits. Cette évidence renvoie à la situation similaire de l’élection. Cet autre instrument de démocratie subit le même sort. Il ne produit pas les effets de sa vertu dans ce contexte de dictature.

Que faut-il donc faire ?

Le monde syndical et ceux qui luttent pour un changement de gouvernance ne peuvent plus se battre de manière séparée.

Pour commencer, le bon sens voudrait que l’on fasse le constat que ce ne sont pas les luttes syndicales qui sont inefficaces, mais c’est le contexte dans lequel se déroulent ces luttes qui ne permet pas d’avoir de l’efficacité. Cette réalité devrait conduire les syndicats à changer les orientations de leur lutte.

Ensuite, dans la nouvelle orientation, la première lutte à mener devrait être celle qui doit assainir le contexte de la lutte syndicale. Cette nécessité de changement de gouvernance est la même pour tous les syndicats.

Au final, cela impose à tous les syndicats de sortir momentanément de la lutte de corporation pour mener la lutte d’assainissement du contexte de leurs activités.

En revenant dans le champ politique, on retrouve la même problématique.

Résultat, les circonstances imposent donc que les acteurs politiques, les syndicalistes, les défenseurs des droits humains et tous ceux qui veulent faire usage d’un instrument de démocratie pour changer quelque chose dans la vie de la population, doivent se mettre ensemble pour mener un combat qui leur est commun.

Nous le savons, la classe politique de l’opposition à de graves lacunes à combler. Par ses atermoiements, ses conflits internes et parfois même, osons le dire, des collusions avec le régime, elle a sabordé en 2017 sa propre lutte qui avait pourtant généré un grand espoir au sein de la population. Cela peut faire dire aux syndicats qu’ils avaient raison de ne pas s’associer à ce grand mouvement. Ce serait une mauvaise lecture des choses, car leur présence aurait pu permettre d’éviter certaines dérives et donner une autre opportunité à ce combat.

Ce trébuchement des politiques ne peut signifier la fin de la lutte. Cette dernière se présente désormais comme étant commune à tout le monde, au regard de ce que le monde syndical aussi affronte. Au contraire donc, les difficultés des syndicats et celles des politiques imposent que toutes les intelligences se mettent en fusion pour produire la nouvelle orientation d’un combat transversal qui transcende les organisations et qui concerne les citoyens.

C’est un combat pour la liberté, un combat pour la justice et un combat pour la démocratie. C’est la lutte citoyenne. En tant que citoyens, nous devons mener ensemble cette lutte, et nous devons nous y mettre sans délai.

Gamesu

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Source : icilome.com