Il est connu pour son zèle démesuré. De la gestion de la riposte contre la pandémie à coronavirus, il s’est fait connaître de la manière la plus maladroite. Depuis peu, il est devenu rare sur les antennes. Mais il a décidé de se faire entendre autrement depuis le 06 décembre 2021.
A travers un communiqué laconique, le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche Prof Majesté Nazoba Ihou Wateba, puisque c’est de lui qu’il s’agit, a décidé de la suspension des primes de soutenance pour les étudiants boursiers du gouvernement togolais et de la coopération jusqu’à nouvel ordre. « Le ministre de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche informe tous les étudiants bénéficiaires des bourses du gouvernement togolais et de la coopération que l’octroi des primes de soutenance de mémoire et de thèse est suspendu jusqu’à nouvel ordre. Le ministre compte sur la bonne compréhension de tous », a écrit le ministre Ihou Wateba sans avancer le motif qui sous-tend cette décision de grave portée.
Des étudiants dépités car le tout puissant ministre n’a pas accepté échanger avec eux, sont obligés de lui adresser une lettre ouverte dont le contenu révèle la légèreté et la faiblesse juridique qui entourent cette décision. « Les primes de soutenance tiennent leur fondement juridique de l’article 2 du Décret Présidentiel pris en Conseil des Ministres decret N°2011-117/PR du 30 Novembre 2011 fixant les taux des bourses d’études, de stage et des allocations de secours. Ainsi, depuis 2011, la jouissance des primes de soutenance est un droit acquis au bénéfice des étudiants en fin de formation. Cette mesure était perçue comme un moyen d’accompagnement du gouvernement aux étudiants en fin de formation pour une insertion professionnelle réussie. La noblesse que les étudiants bénéficiaires éprouvaient vis-à-vis de cette mesure semble s’éclipser de la manière la plus incomprise. Monsieur le Ministre, la suspension des primes de soutenance de mémoire et de thèse par un communiqué équivaut juridiquement à la suspension de l’exécution d’un décret présidentiel pris en Conseil des Ministres. Cette suspension méconnait alors les exigences du droit administratif notamment la règle du parallélisme des compétences. Toutefois, nous n’ignorons pas que la suspension n’est pas synonyme de suppression. Mais, les effets immédiats de la suspension nous privent de la jouissance d’un droit acquis. Ainsi, au regard de tout ce qui précède et au nom de tous les étudiants bénéficiaires lésés par cette nouvelle mesure, le collège des délégués et les responsables d’associations estudiantines entendent vous demander de bien vouloir rétablir le statu quo ante, en reconsidérant votre communiqué du 06 décembre 2021 et ce, dans l’intérêt des étudiants », lit-on dans cette correspondance qui rappelle quelques notions élémentaires du droit administratif au ministre professeur Ihou Wateba.
Comment un ministre peut prendre une décision de cette gravité sans être en mesure de la justifier ? Le ministre veut-il avoir quelque chose des étudiants ? La trésorerie de l’Etat est-elle asséchée ? Quand on dirige des hommes, le minimum c’est de les respecter. Cette manière cavalière de suspendre les primes s’apparente à une gouvernance selon les humeurs.
K.A.
Source : Le Correcteur / lecorrecteur.info
Source : 27Avril.com