Le détenu politique Goma Abdoul-Aziz fait toujours face à une situation de santé déclinante. Après avoir été diagnostiqué d’une hernie discale, cet Irlandais de nationalité souffre d’une maladie rare due aux sévices dont il a été victime. Il lui a été diagnostiqué la maladie de Charot Marie Tooth.
Le 14 juin dernier, le détenu Abdoul-Aziz Goma a formellement saisi la Commission nationale des droits de l’homme (CNDH) des faits de tortures, de traitements cruels inhumains et dégradants dont il a fait l’objet lors de sa détention dans les locaux du Service central de recherches et d’investigation criminels (SCRIC). Dans la plainte, le détenu a cité nommément une quinzaine de personnes comme ayant participé à ces actes répréhensibles. « Parmi ces agents de l’USIG, SCRIC, ANR qui nous avaient torturé, j’ai pu retenir les noms suivent : Commandant KABIA, Commandant ATEKPE, Capitaine FAMBA, Capitaine TCHEDRE SAMGBADJA, Lieutenant AWATE, MDL chef ZATO, MDL chef LARE, WADJA, MDL chef KARKA, MDL chef SOKOU, MDL chef TCHEDRE, RAZAK, ALEXIS, ALAKRE », a-t-il énuméré.
Ces noms ne sont qu’une partie des agents qui ont participé, selon le détenu, aux actes de torture dont nous reprenons quelques séquences. « Moi, j’étais menotté contre la roue de la voiture et allongé par terre. Les bastonnades, les coups de pieds, les coups de cordelettes, de matraques par-ci et par-là partout sur mon corps m’entrainant de vomissement de sang et de déchirure sur mon corps. Je me suis posé la question de savoir s’il est encore nécessaire pour moi de vivre. J’ai prié mon créateur de m’ôter la vie plutôt que de subir tous ces traitements inhumains et cruels dont je suis victime. Je n’avais pas cessé de pousser des cris et des hurlements de douleur sous toutes ces peines, ces mauvais traitements inhumains et cruels, et ceci durant toute la nuit », raconte-il.
Selon ce témoignage qui fait froid dans le dos, le détenu a été détaché de la route de la voiture à 3 heures du matin pour être attaché à un arbre, et subir les mêmes traitements jusqu’à évanouissement. « Ils avaient dû m’arroser d’eau afin que je puisse reprendre connaissance puisqu’à ma reprise de connaissance, j’étais tout mouillé », poursuit-il. Et de déclarer : « Je vomissais toujours du sang et je saignais partout sur mon corps, malgré tout ceci, ils continuaient de nous bastonner, de nous frapper avec des matraques et même leurs fusils et nous menaçaient de tirer sur nous. Les agents de SCRIC nous assénaient des coups sur la plante des pieds pendant une très longue durée sans cesse, sur nos tibias, sur les pointes des pieds, sur les orteils, sur les pointes des doigts, des gifles sur les oreilles, c’était vraiment de la torture. Tout cela avait duré toute la matinée sous le soleil ardent ».
Ces actes ont été suivis d’autres pratiques de torture dont la simulation de l’exécution sommaire. Conséquences, le détenu est aujourd’hui dans une situation critique par rapport à son état de santé. Des examens effectués dans des cliniques de renom édifient sur les handicaps provoqués par les traitements dont il a été victime. En juin 2021, il lui a été diagnostiqué une sciatique bilatérale invalidante par discopathies dégénératives progressives lombaires étagées ainsi qu’une hernie discale. En d’autres termes, le patient souffre d’une lésion qui résulte du déplacement du disque au niveau des vertèbres. Ainsi, il lui est impossible, entre autres, de se tenir debout, sans appui. Il perd également le contrôle de ses membres inférieurs.
Malheureusement, le détenu n’est pas au bout de ses peines. D’autres pathologies sont venues s’ajouter aux maux dont il souffre. Le 22 septembre 2021, il a subi de nouveaux examens dont les résultats sont vraiment inquiétants. Selon le compte rendu de l’électroneuromyographie, Abdoul-Aziz Goma est atteint de la maladie de Charcot Marie Tooth. Cette pathologie est présentée comme une maladie nerveuse dégénérative qui apparaît généralement à l’adolescence ou à l’âge adulte. Les symptômes possibles sont une faiblesse musculaire, une réduction de la taille des muscles, une diminution de la sensation, des orteils en griffe et une voûte importante, apprend-on. Sur le site internet du Centre hospitalier universitaire Vaudois (CHUV) présenté comme l’un des dix meilleurs hôpitaux au monde, www.chuv.ch, nous lisons que les maladies des nerfs périphériques et des muscles ont de nombreuses causes dont des causes traumatiques. «Elles peuvent être génétiques, par la perte des programmes de survie des neurones qui permettent au système nerveux, d’une part, d’éliminer des cellules ayant établi des connexions aberrantes, d’autre part, de contrôler la taille des différentes populations de neurones. Les polyneuropathies qui correspondent à des atteintes multiples de nerfs périphériques sont réunies sous le terme de neuropathies de Charcot Marie Tooth, les atteintes des muscles squelettiques sous le terme de dystrophies musculaires », lit-on.
Seulement, aucun remède n’existe encore pour guérir cette maladie qui se manifeste sous de nombreuses formes, toutes rares. « Les principaux traitements sont des séances de kinésithérapie et d’ergothérapie. Des médicaments peuvent réduire la douleur », précise le CHUV.
De sources médicales, le lien entre les actes torture subis par la victime et les maladies dont elle souffre est plus qu’évident. Lorsqu’une personne est atteinte d’hernie discale, elle peut développer d’autres pathologies liées aux muscles et aux nerfs. C’est le cas du détenu Abdoul-Aziz Goma. Et dans le cadre d’un traitement efficace, la prison n’est pas le lieu indiqué. D’autant plus que depuis son arrestation, la culpabilité du détenu n’a pu être démontrée. Le danger c’est de le voir perdre définitivement ses capacités motrices.
G.A.
Source : Liberté / libertetogo.info
Source : 27Avril.com