Le Service des recherches et d’investigation (SRI), l’Office Togolais des recettes (OTR), la Justice, voilà les bras forts du régime RPT-UNIR. Ils sont brandis comme l’épéé de Damoclès sur la tête des citoyens éclairés qui refusent de regarder dans la même direction.
Avec le SRI et la Justice, pour rien du tout, pour une affaire à dormir debout on te colle un procès. Avec l’OTR, pour te réduire au silence, on te frappe d’un redressement fiscal. SRI, Justice, OTR, trois institutions au service du pouvoir.
La philosophe Annah Arendt, dans ses écrits contre le totalitarisme, a montré que la pluralité d’opinions est le présupposé de la politique. Dans cet espace de perspectives que crée la politique, seule la faculté de juger permet aux hommes de détruire les préjugés. C’est dire que la politique étant le lieu de la délibération, de la discussion en vue du triomphe d’un argument valide, exclut la violence. Dans l’Antiquité, les penseurs grecs, notamment Aristote concevaient la politique dont la visée est le Souverain-Bien comme la production des « belles actions ». En ce sens, la politique est au service du bien et du beau. Le pouvoir politique n’est pas un monstre froid ; il est l’organisation rationnelle et la gestion humaine et humaniste de la société en vue du bonheur et de la réalisation des aspirations du peuple. A travers les institutions qui l’incarnent, la société politique est le lieu de la raisonnabilité et de la moralité. Mais sous les tropiques dans certains pays africains, tout porte à croire que la raison a quitté le milieu sociopolitique au profit de la déraison qui gouverne.
Au Togo, sous la dynastie des Gnassingbé incarnée dans la personnalité forte du Prince, tout est aux ordres du pouvoir. Les institutions de la République sont des bras armés du pouvoir. Le SRI, la Justice, l’Otr entre autres, sont des armes dont Faure Gnassingbé et son pouvoir se servent pour régler leurs comptes à leurs détracteurs et réduire au silence les têtes non-alignées, les opinions divergentes, les esprits éclairés. Les institutions, au lieu d’être au service du peuple, contribuent à leur déshumanisation. Parallèlement aux forces armées qui tiennent au respect ceux-là qui ne veulent pas regarder dans la même direction, ce sont les institutions de la République qui sont déchainées à leurs trousses. Comme quoi, avec le nouveau mode de gouvernance instauré par le régime cinquantenaire, tout le monde doit regarder dans la même direction. Après avoir mis en mode veilleuse la tristement célèbre Agence nationale de renseignement (ANR) souvent décriée pour ses supers pouvoirs, ses dérives, c’est le Service des recherches et d’investigation qui est réactivé. C’est un instrument que le pouvoir utilise contre ses détracteurs.
À la moindre affaire qui devait être réglée par des procédures simples et convenables, c’est le SRI qui devient instrumentalisé. Dans les dossiers des journalistes qui devraient être réglés par la HAAC suivant le code du métier, il est sollicité. Il est devenu une véritable Gestapo que le pouvoir utilise contre les opposants et ceux qui ne sont pas d’accord avec lui. Il est souvent accusé de torture, de traitements inhumains, dégradants et d’enlèvement. Avec ce puissant bras armé du pouvoir, les citoyens ne peuvent plus respirer. Un coup de téléphone de la part du SRI suffit pour te coller un procès. Avec la complicité de la justice qui est censée protéger les citoyens, mais se met au service du pouvoir. Et pourtant des millions de F CFA voire des milliards ont été dépensés pour sa modernisation. Cette justice qui devrait être le dernier rempart contre les violences, les brimades, est devenue le bras fort du régime et fait deux poids deux mesures. Voilà que dans une affaire purement universitaire qui pouvait être réglée par des procédures académiques, ce sont les agents du SRI qui débarque dans le temple du savoir pour se faire maîtres.
Des professeurs sont livrés, humiliés et trainés comme des bons à rien, des vulgaires. Les étudiants d’une vingtaine d’années dorment depuis la semaine dernière dans les locaux de la Gendarmerie. Et là, la présidence de l’Université de Lomé ne trouve rien à dire. Comme quoi, c’est le SRI qui fait la loi dans tous les secteurs. A l’allure où vont les choses, on se croirait en Corée du Nord où la vie privée est sous contrôle, où tout le monde est contraint de rire quand le président rit.
L’Office togolais des recettes (Otr), l’autre bras fort de la dictature de Lomé. Sa méthode est froide. Pour les directeurs de sociétés, les entrepreneurs qui résistent à se mettre au garde-à-vous du régime, ils sont frappés de redressement fiscal. Les dérives de l’Otr font fuir les opérateurs économiques et découragent les initiatives entrepreneuriales.
Si certains entrepreneurs mettent la clé sous le paillasson à cause de l’Otr, d’autres préfèrent tourner dans l’informel. La clinique Fafa vient de faire l’amère expérience. Alors que ses caisses tournent au rouge, cette clinique dont les prometteurs ont opté pour le non alignement, vient d’être soumise à un redressement fiscal de plus de 13 millions de F CFA. Elle risque simplement de fermer les portes. Et la quinzaine de Togolais qu’elle emploi risque de se retrouver au chômage. A qui tout cela profite-t-il ? La question se pose.
Source : L’Alternative
27Avril.com