Juste au lendemain de l’information faisant état de l’attaque terroriste ayant eu lieu dans la préfecture de Kpendjal, précisément à la hauteur de la localité de Sanloaga, le Président de la République, Faure Essozimna Gnassingbé, a tout bousculé, renoncé à plusieurs épisodes de son programme de la journée de jeudi pour se rendre avec empressement sur les lieux, à plus de 700 kilomètres de Lomé, la capitale où il réside.
Objectif ? Apporter un soutien ferme et indéfectible aux forces armées togolaises pour leur bravoure, leur professionnalisme et le courage avec lequel, ils ont énergiquement repoussé, sans concession ni ménagement, les voyous de terroristes qui ont osé, pour la première fois, s’en prendre à eux, donc au pays, dans la nuit du 09 au 10 novembre 2021.
Habillé en demi saison, relativement décontracté, mais très soft et élégant, sans cravate avec une dominance du bleu, le chef de l’Etat, cache-nez noir voilant la bouche et le nez, est descendu de l’hélicoptère, puis passé en revue les troupes dressées tel un seul homme, avant de se rendre sur les lieux du théâtre.
Après quoi, selon le reportage fait à cet effet, et le communiqué du conseil des ministres tenu le vendredi, le fils d’Eyadema Gnassingbé, au pouvoir depuis 2005, a tenu à passer ce message salutaire aux miliaires en son nom propre et au nom de l’ensemble du peuple togolais.
Du coup, l’on peut imaginer volontiers, toute la joie, l’excitation, l’émotion et tout simplement, le contentement qui vont se saisir de chacun de ces vaillants combattants constituant notre chère armée. Ce seul acte de soutien ferme de chef d’État ainsi que le message qu’il a eu la volonté et la disponibilité de passer, non pas à distance, à partir de son palais douillet de Lomé, mais sur les lieux de combat, à ces militaires, suffit largement pour les déterminer, pour longtemps, à se battre indéfectiblement en vue de défendre la cause du peuple togolais et l’intégrité du territoire national.
Cette conclusion que nous tirons, relève en réalité du simple bon sens, car il est connu de tous que lorsqu’une situation de détresse, de malheur, d’épreuve survient dans la vie d’un individu et ce dernier bénéficie immédiatement, de soutien ferme de ses frères, amis et de surcroît du parent, il se sent plus que revigoré, avec cette pleine conscience qu’il n’est pas seul. Ainsi il acquiert plus de foi, de tonus et d’énergie pour affronter l’épreuve, juguler le mal ou le surmonter. C’est en réalité une très belle astuce que tous les leaders avisés utilisent régulièrement pour témoigner leur affection, leur amour ou simplement, leur égard vis-à-vis des gens dont ils ont la vie et le destin entre les mains. C’est aussi par elle, qu’ils ventilent leurs visions et impactent les masses sociales dans les entreprises ou au sein d’une nation.
Mais dans le cas d’espèce du Togo, une question naturelle surgit à l’esprit des citoyens eu égard au retrait, au silence et, à la limite, à l’indifférence du chef de l’Etat lorsque d’autres problèmes sérieux surgissent dans différents corps constitués de la nation.
Dans notre pays en effet, plusieurs cas de révoltes, de grèves, de soulèvements ou de difficultés ont marqué la vie des agents de la santé, de l’éducation, des sports, de la zone franche et d’ailleurs, sans que cela ne détermine le chef de l’État à agir directement ou à aller au contact de ces différents acteurs de la vie publique du pays comme il le fait aussi souvent avec les forces armées togolaises.
Des faits très sérieux ont angoissé les populations togolaises et provoqué des remous y compris dans les rangs de la communauté international et des organisations de défense des droits humains comme Amnesty International, mais le peuple n’a guère eu cette heureuse chance de bénéficier de la chaleur humaine de son cher Président.
L’on est naturellement fondé à s’interroger sur ce qui justifie un tel retrait apparent du premier responsable du pays alors qu’il est la seule personne à qui le peuple est supposé avoir confié sa destinée. Il nous sera certainement dit qu’il fait travailler ses collaborateurs dont les ministres, mais il clair qu’une telle réponse ne saura convaincre le peuple, d’autant plus que les FAT ont aussi une très brillante ministre.
L’on pourrait peut-être considérer que le Président de la République a en horreur les révoltes, les soulèvements et les revendications qui, pourtant, visent les meilleures conditions de vie et de travail de ces citoyens, afin qu’en retour, leur rendement dans le projet de construction d’une nation prospère soit plus conséquent.
Mais il est aussi arrivée des situations où des togolaises et des togolais ont fait des prouesses remarquables dans le monde de la littérature, de la culture, de l’invention, de l’innovation ou ont vécu des moments de détresse sérieuse sans que cela n’émeuve le grand patron.
Pourquoi donc a-t-il plus d’égard pour les hommes en armes dans notre pays?
Les aime-t-il plus ou les redoute-t-il plus que les autres citoyens qui, de toute évidence, ne sont pas moins contributeurs de la vie publique?
En tant que citoyens, nous sommes très fondés à en être jaloux.
Luc Abaki
Source : icilome.com