L’ascension fulgurante de Tikpi Atchadam, leader du Parti national panafricain (PNP) sur la scène politique nationale a, non seulement entrainé une redistribution des cartes au sein de l’opposition, mais créé également des remous au sein du régime RPT/UNIR. Au sein du pouvoir de Faure Gnassingbé, les Tems (ethnie de Tikpi Atchadam) ne sont pas vus d’un bon oeil. Certains sont devenus des indésirables, d’autres sont obligés de faire montre d’un zèle inouï pour témoigner leur loyauté au Prince. Mais, à l’évidence, des cadres Tem qui occupent des postes stratégiques font les frais de ce que certains qualifient déjà de « purge des Tems» au sein de l’appareil étatique et sécuritaire. La dernière « victime » de cette « purge » n’est autre que le Commissaire-Colonel Ouro-Bang’na Nassam, Directeur des Services Interarmées des FAT. Il a été « finalement » relevé de son poste vendredi, officiellement pour des raisons de retraite. Alors qu’il serait admis à la retraite depuis. Il est remplacé par le Colonel Bassayi.
Les dégâts collatéraux de la montée en puissance de Tikpi Atchadam continuent au sein de l’appareil sécuritaire. Aujourd’hui, il est clair que les Tems sont déclarés persona non grata à des postes stratégiques. On leur reproche dans les arcanes du pouvoir de Lomé II, de soutenir d’une manière ou d’une autre le PNP et son leader. Comme sous les tropiques, le repli identitaire aux fins de conservation du pouvoir reste la panacée de Faure Gnassingbé, décidé à mourir au pouvoir. La Lettre du Continent, dans son édition N°761 du mercredi 27 septembre 2017 a fait des révélations dans ce sens. « En attendant, Faure, bunkérisé dans son palais de Lomé 2, mobilise ses sécurocrates, pour la plupart des Kabyés originaires de Kara (Nord), le fief natal des Eyadèma, afin de juguler la crise », révèle ce journal en ligne français. Cet organe a mentionné les noms de certains officiers comme le «redouté » Yotrofei Massina, DG de Gendarmerie ; le Général Félix Abalo Kadanga, chef d’état-major des FAT, Kpatcha Sogoyou, commandant de l’armée de terre, Djibril Ahare, chef du Régiment des paracommandos, etc.
Pour ce faire, Faure Gnassingbé a senti la nécessité d’écarter les officiers Tems qui, selon lui soutiendraient leurs « frères » ou éprouveraient de la sympathie à leurs égards. Selon des indiscrétions, le Commissaire-Colonel Ouro-Bang’na Nassam serait depuis dans le viseur. Le braquage dont il a été victime le 10 mai 2017 à Johannesburg en Afrique du Sud paraît suspect aux yeux de certains. Son remplacement brusque à ce poste vient à nouveau renforcer les suspicions. Certes, il a été admis à la retraite depuis mais bénéficiait de la confiance du Prince. « Pourquoi le faire partir en ce moment précis où il est clair que les Kotokoli sont dans l’œil du cyclone ? », se demande un de ses proches. Cette « persécution » n’épargne pas non plus certains de ses proches. Tout récemment, le beau-frère de cet officier a été nuitamment enlevé puis gardé au SRI durant quelques jours pour des raisons qui ne seront jamais dévoilées. Au-delà des liens familiaux qui existent entre les deux hommes, ce dernier reste l’homme de confiance du Colonel.
Bien avant le Commissaire-Colonel Ouro-Bang’na Nassam, son frère d’armes Ouro Korigo Mollah Agoro a lui aussi été subitement relevé de la tête du troisième régiment d’infanterie de Témédja, remplacé par le Lieutenant-Colonel Takougnadi Alognim. Dans cette logique de « Tem-bashing » (purge des Tems), la cabale ourdie contre le Gal Seyi Mémène reste une preuve évidente.
Seulement, ce ne sont plus uniquement les officiers Kotokoli qui sont visés. La plupart des cadres, originaires de cette localité, sont soumis à d’énormes pressions. Même certains journalistes (Tem), bien que proches du pouvoir, ne sont nullement épargnés. Ils seraient objet de pressions et intimidations.
Les Tems étant majoritairement musulmans, certaines autorités musulmanes mais non-Tem font aussi les frais d’un amalgame inquiétant. Selon des informations, même le Col Yark Damehame serait accusé par certains faucons du régime, de ne pas « frapper fort » les manifestants. Il lui est reproché d’être tendre avec ses « frères musulmans ». N’eût été l’intervention du président d’une grande institution de la République, ce ministre, qui fait montre, ces derniers jours, d’un zèle remarquable allait mettre à exécution des menaces de démission comme il l’avait décidé. Le Directeur général de Togocel Atcha Dédji aussi promoteur de la chaine radio Taxi Fm et certains cadres de Tchamba, sont aussi dans l’œil du cyclone.
On assiste à une guerre de clans sans précédent au sein du régime RPT-UNIR. Les premières victimes sont sans doute les cadres Kotokoli dont la communauté est en première ligne dans la contestation du régime de Faure Gnassingbé. Pour certains analystes, cette purge ne fait que commencer. « Connaissant Faure Gnassingbé qui n’a visiblement plus confiance en personne, il va vouloir les enlever tous, histoire de conserver son pouvoir », affirme une source au sein de l’opposition. On évoque d’ailleurs le sort de Yérima Mashoud Amadou, Directeur général du Trésor et de la Comptabilité publique qui serait sur la sellette. Affaire à suivre !
S.A
Source : Liberté
TogoActualité.com