Nous l’écrivions il y a quelques jours. La campagne de commercialisation du soja 2022-2023 a du plomb dans l’aile. Et ce n’est pas parce que les acteurs de ce secteur ont failli, mais juste que certaines mains tapies dans l’ombre veulent déposséder les locaux de cette filière pour l’offrir sur un plateau d’or à des « vautours » qui se ruent vers le soja. Et donc la belle histoire que sont en train d’écrire les acteurs de la filière depuis quelques années en mettant en place même une interprofession, connaît des pages tristes qui risquent de la mettre fin.
L’on pensait qu’avec le retard accusé dans le lancement de la campagne 2022-2023, les choses devraient s’accélérer pour que les acteurs puissent commencer rapidement la commercialisation et l’exportation, vu les prêts qu’ils ont contractés auprès des banques pour l’investissement dans la filière. Mais c’est compter sans ces mains noires qui ont juré de faire la misère à ces opérateurs économiques locaux. Ces derniers attendent toujours les agréments d’achat et d’exportation du soja. Et, d’après nos informations, les dossiers dorment tranquillement au ministère en charge du Commerce.
Il y a quelques jours, de nos recoupements, comme nous l’avions écrit, auprès du Conseil interprofessionnel de la filière soja au Togo (CIFS-Togo) et de l’ANCES, rien n’a filtré. Mais on a aujourd’hui de plus amples informations qui indiquent que les choses bloquent au niveau du ministère du Commerce, de l’Industrie et de la Consommation locale.
Pour tout produit agricole, il faut produire avant de le vendre. Le soja subit le même processus. Et précisément dans ce contexte, les acteurs organisent la production avec leurs bases de producteurs à qui des préfinancements sont faites, des intrants fournis ainsi toute la batterie du suivi technique pour les opérateurs en bio sans compter les couts de certification extrêmement élevés. C’est d’ailleurs une condition pour avoir l’agrément : preuve du suivi des producteurs. En bon opérateur économique, quand on s’engage à produire, il faut commencer par contractualiser pour la vente, d’ailleurs, c’est le contraire qui devrait s’observer, c’est le marché qui détermine la production.
Mais il est regrettable que les décideurs (pouvoir public) fait fi de ces règles. Tout porte à croire qu’on a délibérément décidé de plomber les activités des acteurs locaux, surtout au moment des récoltes et de la commercialisation. Ces opérateurs économiques paient régulièrement leurs impôts (avec lesquels on paie les salaires des ministres), mais on a, sur le coup des humeurs, décidé de leur compliquer la vie. Il y en a parmi eux à qui on assène des redressements fiscaux à tout va, comme si on veut les assommer définitivement.
Pendant qu’on décide ici d’anéantir les opérateurs économiques nationaux, la Chine fait la pluie et le beau temps sur le marché international avec ses produits douteux. Le soja bio que les acteurs locaux produisent et qui conservent une partie du marché international risque de perdre sa place. Dans un pays normal, c’est ce que le gouvernement devrait s’employer à éviter en soutenant les opérateurs économiques nationaux.
On chiffre à plusieurs milliards de francs CFA le coût que représente tous les investissements consentis par les acteurs qui se retrouvent « interdits » d’exercer du jour au lendemain sans compter les graines achetées entreposées dans les villages et partout ailleurs. Le poids devient insupportable pour ces acteurs qui devraient engager l’Etat si rien n’est fait dans l’urgence.
Comme on le voit, il y a péril en la demeure. Ce que les acteurs locaux ont réussi à construire et entretenir depuis quelques années, la filière soja, est devenu une véritable manne qui attise la convoitise de gens qui n’ont rien à voir avec le secteur. Malheureusement comme on l’a assisté avec la filière cotonnière, ils vont se jeter dans la filière soja, la détruire et repartir sur la pointe des pieds. Triste pour le pays.
Source : icilome.com