Togo: Sogoyou Kéguéwé et la carapace d’ancien chef-milicien à Kara qui lui colle à la peau

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«Nous l’avons connu comme journaliste à Radio-Kara où nous fîmes brièvement un stage dans la deuxième moitié des années ’80. Nous enseignions alors l’allemand au lycée de cette ville. Monsieur Sogoyou Kéguéwé, puisque c’est de lui qu’il s’agit, deviendra plus tard à Kara un activiste du régime RPT pour s’opposer à la démocratisation au début des années ’90. Pendant et après la conférence nationale, tenue en juillet et août 1991, les activistes pro-Éyadéma et pro-RPT dont notre journaliste était l’un des plus actifs, avaient fait de la ville de Kara et de la préfecture de la Kozah un état dans un état, interdit aux activités des partis politiques de l’opposition. Qui a oublié cette époque où Monsieur Akrima Kogoé, ancien directeur-adjoint à l’enseignement du troisième dégré, plus tard directeur général à la SALT, que nous avons également bien connu, s’était autoproclamé préfet de la Kozah, après que la préfet, Madame Gazaro Wêrê, nommée par le premier gouvernement de transition du premier ministre Joseph Kokou Koffigoh, fût renvoyée sur son instigation et sur celle d’un certain Sogoyou Kéguéwé?

En 1991, après la conférence nationale et en notre qualité de reporter à la TVT, nous eûmes le privilège d’accompagner, avec notre équipe, la délégation du Haut Conseil de la République (HCR), parlement de transition, pour une tournée de sensibilisation dans le nord du pays. Si la délégation n’eut aucun problème pour tenir ses meetings à Sokodé, Bafilo, Mango, Dapaong et Cinkassé…, il ne fut pas possible pour les Hauts Conseillers de la République de délivrer leur message du renouveau démocratique aux populations de Kara. L’ancien journaliste à Radio-Kara, le chef-activiste pro-RPT et pro-Éyadéma, Monsieur Sogoyou Kéguéwé et ses miliciens y veillaient au grain.»

Voilà un extrait de ce que nous publiions le 23 août 2023 dans le journal Liberté, pour rafraîchir la mémoire à tous ceux qui ne savent pas, ou ont oublié, qui est vraiment Sogoyou Kéguéwé. Trois décennies après ses «prouesses» à Kara contre la démocratisation au Togo, l’homme semble n’avoir rien perdu de ses réflexes de défenseur à tout prix du système Gnassingbé. Autant il avait dépensé beaucoup d’énergie, en s’érigeant en activiste pro-RPT, au début des années ’90, pour soutenir becs et ongles le père Éyadéma, autant il s’égosille aujourd’hui pour défendre l’indéfendable en ne jurant que par le régime de Faure Gnassingbé, malgré la terreur, malgré les massives violations des droits de l’homme, faites de détentions de plusieurs dizaines de prisonniers politiques, faites d’assassinats, faites d’exilés politiques, malgré les détournements massifs de deniers publics presqu’à ciel ouvert, avec en prime l’impunité totale pour les criminels. N’oublions pas que Monsieur Sogoyou, après ses activités de chef-milicien à Kara, fut remercié pour services rendus par Éyadéma Gnassingbé qui le nomma en 1996, ambassadeur du Togo en Allemagne. Il restera cinq années (1996-2001) à ce poste avant d’être rappelé.

Le controversé journaliste de formation, Sogoyou Kéguéwé, qui a transformé la chaîne, non moins controversée, «New-World TV», en une tribune d’affirmations et d’insultes gratuites dans un ton qui n’a rien à voir avec du journalisme professionnel, joue aujourd’hui plutôt le rôle d’activiste vulgaire qu’on retrouve sur les réseaux sociaux. Et comme le supposé panafricanisme est devenu l’occasion rêvée pour les aventuriers de tous bords de s’exprimer avec des arguments à dormir debout, en bernant les naïfs, pour se présenter pour la personne qu’ils ne sont pas, notre journaliste-chef-milicien a bien su se glisser dans la brèche pour se dire aussi panafricaniste. À l’instar de l’autre escroc-journaliste camerounais Alain Foka, Sogoyou Kéguéwé est devenu tellement «panafricaniste» qu’il évite soigneusement de parler de la situation politique plus que dramatique de son pays le Togo. Comment d’ailleurs pourrait-il le faire quand celui qui est la principale cause du drame togolais, Faure Gnassingbé, est son idole? Nous apprenons que c’est lors d’une de ces diatribes peu réfléchies du «grand-frère» Sogoyou pour se faire passer pour le «panafricaniste» le plus virulent qu’il aurait provoqué le courroux de l’ambassadeur de France au Togo. Monsieur Augustin FAVEREAU estime que lors d’une émission sur New World TV, le 12 mai 2024, Monsieur Sogoyou aurait donné de fausses informations accusant la France. Le diplomate français aurait par la suite saisi dans une lettre en date du 21 mai 2024 la Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication(HAAC), et dit ne pas être content de la ligne éditoriale générale du groupe de télévision New World TV. «Je regrette qu’un média togolais qui revendique son professionnalisme et son attachement à la production d’une information de qualité puisse laisser s’exprimer sans contradiction des propos aussi diffamatoires et contribuer ainsi à la viralité de fausses informations.» Nous rappelons qu’en mars 2020 les journaux togolais «Liberté» et «L’Alternative» n’avaient pas tenu des propos aussi durs envers la France, comme le fait aujourd’hui Sogoyou Kéguéwé, avant que la HAAC ne décide de les suspendre, sous l’instigation de l’ancien ambassadeur français au Togo, Marc Vizy.

Beaucoup de Togolais et d’obsevateurs étrangers s’étonnent du silence de la HAAC (Haute Autorité de l’Audiovisuel et de la Communication), organe togolais de contrôle et de régulation des médias, face aux prestations de Monsieur Sogoyou sur la fameuse chaîne «New World TV». Ses sorties qui ressemblent plus à des insultes et à des affirmations gratuites n’auraient, en grande partie, rien à voir avec des analyses posées d’un journaliste. C’est dommage que l’organe togolais de régulation des médias attende qu’un diplomate étranger lui rappelle le devoir qui devrait être le sien. Au lieu de cesser de regarder ailleurs quand Sogoyou Kéguéwé fait des siennes sur «New World TV», la HAAC ne fait que s’acharner sur la chaîne «France 24» pour son reportage sur le délabrement des infrastructures à la maternité du CHU Sylvanius Olympio et sur les conditions inhumaines dans lesquelles sont prises en charge les femmes togolaises. Dans le reportage il est insisté sur le fait que des tentatives pour joindre le ministère togolais de la santé soient restées vaines. Que reproche-t-on alors à «France 24», quand le Professeur David Dossey, médecin de son état, connaît très bien les problèmes auxquels le reportage a fait allusion?: «Vous avez regardé, comme moi, le reportage de France 24 sur le CHU Sylvanus Olympio? Je suis médecin et j’ai honte pour mon pays…France 24 a été indulgent dans son reportage. Ils ont dit que cela fait un mois que la situation perdure à la maternité du CHU Sylvanus Olympio. Mais en réalité, cela fait des mois que la situation est ainsi. Il y a des mois que le ministère de la Santé a été informé de la situation à la maternité du CHU S.O. Je pèse mes mots. Mais ils n’ont pas levé le petit doigt. C’est un manque de respect pour nos femmes et nos mamans.»

La chaîne de télévision New World TV dont la paternité serait très proche du pouvoir de fait togolais, serait installée pour justement faire la propagande du régime de dictature Gnassingbé. Et Sogoyou Kéguéwé, après son passé d’activiste au profit du RPT d’alors, aujourd’hui UNIR, n’a trouvé mieux que de continuer à travailler pour le maintien de Faure Gnassingbé au pouvoir, comme il l’avait fait, il y a plus de 30 ans, pour protéger Éyadéma du renouveau démocratique. L’ancien journaliste à Radio-Kara aurait pu se mettre du côté des populations togolaises, en s’engageant contre la dictature. Un tel comportement de sa part lui aurait permis de se racheter du passé sombre qui fut le sien à Kara au début des années 90, comme nous l’avons détaillé plus haut. En écrivant cet article, notre intention n’est nullement de nous attaquer à la personne de qui que ce soit. Nous sommes tous originaires d’un pays, le Togo, où, ce qui se passe sur le plan politique est tout simplement inacceptable et révoltant. Faure Gnassingbé gère le pays comme si les autres Togolais n’existaient pas. Les nombreux appels pour la libération des prisonniers politiques, dont en premier son frère Kpatcha Gnassingbé, sont tombés dans les oreilles de sourd. Pendant ce temps il fait changer en catimini la constitution togolaise, sans consulter le peuple. Un changement de constitution qui fait passer notre pays au régime parlementaire et à la 5e république. Tout ça pour ne jamais quitter le pouvoir, pendant qu’autour du Togo tout change positivement. Faure Gnassingbé fait avec l’argent du pays ce qu’il veut, sans aucun contrôle, alors que la misère dans les foyers togolais, à Lomé et à l’intérieur du pays est révoltante.

C’est pourquoi, comme tout Togolais au pays ou dans la diaspora, aimant son pays et ayant un coeur pour les autres concitoyens, nous ne pouvons accepter que des individus, sous couvert de leur supposé statut de journaliste, comme Sogoyou Kéguéwé, se livrent à une telle gymnastique éhontée sur une chaîne de télévision, installée par l’argent du contribuable togolais, pour soutenir un régime qui est devenu aujourd’hui un grand épouvantail pour tous les Togolais. C’est ce que, comme beaucoup d’autres compatriotes, nous dénonçons. En outre, quand on permet à Monsieur Sogoyou Kéguéwé, un journaliste de surcroît formé, de continuer à nous servir un tel journalisme peu professionnel, quel modèle pour les jeunes générations qui rêvent d’embrasser cette profession? Ou bien son soutien à Faure Gnassingbé, malgré le népotisme, la mauvaise gouvernance, les malversations financières, les violations des droits de l’homme, la paupérisation grandissante des Togolais, est-il plus important que les dégâts qu’il cause par ses prestations?

Samari Tchadjobo
Allemagne

Source : 27Avril.com