Lundi 14 mai dernier, les chefs d’Etat-major des armées des pays membres de la Communauté Economique des Etats de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) se sont réunis à Lomé. L’objectif de cette 38ème session était de réfléchir aux stratégies à adopter afin de lutter efficacement contre les menaces d’insécurité dans l’espace CEDEAO.
L’heure était aux grandes déclarations, aux déclarations ayant trait à la sécurité. A la paix aussi. Le Général Félix Abalo Kadangha, chef d’Etat-major des Forces armées togolaises (FAT) et président en exercice du comité des chefs d’Etat-major de la CEDEAO, a alors pris la parole, lâchant la bride à son lyrisme dévastateur. « Face à la situation sécuritaire préoccupante que connaît l’Afrique de l’ouest, je mesure la tâche qui est la nôtre pour préserver la paix et la sécurité. Comme nous le savons tous, il ne saurait y avoir de paix sans sécurité ou de développement sans paix ». Franchement, personne mieux que le Général Kadangha ne peut parler de paix, lui à qui les rênes de l’armée sont confiées. Personne mieux que lui ne peut parler de sécurité.
Et sous la dictée d’on ne sait quel chauvinisme, le Général lui-même a vanté les mérites de la paix. Oui, il clame la paix à tous les échos, le Général, au point de s’oublier quant au rôle qu’il a lui-même joué pour ladite paix. Kadangha a beau parler de paix, c’est sous sa férule que ses camarades voient en leurs citoyens des ennemis à abattre. Le casting est on ne peut plus réussi encore une fois. Plus qu’une déclaration en carton-pâte, plus qu’un discours factice, ce discours jure avec ce que les Togolais vivent au pays.
Pendant que son pays est atteint de la scarlatine, en raison du manque des mêmes sécurité et paix justement, lui, Kadangha, vient se poser en coryphée pour défendre deux valeurs dont lui-même et son équipe sont plus indignes que jamais. Mais de qui se moque-t-on au juste ? Est-ce en lettre de sang que lui et son armée veulent écrire le mot paix dans son pays, ceci en lâchant la bride à ses hommes pour des répressions sans précédent ? Non, les exactions jusqu’ici causées par l’armée à lui confiée sont trop abondantes pour faire régner de si tôt une quelconque sécurité, une quelconque paix. Est-ce en faisant carton sur les Togolais que l’on installe la paix ? Non, elle est vraiment trop grosse, la ficelle.
D’autre part, le même Kadanga, sans que le cœur y soit, estime aussi qu’il ne saurait y avoir de développement sans paix. Accordé, Général. Mais quand il y a l’insécurité dans le pays, on voit bien qu’il n’en pouvait être autrement. D’ailleurs parce qu’il manque cette sécurité, cette paix, les investisseurs fuient le pays.
Ça fait mal quand on vante les mérites de la paix et qu’on agit à rebours. Le peuple ne voit en ce discours qu’une antienne de plus pour illusionner. Comme la diva égyptienne Dalida : « Paroles paroles paroles, paroles paroles paroles, paroles, paroles paroles… » On connaît la chanson ! Triste.
Source : Le Correcteur
27Avril.com