La récente démission du gouvernement Dogbé -bien qu’elle ait été reconduite- a été un soulagement dans certains départements ministériels. La raison, certains ministres ont brillé par une gestion calamiteuse et tirait le gouvernement vers le bas. C’est le cas au ministère de la culture. Depuis son arrivée à la tête du ministère de la Culture et du Tourisme, le Dr Pierre Lamadokou aurait orchestré une série de manœuvres douteuses, transformant ce département en une machine à détournement à son propre profit. Les accusations portées contre lui sont graves, nombreuses, et détaillées, dépeignant un homme déterminé à piller les fonds publics sous le couvert de projets culturels et touristiques fictifs.
Selon des sources internes, le climat au ministère est devenu irrespirable. Les employés, épuisés par l’inaction et la corruption, travaillent désormais dans une ambiance morose. Ils accusent le ministre d’avoir ruiné des secteurs autrefois dynamiques, notamment en s’enrichissant aux dépens des activités culturelles et touristiques.
Parmi les nombreuses accusations, la stratégie du ministre de diviser les agents pour mieux régner et piller les ressources du ministère est pointée du doigt. Cette tactique aurait permis au Dr Lamadokou de verrouiller le système et d’opérer en toute impunité.
L’une des affaires les plus retentissantes concerne la gestion des hôtels d’État. À Dapaong, un dépôt à terme de 100 millions de francs CFA, épargné depuis des années, aurait été vidé par le ministre sous prétexte de financer des travaux. Le résultat ? Une maison luxueuse construite à Kara, dont les carreaux proviendraient des mêmes fournisseurs que ceux utilisés pour l’hôtel de la ville.
Les hôtels d’État, autrefois prospères, sont désormais à genoux, incapables de payer leurs salariés. À Niamtougou, une plainte pour non-paiement des salaires a été déposée, illustrant le malaise au sein de ces établissements.
« Il a vidé les comptes des hôtels d’État. À Dapaong, il y avait un dépôt à terme de 100 millions, existant depuis des années. Il a fait vider cet argent sous prétexte de financer des travaux, mais il a construit une maison à Kara avec des carreaux identiques à ceux utilisés pour l’hôtel de la ville. Les hôtels n’arrivent plus à payer les salariés. Même ceux de Niamtougou ont déposé une plainte pour non-paiement de salaire. Pour le Roc Hôtel, les travaux prévus initialement devaient coûter 80 millions, mais il a poussé le montant à 120 millions. Pourtant, la qualité des équipements laisse à désirer. Ses entreprises prennent tous les marchés, mais même ses prête-noms sont fâchés, car il les gruge eux aussi », rapporte une source bien informée.
Népotisme et Falsification : Une mainmise totale sur le ministère
Le ministre ne se serait pas contenté de détourner les fonds publics. Il aurait également placé ses proches à des postes stratégiques, verrouillant ainsi le contrôle des flux financiers. Des recrutements truqués auraient été organisés pour placer son frère et d’autres proches à des postes clés, sans qualifications nécessaires. À l’hôtel Kara, un simple adjoint statistique serait ainsi devenu chef comptable, responsable de verser les sommes détournées au ministre.
« Il a organisé un recrutement pour les comptables des hôtels d’État, où c’est lui-même qui a composé l’épreuve. Il a fait passer ses pions, dont son petit frère, qui n’a même pas le diplôme requis, mais qui est comptable de l’hôtel 30 Août. Le chef comptable de l’hôtel de Kara est un adjoint statistique qu’il a promu. C’est lui qui lui verse toutes les sommes détournées », poursuit une autre source.
Les fausses factures et les documents falsifiés semblent être la norme sous la direction du Dr Lamadokou, qui a même été accusé d’organiser des activités fictives pour justifier les décaissements de fonds.
Entreprises fictives et travaux bidons
Le Dr Pierre Lamadokou aurait également utilisé des entreprises fictives pour s’approprier des marchés publics. Des sociétés telles que Duo Plus, Cath Inter, To Go, et Perspectives Group seraient impliquées dans ces détournements massifs. Pire encore, les travaux réalisés, quand ils le sont, sont d’une qualité douteuse, bien en deçà des montants astronomiques débloqués pour ces projets.
« Il a promis aux artistes de conserver la dotation 2022 du fonds d’aide à la culture pour la leur redistribuer en 2023. Mais rien ne s’est concrétisé. Même les fresques sur le mur du lycée de Tokoin, c’est lui-même qui a géré le marché de bout en bout. Pour l’anniversaire de Bella Bellow, il y avait un fonds spécial, mais on ignore où il est passé. Des justificatifs ont été fabriqués de toutes pièces. Il y a aussi un projet à Bassar où il a détourné l’argent des Français avec ses entreprises. Les Français ont découvert la supercherie et lui ont fait part de leur déception, mais il s’en moque. Le projet est maintenant mort, même le préfet est déçu. Il confie les marchés à ses proches, récupère l’argent, et personne ne peut rien dire. Même les équipements au service, c’est lui qui les prend sans les livrer. Je ne comprends pas pourquoi les contrôleurs ne disent rien. Essayez de voir quel projet concret il a réalisé depuis qu’il est arrivé, rien du tout à part des affectations », s’offusque une autre source.
Un ministère pris en otage
L’état de désolation des directeurs et agents est tel que beaucoup prient pour un changement de direction. L’impact de cette corruption systématique est visible à tous les niveaux, avec des projets abandonnés, des activités culturelles en déclin, et un sentiment général de frustration parmi les employés.
Les accusations portées contre le Dr Lamadokou révèlent un système de pillage bien huilé, où le népotisme, la corruption, et l’intimidation sont les maîtres mots. Les agents, aujourd’hui épuisés, appellent à l’aide, espérant qu’une enquête approfondie sera menée pour mettre fin à ce règne de la terreur économique.
Les noms des prête-noms, les documents falsifiés, et les projets détournés ne demandent qu’à être révélés au grand jour. La balle est désormais dans le camp des autorités compétentes, si elles osent affronter ce véritable criminel économique.
En tout cas, durant ces quatre années à la tête de ce ministère, Dr Lamadokou aura réussi son pari. Mettre sa famille à l’abri. Selon des informations précises, ce dernier aurait acquis une résidence luxueuse aux Etats Unis notamment à Chicago, où résiderait actuellement ses proches…
A suivre
Restrepo A.
via togoactualite.com
Source : 27Avril.com