Togo : Sauvagerie militaire effroyable dans le nord. Mango pleure ses morts.

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Le Nord Togo est depuis quelques jours la cible de plusieurs expéditions punitives militaires menées par quelques éléments des Forces Armées Togolaises (FAT), les bérets rouges plus précisément, nous renseignent des acteurs d’organisations de défense des droits de l’homme qui y séjournent. Ces expéditions punitives ont touché essentiellement des localités telles que : Sokodé et Bafilo.

Togo : Sauvagerie militaire effroyable dans le nord. Mango pleure ses morts.

Mais depuis quelques jours, ces incursions punitives des militaires ont gagné la ville de Mango où des éléments armés. Nos sources indiquent que dans un premier temps, ces éléments des FAT ont encerclé la ville de Mango et procèdent, toujours selon nos sources à des expéditions punitives qui consistent à pénétrer dans des maisons, à séquestrer, molester, bastonner, passer à tabac et même tirer à balles réelles sur des populations aux mains nues comme le témoignent ces photos que nous publions comme preuves. Ce qui choque en regardant ces photos, c’est l’enfant adolescent atteint en plein cœur par une balle réelle creusant un grand trou à la poitrine de ce dernier. Des esprits conscients ne comprennent pas jusqu’aujourd’hui les raisons qui militent en faveur de commanditaires et auteurs de ces exactions exercées sur des populations innocentes.

Alors que la loi fondamentale togolaise en son article 147 fait obligation à cette armée de rester apolitique et surtout républicaine, c’est-à-dire au service du peuple et non d’une famille ou d’un clan ou encore d’un système comme c’est le cas depuis le 13 janvier 1963. Mieux, la même loi fondamentale togolaise en article 149, exclut du maintien d’ordre toute unité de l’armée y compris celles qui sont encore sur le terrain et qui sèment la mort et la désolation au sein de la population. Mais malheureusement, elle s’invite encore en faisant usage d’arme à feu, et pas des moindres : des armes de guerre comme le témoigne une photo d’une balle ramassée tirée sur des populations aux mains nues, vivant dans leurs maisons ou sur des manifestants qui mènent une lutte pacifique.

Qu’est-ce qui justifie concrètement cet acharnement de l’armée contre des populations qui ne revendiquent que leurs droits ?

L’on peut facilement découvrir les vraies raisons de l’intrusion des FAT dans le jeu politique togolais en remontant le cours de l’histoire togolaise. Elle est bien perceptible surtout depuis la prise de position de cette armée en faveur des dirigeants politiques du pays qui ont pris le pouvoir par la force. Le cas patent d’avril 2005 est encore vivace dans les mémoires où les FAT n’ont pas hésité un seul instant à faire usage de leurs armes (balles réelles) pour faire plier les militants contestataires de l’opposition qui dénonçaient les résultats frauduleux proclamés à l’époque par madame Kissem TCHANGAI de la Commission Electorale Nationale (CEN). Ce jour, 26 avril 2005, le monde entier et les citoyens togolais surtout, partout ils étaient sur la « Terre de nos Aïeux » ont pu mesurer la gravité du statut républicain des FAT.

Et puisque les mêmes causes produisent toujours les mêmes effets, la contestation du pouvoir qui a gagné le grand Nord depuis quelques semaines, n’est pas du tout du goût des dirigeants togolais qui considèrent cette partie du pays comme une chasse gardée où les populations n’ont pas droit à aucune revendication. Et c’est encore une triste réalité togolaise organisée et perpétrée par des hauts perchés au pouvoir d’Etat togolais. Les faits et résultats sont là bien palpables. Mais chose curieuse, les gouvernants dans la situation actuelle ne sont pas tous du même avis. Surtout sur les actes que posent les militaires dans le Nord du pays et surtout à Mango.

Interrogé sur la situation qui prévaut à Mango sa ville natale, le 1er vice-président de l’Union des Forces de Changement (UFC), Brym DIABACTE à laissé entendre : « Le désordre qui se produit à Mango, toutes ces manifestations-là sont d’une même source. C’est le ministre de l’environnement qui a provoqué tout ça. Il est de l’UFC. Moi aussi je suis de l’UFC. Je suis le 1er vice président. Je suis son ami. Mais il ne m’a soufflé aucun mot. Il est parti aller commencer par brûler les maisons et la population s’est soulevée », a indiqué Brym DIABACTE avant d’enfoncer le clou en affirmant sèchement : « Le ministre de la sécurité Yark, il dit que celui qui est mort, c’est la population qui l’a tué parce qu’ils ont des armes. Si la population a des armes, ce n’est pas sur elle-même qu’elle va tirer non. Mais sur ceux qui viennent les agresser. La population n’a rien ».

L’envie vorace de sauvegarder ou perpétuer aussi longtemps au pouvoir tel un assoiffé de pouvoir peut valablement justifier cette volonté délibérée des dirigeants togolais de soumettre les populations qui sont frustrées par la gouvernance et surtout la paupérisation qui gagne du terrain. Et c’est cette envie vorace de pérenniser aussi longtemps au pouvoir qui est à la base de ces événements malheureux qui endeuillent la patrie Togo. Mais doit-on continuer éternellement à bâillonner un peuple qui lutte pour sa liberté confisquée ? Doit-on continuer toujours et toujours à violer allègrement la vie humaine et la sacrifier sur l’autel d’une envie vorace de perpétuer au pouvoir ? Pauvre Togo !!!

Que les âmes de ces vaillants combattants tombés sur le champ de bataille reposent paix.

Idelphonse Akpaki

Source : La Gazette du Togo

27Avril.com