Pour avoir osé rêver d’un Togo libre et démocratique en affrontant la dictature implacable de Faure Gnassingbé et son clan, dans des manifestations pacifiques, ces centaines de Togolais se sont retrouvés otages d’un régime qui se plait à tuer son propre peuple. Plusieurs d’entre eux ont déjà trouvé la mort dans ces prisons déshumanisantes dans le pays. Aujourd’hui, le front « Touche Pas A Ma Constitution » alerte du drame qui se joue dans les prisons et se mobilise pour la libération des 92 otages dont la vie est en danger.
La prison est aujourd’hui un bâton agité par le régime togolais pour maintenir le peuple dans la peur. Aucune critique ne doit pas être émise à l’encontre du monarque au risque de se retrouver dans ces goulags dont on en sort des années plus tard avec des maladies incurables pour ceux qui ont de la chance, ou la mort au pire des cas. La prison est devenue pour le clan au pouvoir un lieu pour éteindre les citoyens.
L’objectif étant de créer un traumatisme suffisamment profond pour étouffer toute contestation populaire. Aucune manifestation pacifique n’est autorisée dans le pays. Le front « Touche Pas A Ma Constitution », préoccupée par la situation, lance une campagne « Togo sans prisonniers politiques ».
Les prisonniers « croupissent dans des conditions inhumaines, séparés brutalement de leurs familles, confrontés à une promiscuité humiliante et livrés à la maladie. Certains sont dans cette souffrance depuis 2018, un véritable calvaire qu’on leur impose et qu’ils ne méritent pas », constate le mouvement.
Subir six (6) ans de détention parce qu’on a défendu l’État de droit, les droits de l’homme, les libertés publiques et la démocratie, c’est une injustice inadmissible et inacceptable. C’est une injustice que nous dénonçons avec énergie, ajoute le front « Touche Pas A Ma Constitution ».
Il est vrai que dans un passé récent, ces prisonniers politiques ont reçu divers soutiens de la part de certaines bonnes volontés, sans oublier des manifestations qui avaient été organisées pour exiger leur libération. Mais toutes ces actions étaient-elles suffisantes ? Pas du tout selon le mouvement qui appelle à la mobilisation autour de cette campagne.
Rendre un hommage ferme aux prisonniers politiques, leur dire que nous ne pouvons pas les oublier, les porter dans nos cœurs et reconnaître que nous leur devons la liberté, rappeler à tous les Togolais, que les prisonniers politiques ont sacrifié leur liberté pour notre liberté, et donc sont nos héros, les héros de la démocratie, les soutenir et les honorer et créer les conditions qui favoriseront leur libération. Voilà les objectifs qui sous-tendent cette campagne.
Une campagne maintenant parce que, selon les organisateurs, certains détenus depuis 2018, voient leur santé se dégrader de manière alarmante, les 92 Togolais ont sacrifié leur liberté pour la nôtre. Nous avons donc une dette envers eux.
« Maintenant, parce que ce serait un signal fort : leur libération serait un premier pas vers la réconciliation nationale dont notre pays a désespérément besoin. Une quête de réconciliation lancée par Monseigneur Barrigah qui vient de nous quitter, quand il a présidé la Commission Vérité Justice Réconciliation. Paix à son âme. Et surtout maintenant, parce que certains ont déjà perdu la vie en détention. Ceux-là sont nos martyrs. Nous ne les oublions pas. L’histoire ne les oubliera pas. Un hommage particulier leur sera rendu prochainement », écrivent-ils.
Ils lancent un appel urgent à tous les Togolais à prendre conscience de la situation critique de ces prisonniers politiques qui ont besoin de moyens de subsistance, de soins de santé et des frais d’avocats. Les Togolais de l’intérieur et de la diaspora peuvent contribuer, comme certains le font déjà.
Une journée d’hommage aux prisonniers sera organisée bientôt. Elle sera suivie d’une sensibilisation sur le sort des prisonniers politiques auprès des autorités religieuses, des chefs traditionnels, des institutions des droits humains, des chancelleries, des organisations internationales des droits de l’homme, une campagne médiatique pour sensibiliser les compatriotes avec des distributions de tracts, des visites aux prisonniers, une veillée de prière, le lancement d’une pétition et l’organisation des sit-in pacifiques.
« Le sujet de cette campagne concerne tous les Togolais. C’est pourquoi, avec beaucoup de modestie, le front « Touche Pas A Ma Constitution » en appelle à la conscience de chaque citoyen, sollicite toutes les organisations de la société civile, ainsi que les structures et les personnalités de la diaspora, afin que notre voix commune traverse les murs pour résonner dans les prisons et que nos actions touchent nos héros jusque dans leurs cellules. La lutte que nous menons pour l’État de droit, les droits de l’homme, les libertés fondamentales et les valeurs démocratiques ne peut prospérer que si nous aidons ceux des nôtres qui tombent à se relever dignement », indique la déclaration du front.
Les organisateurs de cette campagne invitent toutes les confessions religieuses et les autres forces vives de la nation à se mobiliser.
Source: lalternative.info
Source : 27Avril.com