Togo-Sahel : La France et le variant togolais

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Venu à Paris rencontrer Macron qui, le 9 avril, a déjeuné en tête à tête avec lui, le président togolais, Faure Gnassingbé, lui a soumis une audacieuse proposition.

Les deux chefs d’Etat partagent un souci : la menace djihadiste au Sahel, qui s’étend dans l’ouest africain, atteignant désormais le Togo, le Bénin ou le Ghana. Faure a dépêché 1 100 hommes à la Minusma (mission des Nations unies au Mali) et Macron supervise l’opération « Barkhane », qui mobilise plus de 5 000 soldats.

Al-Qaida au centre

L’homme fort du Togo a tissé, via son ministre des Affaires étrangères, Robert Dussey, un lien de confiance avec Assimi Goïta, figure de proue des putschistes qui, en août 2020, ont pris le pouvoir à Bamako. Ces derniers se montrent disposés à palabrer avec « tous les fils du Mali », leaders djihadistes compris, donc. Et les Togolais – au nom de leur propre sécurité – semblent vouloir les imiter !

La preuve, comme le confie au « Canard » un proche de Faure, le régime de Lomé a noué des contacts avec Amadou Koufa, patron de la katiba (brigade) Macina, puissante au centre du Mali. Et souhaiterait que Paris regarde ailleurs. Problème : ce gentil fondamentaliste est, pour Paris, l’ennemi public numéro deux. Juste derrière le fameux Iyad Ag Ghali, chef du Rassemblement pour la victoire de l’islam et des musulmans, filiale d’Al-Qaida…

Macron a pris soin de rappeler ces vérités à son visiteur. Pourtant, son entourage admet que, entre veto à toute initiative et dialogue avec l’ennemi, « un espace de manœuvre » existe, même si, à l’inverse de « nos amis togolais », les Français jugent illusoire d’espérer dissocier le sort de Koufa de celui d’Ag Ghali.

Et ne croient nullement que le premier se contenterait de l’instauration de la charia – loi coranique – sur la région qu’il contrôle. « Ce que nous sommes venus demander à la France, confie un membre de l’entourage de Faure c’est de nous laisser les coudées franches, de ne pas entraver nos efforts »

Pas gagné, reconnaît un expert élyséen. Pourtant (preuve d’une évolution française ?) Paris phosphore désormais sur l’« après », s’efforçant d’identifier au sein de la communauté peule – celle de Koufa – des interlocuteurs  acceptables, une fois que celui-ci sera « sorti du jeu ». Difficile, là encore, poursuit l’expert, « du fait des faiblesses de notre dispositif de renseignement au centre du Mali ». Autre indice ?

L’hypothèse d’une « trêve », préconisée par le régime malien, n’est plus taboue. « Qui peut réprouver la suspension des attaques ? note un “Africain” de la Macronie. Encore faut-il définir les contreparties. Si le deal ouvre un boulevard aux djihadistes, c’est non. Or leur stratégie consiste précisément à imposer des cessez-le-feu locaux, avant une négo globale. »

De vrais apôtres de la paix, ces barbus.

Source: Le Canard Enchaîné

Source : icilome.com