Togo, Route Notsè-Tohoun : CECO cède sa part à MNS, Martin Rose se réveille…

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Les scandales dans la réalisation des infrastructures routières au Togo se succèdent mais ne se ressemblent pas. Les malversations par ci, le refus d’exécution par là, les obstructions par là encore pénalisent les chantiers et laissent les riverains dans un calvaire implacable.

De Lomé à Dapaong, de Tchamba à Bassar, de Tabligbo à Aného ou d’Anfoin à Vogan, les scandales sont suffisants. La voie qui suscite aujourd’hui l’attention est celle reliant la frontière Togo Bénin, qui part de Notsè pour aboutir à Tohoun. Depuis février 2015, trois entreprises malmènent le tronçon et le souhait est qu’elles puissent être au rendez-vous du 31 aout 2017, date promise de remise de l’ouvrage. Voici les dessous d’un retard et l’état des lieux  après une descente sur le terrain de notre équipe de rédaction.

C’est le chemin de croix pour aller à Tohoun depuis le premier coup de pioche lancé par le Chef de l’Etat lui-même pour une route de 56 km répartis entre trois entreprises. Le Groupe Midnightsun (MNS), l’entreprise CECO BTP et le groupe allemand Martin Rose-Lukas Glaser.

Cet émiettement en trois d’un chantier de 56 km est la conséquence d’une polémique que nous épargnons pour l’instant  à nos lecteurs.

Mais aujourd’hui, presque un an après le lancement des travaux, les résultats sont mi-figue mi-raisin. A certains niveaux avec certaines entreprises, les populations saluent l’évolution. A d’autres niveaux, c’est la catastrophe totale, une catastrophe qui laisse des villages entiers sur des carrières meublées de poussières et de ravins sans suite. Enfin à tout autre lieu, on semble revenir à de meilleurs sentiments avec une reprise accélérée après un temps de léthargie. Les responsables des différentes entreprises présentes sur le terrain promettent d’être au rendez-vous le 31 aout prochain. Les villageois et riverains sont sceptiques, ayant déjà vécu les pires expériences d’abandon momentané, de déviations agressives et destruction de la précédente voie qui paraissait mieux que l’état actuel de la route.

La gestion et l’évolution du chantier

D’après les informations recueillies auprès des différentes sociétés et des autorités du Ministère des infrastructures, le coût total de la voie Notsè Tohoun est de 36 milliards de FCFA. Après le lancement en février 2015, l’ordre de service a été effectivement donné qu’en septembre avec une première avance de 5 milliards de FCFA chacune faite aux trois entreprises.

En effet, les trois entreprises, avant le démarrage des travaux se sont constitués en groupement et selon les clauses du contrat, l’entraide était autorisée. Si une des entreprises se trouve dans l’incapacité de poursuivre son tronçon, les autres seront appelés à la rescousse puisque l’évaluation finale se fera non pas pour chacune des entreprises prises individuellement, mais le groupement pris ensemble.

Dès l’encaissement de la première tranche, c’est le groupe MNS qui est passé à la vitesse supérieur. Aujourd’hui, sa partie ne souffre plus d’inquiétudes. Les riverains s’en réjouissent et saluent le travail fait. Il semble d’après les informations que les responsables de cette entreprise ont mis par eux même la main à la poche pour arriver à atteindre ce niveau du chantier. Le taux d’avancement à la dernière réunion est de 67%.

Lorsque vous quittez Notsè pour Togo, vous serez satisfaits de rouler sur plus d’une dizaine de kilomètres sur l’asphalte jusqu’à la lisière de Mangotigomé. Un pont de fortune qui obligeait les usagers aux zigzags a été refait et salué par les riverains. MNS a donc tiré sa partition.

Le tronçon qui suit celui de MNS appartient à l’entreprise CECO BTP. C’est là où se trouve le chemin de croix. Déviations dangereuses, dalots jetés pêle-mêle, amassement en plein milieu de la chaussé de latérite, caniveaux abandonnés remplis d’eau et très dangereux pour les passants, bref, CECO a failli à ses responsabilités dans la lisière du village d’Asrama et est en train de rapatrier son matériel. Les populations crient leur ras-le-bol.

La dernière réunion évaluation le classe en dernière position avec 23% de taux d’avancement. Reste à savoir s’il a techniquement atteint ce taux.

Le dernier tronçon est celui de l’entreprise allemande Martin Rose. Leur taux d’avancement est évalué à presque 25%. Les actionnaires  locaux de cette entreprise ont connu des problèmes au point où la société soit confiée par deux fois déjà à des administrateurs provisoires par la justice en attendant que la cour d’appel tranche sur les différends.

Mais depuis l’arrivée du dernier administrateur provisoire, les choses ont commencé à bouger. Le niveau début du tronçon à partir de Tététou est mis en veilleuse pour régler les comptes au niveau de Kpoguédé et de Adanléhoui où le grave est déjà passé sur la chaussée à une épaisseur suffisante. Un autre front est ouvert par Martin Rose du côté de la frontière après Tohoun pour permettre de rallier les deux dans une logique à boucler le chantier dans le délai requis.

Il faut noter que l’entreprise allemande a commencé le chantier un peu en retard par rapport à MNS, en Novembre 2015. Les responsables attribuent les retards non seulement aux différends juridiques entre les actionnaires, mais aussi à la mutilation de leur tronçon d’environ 9 kms pour les raisons liées au barrage d’Adjrala. Un tronçon qui était de 18,6 Km.

Les bailleurs de fonds, notamment la BOAD et l’Etat togolais sont prêts à débloquer la deuxième avance si chacune des entreprises atteint le taux d’avancement de 25%. Ce qui est presque acquis pour le Martin Rose et d’ores et déjà effectif chez le Groupe MNS.

Raison suffisante pour l’entreprise Midnightsun d’hériter du tronçon de CECO BTP que l’entreprise à des difficultés à réaliser. Ce sont les termes du contrat du groupement.

Espérons que les deux entreprises restantes accélèrent les travaux  pour non seulement délivrer les populations riveraines du calvaire de pratique de la voie, mais aussi d’être au rendez-vous de livraison des travaux le 31 aout 2017.

Pour chacun d’eux d’ après nos informations, la promesse sera tenue, puisque selon les termes, aucune entreprise ne se glosera d’avoir fini et se faire réceptionner. C’est l’ensemble des 56 kilomètres qui sera évalué et réceptionné.

C’est donc la course à la montre pour le Groupe MNS et Martin Rose pour honorer les engagements vis-à-vis de l’Etat, des partenaires et des populations.

La mission était passionnante, l’équipe de la rédaction, après avoir traversé les carrières laissées par le chantier de CECO à Asrama ont simulé le travail des ingénieurs et des conducteurs d’engins en montant sur les graveuses et les dameuses dans une vibration à faire faire perdre la virilité.

Pour les adja de la localité du canton d’Asrama et de la Préfecture de moyen Mono, c’est le vœu que les travaux finissent dans le temps et que les activités reprennent dans de bonnes conditions.

Ils n’oublient pas les promesses, surtout que les marchés des deux localités, très célèbres sont dans un état piteux. Vivement que le PUDC censé tout faire pour le bien-être des populations vienne au secours du développement social des habitants du tronçon Notsè Tohoun.

Source : Carlos Ketohou, L’Indépendant Express

27Avril.com