Les taux de réussite élevés de près de 98% au Certificat d’étude du premier degré (CEPD) au Togo suscitent des préoccupations quant à la qualité de l’éducation. Alors que ces résultats sont applaudis et perçus comme une réussite pour le système éducatif, des observateurs soulignent le paradoxe qui existe. De nombreux élèves qui réussissent l’examen ont des difficultés à écrire correctement leurs propres noms et à former des phrases simples. Cette situation préoccupe les enseignants du collège qui ont l’impression de devoir reprendre les bases que les élèves devraient déjà maîtriser. Les critiques s’interrogent sur les conséquences d’un objectif de réussite à tout prix, mettant en garde contre une dilution de la valeur des diplômes obtenus. Les alternatives d’accompagnement et une évaluation juste sont nécessaires pour garantir un apprentissage de qualité.
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« Togo: Paradoxe, des réussites à 98% au CEPD pour des élèves qui peinent à écrire leurs propres noms de famille
Les taux de réussite aux examens du CEPD (Certificat d’étude du premier degré) sont affolants. Cette année ils frôlent la barre des 98% le meilleur taux depuis des décennies. Ce qui signifie que sur 100 candidats seuls deux ont échoué. L’an dernier ce taux était supérieur à 95%. On acclamerait presque pour un tel résultat et on saluerait les efforts du ministère de l’enseignement primaire, secondaire, du personnel enseignant, bref du système éducatif qu’on croirait performant. Je ne dénie pas le fait que les lignes bougent et que tout évolue dans le bon sens. Mais il y a un hic.
Les professeurs des collèges surtout ceux préposés aux classes de 6è vous le diront. La majeur partie des admis au CEPD savent à peine écrire correctement leurs propres noms et prénoms. Ils savent à peine faire une phrase correcte incluant sujet-verbe-complément. Et les enseignants des CEG (Collèges d’enseignement général) souffrent. Car ils ont l’impression de reprendre ce que les élèves devraient déjà savoir au CM (cours moyen I & II). S’il y a des professeurs de collèges sur cette page, ils peuvent venir en témoigner. J’ai des amis et mes propres grands-frères qui sont de professeurs de CEG et il m’arrive de jeter des coups d’œil sur les copies des apprenants. C’est déplorable.
Dans les années 80 et 90 obtenir le CEPD était vraiment valorisant et seuls les meilleurs obtiennent le fameux sésame. Il en est de même du BEPC, du BAC I et du BAC II. Aujourd’hui on a comme l’impression que les diplômés sont distribués, en veux-tu en voilà. Or tout le monde se plaint du niveau des apprenants et de la qualité des diplômes obtenus. De nos jours lorsque des étudiants ayant obtenus une licence ou une maîtrise devenue Master vous présentent des copies de projets ou même de leurs mémoires, vous tombez des nues.
Le fou objectif d’atteindre zéro échec nuit et va nuire beaucoup à la qualité de notre système éducatif et au niveau de connaissances des apprenants. S’il faut zéro échec il faut d’autres alternatives d’accompagnement, d’autres palliatifs autrement on aura beau avoir des taux affolants et même de 100% mais dans la réalité des faits ces admis ne serviront à rien. Ils seront un problème pour les employeurs. Il ne faut pas non plus craindre que les échecs occasionnent des abandons scolaires. Dans toute chose, l’échec est une leçon qui fait avancer.
Personnellement je crains pour ces taux de réussite exorbitants dont la finalité s’approcherait de zéro. Et vous, qu’en pensez-vous?
J’ai encore dit… »
Anani Sossou
Source : Togoweb.net