Depuis lundi dernier, les candidats au dernier concours d’enseignants fonctionnaires et conseillers d’orientation scolaire sont fixés. Plus de 10 mois donc après le concours, le gouvernement s’est décidé à proclamer les résultats. Ceci, juste au moment où les syndicats menaçaient d’entrer en grève en ce début de rentrée scolaire.
A la suite du mouvement d’humeur organisé par le personnel soignant, début septembre, le gouvernement avait promis proclamer les résultats des derniers concours de recrutement dans le secteur de la santé et de l’éducation. Mais à l’arrivée seulement les résultats du concours de recrutement du personnel médical, paramédical et administratif ont été proclamés. Après plusieurs jours sans nouvelles, les enseignants avaient décidé de se faire entendre.
Réunis en Assemblée générale extraordinaire, le jeudi 23 septembre 2021, ces derniers regroupés au sein de la Fédération des Syndicats de l’Éducation Nationale (FESEN) ont demandé au gouvernement d’honorer ses promesses (ndrl : proclamer les résultats du concours) et brandissaient à l’effet, une menace de grève. En effet, ils ont exprimé « leur inquiétude et mécontentement par rapport : à la non-proclamation des résultats du dernier concours de recrutement des enseignants fonctionnaires et de conseillers d’orientation promise par le gouvernement ; au non-paiement des primes spéciales (la gratification exceptionnelle) promises à tous les enseignants par la partie gouvernementale à compter de janvier 2021 en vue de la préservation d’un climat d’apaisement et de sérénité en milieu éducatif, et aux mesures d’accompagnement et de dotation non mises à temps à disposition des Chefs d’établissements préscolaires, primaires et secondaires pour une bonne rentrée scolaire prévue pour le 20 septembre 2021 et reportée au 27 septembre 2021 ».
La Fesen a, pour l’occasion, tenu à rappeler au passage au gouvernement que leur « mot d’ordre de grève des 16, 17 et 18 novembre 2020 n’avait été que suspendu ». Pour les enseignants, cette grève est susceptible d’être reconduite et transformée en mouvement d’humeur « dans un bref délai au cas où les promesses faites ne se concrétisent pas ».
Et visiblement, la sortie de la Fesen a porté ses fruits. Lundi 27 septembre, jour de la rentrée scolaire, le gouvernement a finalement, dans un communiqué, annoncé pour le 28 septembre les noms des candidats déclarés admis. Au total, 2 000 enseignants et 50 conseillers d’orientation ont été donc recrutés et vont venir renforcer l’effectif du ministère des Enseignements, primaire et secondaire, technique et de l’artisanat au Togo.
Dans les détails, le préscolaire et le primaire se taillent la part du lion avec 1000 nouvelles recrues. Le 1er cycle du secondaire (collège) accueille de son côté, 650 enseignants et le 2e cycle du secondaire (Lycée), reçoit 350.
Des concours de recrutements utilisé comme un outil politique…
A la lumière de ce qui précède, tout porte à croire que si les syndicats n’avaient pas forcé le verrou, les résultats de ces concours ne seraient toujours pas connus. Ces concours organisés d’ailleurs dans des conditions peu transparentes sont devenues donc un outil politique pour le régime de Faure Gnassingbé pour se donner un peu de répit quand le front social commence par rentrer en ébullition.
En effet, annoncé à la veille de l’élection présidentielle de 2020, le processus a d’abord été suspendu puis repris avant d’aboutir aux écrits en décembre 2020. Depuis, les candidats ont réclamé en vain les résultats. Il a fallu donc que les syndicats se soulèvent et que les menacent de grève s’intensifient pour que les résultats soient connus. Un système qui semble être bien orchestré par le régime pour refroidir les ardeurs des syndicats.
Pourtant, les concours de la fonction publique doivent normalement avoir une valeur républicaine. Et pour cause, ils doivent permettre l’égal accès des citoyens aux emplois publics. Ce principe est d’ailleurs posé par l’article 6 de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen du 26 août 1789 : Tous les citoyens [étant égaux aux yeux de la loi] sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents.
Mais au Togo, le régime cinquantenaire ne semble pas avoir de limite dans ses méthodes d’asservissement des citoyens à des fins politiques. D’ailleurs, selon certaines sources, ces concours sont un bon moyen pour le régime de récompenser certains de ses militants qui croupissent aussi sous le chômage. C’est ainsi que la connaissance, la compétence et le mérite s’effacent au profit du militantisme politique. Voilà comment, des institutions du pays aux sociétés d’Etat en passant par les départements ministériels, la majorité des fonctionnaires sont avant tout des militants du régime. Ce système dangereux instauré depuis des années n’est pas sans conséquence sur le développement du pays où la culture du résultat, en vue d’une éventuelle promotion, est sacrifiée sous l’autel du zèle politique.
Source : Fraternité / fraternitenews.info
Source : 27Avril.com